370 – Gilets Jaunes: votre première revendication

Propositions d’un Gilet Jaune pour faire aboutir le mouvement conformément aux attentes de l’immense majorité des Français, sans blocages, sans violence, sans guerre civile ni dictature, mais dans l’affirmation ferme et définitive de la souveraineté du peuple.
A partager massivement si vous adhérez !
Nous sommes le peuple. Nous venons d’horizons politiques divers, mais nous sommes réunis sous le même uniforme d’un jaune rayonnant qui annonce le printemps.
Le Pouvoir, que nous contestons radicalement puisque nous rejetons la politique qu’il mène avec une telle force que nous allons jusqu’à souhaiter la démission de celui qui l’incarne, tente de nous diviser pour nous affaiblir.
C’est ainsi que sur les 42 revendications qui émanent de notre mouvement, les experts nous font savoir que 28 d’entre elles se retrouvent dans le programme de la France Insoumise et 20 autres dans celui du Rassemblement National. Écartelés entre Mélenchon et Le Pen, la droite extrême et la gauche radicale, à quoi pourrions-nous aboutir, sur quoi pourrions-nous converger ?
Une idée commence à s’imposer dans nos rangs : mettre en avant non pas des mesures programmatiques (annulation des taxes, de la hausse de la CSG, rétablissement de l’ISF, interdiction des délocalisations etc.) mais un outil institutionnel, le RIC (référendum d’initiative citoyenne) qui nous permettra d’obtenir sans manifestations ni grèves ni blocages, par de simples votations, toutes les choses que nous demandons à la seule condition de réunir une majorité de suffrages sur nos propositions.
L’association Article 3, dont la principale cheville ouvrière est Yvan Bachaud, un retraité de la région lyonnaise, a élaboré dès 2013 une reformulation de l’article 3 de la Constitution visant à y introduire le principe du RIC. (www.article3.fr/petition). Mais qui peut modifier la Constitution ?
L’article 89 dispose qu’une révision de la Constitution peut intervenir à l’initiative du président de la République « sur proposition du Premier Ministre », ou des membres du Parlement. Et elle peut être votée par le Parlement à la majorité qualifiée des trois cinquièmes (soit 60 % des voix) ou bien soumise à référendum par le président.
La porte de sortie de cette crise n’est donc pas seulement à Paris, mais aussi dans nos régions, dans nos circonscriptions, en chaque lieu où se trouve la permanence parlementaire d’un député ou d’un sénateur !
Je propose donc que l’acte V, samedi 15 décembre, soit organisé de la manière suivante :
– Que chaque groupe de Gilets Jaunes imprime la proposition de loi constitutionnelle « clé en mains » qui figure au bas de cet article.
– Qu’un porte-parole soit désigné, et que rendez-vous soit pris à la permanence du parlementaire (député ou sénateur) le plus proche.
– Que la presse locale et nationale soit informée de cette démarche, et des journalistes invités à « couvrir » l’évènement.
– Que cette proposition de loi d’origine citoyenne soit remise au député ou au sénateur au cours d’une « cérémonie » brève mais solennelle :
– D’abord le porte parole s’adresse au député (ou sénateur) dans les termes suivants :
« Au nom du peuple français, je vous donne officiellement mandat pour déposer à l’Assemblée nationale (ou au Sénat) la présente proposition de loi constitutionnelle visant à inscrire le référendum d’initiative citoyenne dans l’article 3 de notre Constitution. Vous veillerez personnellement à ce que le texte soit voté exactement dans les termes indiqués, sans débat ni amendement.
La modification de l’article 3 voulue par les citoyens n’est pas négociable.
Cette proposition de loi constitutionnelle affirme le seul principe du référendum d’initiative citoyenne. Les modalités précises devront être définies dans une loi organique que nous souhaitons élaborer dans une démarche de démocratie participative, ce qui veut dire que le peuple décidera, mais que les élus seront invités à participer à nos délibérations. »

_________________

PROPOSITION DE LOI CONSTITUTIONNELLE

visant à instaurer le référendum d’initiative citoyenne,

(Renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, à défaut de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)

présentée par Monsieur / Madame …………………………….

député.

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

Notre pays traverse une crise politique sans précédent : la défiance des citoyens envers leurs représentants atteint des niveaux records (comme le montrent les enquêtes successives du CEVIPOF) et se traduit lors des échéances électorales par une montée de l’abstention ou du vote extrémiste. L’écart entre les promesses électorales et les réalisations concrètes (« les promesses n’engagent que ceux qui y croient ») affaiblit la légitimité des élus, tandis que l’aggravation de la situation sociale remet en question l’efficacité du politique face aux décideurs économiques et au monde de la finance. Ce divorce entre les élus et les citoyens montre que notre modèle démocratique est à bout de souffle et qu’il est d’autant plus urgent de le réformer que le mouvement des Gilets Jaunes de cet automne 2018 nous plonge dans une situation quasi insurrectionnelle.

Il devient indispensable et urgent de permettre une véritable participation des citoyens à la gestion des affaires du pays. C’est d’ailleurs un droit fondamental inscrit dans l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation ».

Il ne saurait être question de limiter cette contribution personnelle à la formation de la loi aux rares occasions où, sous la Cinquième République, les Français ont été amenés à se prononcer par référendum. D’une part parce que, s’ils peuvent donner leur réponse, ils sont dans l’impossibilité de choisir eux-mêmes la question, et d’autre part parce que le traitement réservé au résultat du référendum du 29 mai 2005 (avec le vote du Traité de Lisbonne en 2008) a grandement contribué à l’impression, partagée par 89 % des Français, que les hommes politiques ne tiennent aucun compte de leur avis (source : CEVIPOF 2014). Le référendum à l’initiative du pouvoir (exécutif dès 1958 ou législatif depuis la révision de l’article 11 en 2008) n’est donc pas un outil démocratique, bien au contraire : il expose notre pays au risque de dérive plébiscitaire, et s’il a pu avoir une certaine utilité au tout début de la Cinquième République (pour appuyer la légitimité de la politique du général De Gaulle sur le peuple en court-circuitant un Parlement sans majorité stable et déchiré par des querelles partisanes) il apparaît aujourd’hui obsolète : le « fait majoritaire » et l’inversion du calendrier qui place les élections législatives juste après les présidentielles assurent au Président une majorité stable pour gouverner, comme on a encore pu le constater lors des législatives de 2017.

Il s’agit donc de démocratiser notre système politique et d’établir un meilleur équilibre des pouvoirs grâce à l’outil du référendum d’initiative citoyenne, qui a fait ses preuves dans d’autres pays, et qui est souhaité par 83 % de nos concitoyens selon une enquête IFOP d’avril 2017. Nous voulons en inscrire le principe dans l’article 3 de la Constitution, tout en laissant au Parlement le soin d’en définir les modalités dans une loi organique qui sera élaborée avec des citoyens dans une démarche de démocratie participative.

La présente proposition de loi constitutionnelle impose aussi un « toilettage » de plusieurs autres articles de la Constitution pour les mettre en adéquation avec les modifications qui seront apportées à l’article 3.

PROPOSITION DE LOI CONSTITUTIONNELLE

Article 1er

L’article 3 de la Constitution est ainsi modifié : le point final du premier alinéa est remplacé par « d’initiative citoyenne, en toutes matières y compris constitutionnelle et de ratification des traités ; cet article ne peut être modifié que par voie référendaire. ».

[Art3 actuel : La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice. Le suffrage peut être direct ou indirect dans les conditions prévues par la Constitution. Il est toujours universel, égal et secret. Sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques.]

Article 2

Les articles 11, 24, 39, 60 et 89 sont modifiés pour prendre en compte la nouvelle rédaction de l’article 3.
L’article 11 est supprimé.

[Art 11  actuel: Le Président de la République, sur proposition du Gouvernement pendant la durée des sessions ou sur proposition conjointe des deux assemblées, publiées au Journal officiel, peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l’organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent, ou tendant à autoriser la ratification d’un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions.
Lorsque le référendum est organisé sur proposition du Gouvernement, celui-ci fait, devant chaque assemblée, une déclaration qui est suivie d’un débat.
Un référendum portant sur un objet mentionné au premier alinéa peut être organisé à l’initiative d’un cinquième des membres du Parlement, soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales. Cette initiative prend la forme d’une proposition de loi et ne peut avoir pour objet l’abrogation d’une disposition législative promulguée depuis moins d’un an.
Les conditions de sa présentation et celles dans lesquelles le Conseil constitutionnel contrôle le respect des dispositions de l’alinéa précédent sont déterminées par une loi organique.
Si la proposition de loi n’a pas été examinée par les deux assemblées dans un délai fixé par la loi organique, le Président de la République la soumet au référendum.
Lorsque la proposition de loi n’est pas adoptée par le peuple français, aucune nouvelle proposition de référendum portant sur le même sujet ne peut être présentée avant l’expiration d’un délai de deux ans suivant la date du scrutin.
Lorsque le référendum a conclu à l’adoption du projet ou de la proposition de loi, le Président de la République promulgue la loi dans les quinze jours qui suivent la proclamation des résultats de la consultation.]

  • Le premier alinéa de l’article 24 est ainsi modifié : « La loi est votée par le Parlement ou par référendum d’initiative citoyenne. Le Parlement contrôle l’action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques. ».

[Article 24 actuel : Le Parlement vote la loi. Il contrôle l’action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques. 
Il comprend l’Assemblée nationale et le Sénat. 
Les députés à l’Assemblée nationale, dont le nombre ne peut excéder cinq cent soixante-dix-sept, sont élus au suffrage direct. 
Le Sénat, dont le nombre de membres ne peut excéder trois cent quarante-huit, est élu au suffrage indirect. Il assure la représentation des collectivités territoriales de la République. 
Les Français établis hors de France sont représentés à l’Assemblée nationale et au Sénat.]

  • Le premier alinéa de l’article 39 est ainsi modifié : « L’initiative des lois appartient concurremment au Premier ministre, aux membres du Parlement et aux citoyens. ».

[Art 39 actuel : L’initiative des lois appartient concurremment au Premier ministre et aux membres du Parlement.
Les projets de loi sont délibérés en conseil des ministres après avis du Conseil d’Etat et déposés sur le bureau de l’une des deux Assemblées. Les projets de loi de finances et de loi de financement de la sécurité sociale sont soumis en premier lieu à l’Assemblée nationale. Sans préjudice du premier alinéa de l’article 44, les projets de loi ayant pour principal objet l’organisation des collectivités territoriales sont soumis en premier lieu au Sénat.
La présentation des projets de loi déposés devant l’Assemblée nationale ou le Sénat répond aux conditions fixées par une loi organique. 
Les projets de loi ne peuvent être inscrits à l’ordre du jour si la Conférence des présidents de la première assemblée saisie constate que les règles fixées par la loi organique sont méconnues. En cas de désaccord entre la Conférence des présidents et le Gouvernement, le président de l’assemblée intéressée ou le Premier ministre peut saisir le Conseil constitutionnel qui statue dans un délai de huit jours. 
Dans les conditions prévues par la loi, le président d’une assemblée peut soumettre pour avis au Conseil d’État, avant son examen en commission, une proposition de loi déposée par l’un des membres de cette assemblée, sauf si ce dernier s’y oppose.]

  • L’article 60 est ainsi modifié : « Le Conseil Constitutionnel veille à la régularité des opérations de référendum prévues aux articles 3 et 89 et au titre XV. Il en proclame les ré ».

[Art 60 actuel : Le Conseil constitutionnel veille à la régularité des opérations de référendum prévues aux articles 11 et 89 et au titre XV. Il en proclame les résultats.]

  • L’article 89 est remplacé par : « L’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de la République sur proposition du Premier ministre, aux membres du Parlement et aux citoyens.
    Le projet ou la proposition de révision doit être examiné dans les conditions de délai fixées au troisième alinéa de l’article 42 et voté par les deux assemblées en termes identiques. La révision est définitive après avoir été approuvée par réfé
    Toutefois, le projet de révision n’est pas présenté au référendum lorsque le Président de la République décide de le soumettre au Parlement convoqué en Congrès ; dans ce cas, le projet de révision n’est approuvé que s’il réunit la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés. Le bureau du Congrès est celui de l’Assemblée nationale. L’initiative citoyenne de révision de la Constitution est définitive si elle a obtenu lors de la consultation la majorité des trois cinquième des suffrages exprimés.
    Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire.
    La forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l’objet d’une révision. ».

[Art 89 actuel : L’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de la République sur proposition du Premier ministre et aux membres du Parlement.
Le projet ou la proposition de révision doit être examiné dans les conditions de délai fixées au troisième alinéa de l’article 42 et voté par les deux assemblées en termes identiques. La révision est définitive après avoir été approuvée par référendum.
Toutefois, le projet de révision n’est pas présenté au référendum lorsque le Président de la République décide de le soumettre au Parlement convoqué en Congrès ; dans ce cas, le projet de révision n’est approuvé que s’il réunit la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés. Le bureau du Congrès est celui de l’Assemblée nationale.
Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire.
La forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l’objet d’une révision.]

 

Article 3

Les articles de la Constitution, dans leur rédaction résultant de la présente loi constitutionnelle, entrent en vigueur dans les conditions fixées par la loi organique nécessaire à leur application.

Article 4

Si les articles de la Constitution ne sont pas entrés en vigueur dans les modalités fixées par l’article 3 dans les six mois suivant la promulgation de cette loi constitutionnelle ou la dernière dissolution de l’Assemblée nationale, l’Assemblée nationale est dissoute ; les élections générales ont lieu vingt jours au moins et quarante jours au plus après la dissolution.

A propos postjorion

Le blog d'André-Jacques Holbecq
Cet article a été publié dans Propositions, RIC. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

2 commentaires pour 370 – Gilets Jaunes: votre première revendication

  1. brunoarf dit :

    Elections européennes :

    Rassemblement National : 24 %
    La République En Marche : 18 %
    Les Républicains : 11 %
    La France Insoumise : 9 %
    Europe Ecologie Les Verts : 8 %
    Debout La France : 8 %
    Parti Socialiste : 4,5 %
    Génération.s : 3,5 %
    UDI : 3 %
    Résistons (Jean Lassalle) : 2,5 %

    https://www.lopinion.fr/edition/politique/sondage-elections-europeennes-gilets-jaunes-protestent-rn-fait-plein-171734

    J’aime

  2. Hadrien dit :

    Hadrien dit :
    14 décembre 2018 à 3h14

    NOTRE SECONDE REVENDICATION:

    Le Referendum d’Initiative Citoyenne est au premier rang des conditions sine qua non (mieux vaut apprendre à pêcher soi-même qu’accepter l’obole d’un poisson éphémère).
    Le Retour à l’Etat de la création monétaire est un autre pilier central, sans lequel la souveraineté populaire ne peut s’exercer sur l’économie et les finances, nerfs de la guerre.

    Or, le « pognon dingue » n’est pas dans le social, mais bien dans :
    • le bilan de 28 banques systémiques qui représente plus que le PIB mondial
    • l’encours notionnel de leurs produits dérivés qui représente plus que le patrimoine mondial existant !

    Je rappelle donc ici un souvenir, de ma facture:

    ATTENDU: LA CREATION MONETAIRE LIVREE AU PRIVE :

    – Monsieur X, vous nous avez demandé de vous avancer la somme S pour le paiement de Monsieur Z ? Très simple, car Monsieur Z a son compte également chez nous. Nous verserons, dès demain, la somme S sur le compte de Monsieur Z, qui sera ainsi payé, et nous prélèverons tous les mois un montant M sur votre compte, jusqu’à extinction de la somme avancée, plus nos intérêts dûs pour ce service.
    – Admirable ! C’est donc aussi simple que ça ?
    – Mais oui. Nous faisons cela tous les jours.
    – Et l’argent ne va-t-il pas finir par vous manquer, ou manquer aux déposants dont vous ponctionnez ainsi les comptes ?
    – Pas du tout, nous ne ponctionnons ni nos avoirs, ni aucun compte de nos clients…
    – Mais d’où sortez-vous l’argent ?
    – Quel argent ?
    – Mais celui avec lequel vous allez payer la somme S à Monsieur Z
    – Nous ne le payons pas en argent… nous inscrivons seulement sur son compte qu’il l’a ! – Mais de quel droit pouvez-vous faire cela ?
    – Du droit qu’ont tous les banquiers, pour peu qu’ils soient reconnus tels.
    – Par qui ?
    – Par l’Etat.
    – Ah ! je comprends… L’état vous autorise à fabriquer de l’argent pour ceux qui en ont besoin, tant qu’ils ne l’ont pas remboursé. Mais que faites vous de cet argent en plus, une fois remboursé ?
    – Encore une fois, il n’y a pas d’argent. Le remboursement, c’est débiter simplement les comptes du montant M pour annuler le credit qui avait été avancé. On parle alors de « destruction monétaire »…
    – Voilà bien un langage fort savant pour une chose fort simple. Que n’ai-je demandé à mon employeur de me faire une avance. C’eut été chose plus simple et…avec moins d’intérêt, j’en suis sûr !
    – Vous n’avez pas compris. Lui ne peut pas vous faire cet avance, s’il n’a pas cet argent !
    – Mais je suis fonctionnaire, mon employeur c’est l’Etat…
    – Il importe peu ! L’Etat emprunte également chez nous, via « le marché », les sommes lui servant à boucler son budget.
    – Mais comment peut-il vous rembourser, vous ou le marché, puisqu’il n’a pas cet argent ?
    – Nous lui en prêtons à nouveau !
    – Mais c’est de l’usure !
    – Parfaitement, et sa dette chez nous ne fait qu’augmenter…
    – Ce doit être des sommes énormes ! N’êtes-vous pas inquiet ?
    – Pas du tout ! L’Etat nous a déjà versé en intérêts cumulés autant que sa dette nominale…qui a depuis longtemps dépassé son budget, et nous percevons annuellement plus que l’impôt national sur le revenu. En d’autres termes, nous nous substituons à lui…, à la différence que, contrairement à lui, nous ne redistribuons pas cet argent de façon publique, mais privée.
    – Mais…ne m’avez-vous pas dit que c’est l’Etat qui vous accrédite pour faire tout cela ?
    – Si !
    – Dans ce cas, c’est absurde…pourquoi ne le fait-il pas lui-même, au lieu de s’appauvrir en votre faveur ?
    – C’était le cas autrefois, pendant les « Trente Glorieuses » aprés la Libération. Ce fut le programme du Conseil National de la Resistance. Tenez…lisez :
    « Lois du 24 Juillet 1936 (Front populaire) et du 2 Décembre 1945 (De Gaulle) : Elles font de la Banque de France un “service public” et prévoient que son capital sera transféré à l’Etat le 1er Janvier 1946. De Gaulle nationalise par ailleurs le secteur du crédit des banques commerciales privées. »
    – Formidable ! N’est-ce point là ce que j’évoquais à l’instant et, qu’en toute logique, n’importe qui de censé eût pu dire à ma place ?
    – Si, mais, depuis, ça a changé…
    – Quand ça ?
    – En deux temps : d’abord par une Note en 1963 du Premier ministre à son ministre des Finances : « Les émissions du Trésor à court, moyen et long terme doivent s’adapter, par des mécanismes appropriés, aux conditions existant sur le marché monétaire et le marché financier ».
    – Et ensuite ?
    – Après la disparition de De Gaulle, le même devenu Président de la République fit entrer la « City » dans le Marché Commun le 1er Janvier 73 et fit inscrire deux jours après la loi qui stipule notamment : “Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France”.
    – Et alors ?
    – Celle-ci perdit son statut de service public et l’Etat dût emprunter auprès des banques commerciales, encore nationalisées mais pas pour longtemps… Son chef de cabinet Edouard Balladur les privatisera vingt ans plus tard !
    – Et quel président a donc permis ça ?
    – Georges Pompidou.
    – Que faisait-il donc, avant cela, pour être aussi peu éclairé ?
    – Banquier… C’était notre fondé de pouvoir du Groupe (Rothschild).
    – Mais… N’est ce pas là que notre actuel président fit également ses classes ?
    – Affirmatif !

    CONCLUSION: RETOUR A L’ETAT DE LA CREATION MONETAIRE

    Maurice Allais, dès 1976 : “En abandonnant au secteur bancaire le droit de créer de la monnaie, l’Etat s’est privé en moyenne d’un pouvoir d’achat annuel représentant environ 5,2% …”

    Comme par hasard, c’est le chiffre de croissance moyenne des Trente Glorieuses, confisqué par accumulation stérile dans le secteur financier et ses produits dérivés, avec la formidable inéquité que dénoncent aujourd’hui les Gilets jaunes. Manifestement, le ruissellement n’est guerre fructueux !

    J’aime

Les commentaires sont fermés.