368 – Commentaire d’Hadrien

Merci Hadrien


Cher André-Jacques,

Heureux de constater que tes analyses sont toujours prémonitoires de l’actualité, à l’heure où l’insurrection des gilets jaunes bat son plein, alors que le billet ci-dessus est antérieur de dix semaines, date à laquelle personne ne présentait la précipitation des événements.
Mieux: personne ne peut nier que s »y entremêlent les trois aspects énumérés:
– L’effondrement financier,
– L’effondrement économique,
– L’effondrement climatique,
J »oserai même en ajouter un quatrième:
– L’effondrement démocratique,
qui renvoie au partenariat avec Etienne Chouard et sa croisade pour une réhabilitation de la démocratie directe à l’Athénienne (stochocratie), plus que jamais d’actualité.
En regard, ta remarque « Moi, j’ai l’impression d’avoir fait tout mon possible pour prévenir, depuis de longues années, tous ceux qui me lisent ou m’écoutent » prend tout son sens et paraît même bien modeste…
J’avais moi-même été initié au premier des trois thèmes par la lecture de « La dette publique…, A qui profite le système? » et amené à m’interroger naturellement aux autres, dans mes interventions antérieures sur ce blog. Ma retraite et mon retour à mes anciennes amours scientifiques, m’ont paradoxalement éloigné des blogs mais je profite d’un bref séjour au vert pour y déroger en empruntant l’e-mail de mon hôte.
Sur le premier thème, je ne résiste pas au plaisir d’une récapitulation dans laquelle tu reconnaîtra tes petits:
On a fait sans le marché financier pendant les « Trente glorieuses » et on s’en est très bien portés, avec une croissance moyenne annuelle de 5,6%. De Gaulle avait déclaré « je ne gouverne pas à la corbeille » et la période Gaulliste jusqu’à la mi-mandat Pompidou fut effectivement caractérisée par une longue décrue des cours boursiers, comme en atteste leur historique.
Il est donc intéressant de savoir comment on en est arrivés aujourd’hui là… où l’on a voulu nous mener, c’est à dire à « la servitude volontaire » des Etats en faveur du « monde de la finance » !

Mais rappelons tout d’abord l’origine des temps qui nous concernent:

Lois du 24 Juillet 1936 (Front populaire)
et du 2 Décembre 1945 (De Gaulle):
Elles font de la Banque de France un “service public” et prévoient que son capital sera transféré à l’Etat le 1er Janvier 1946. De Gaulle nationalise par ailleurs le secteur du crédit des banques commerciales privées.
Commencent alors les « Trentes Glorieuses », et le « Circuit du Trésor » mis au point par
son Directeur Bloch-Lainé (1947-1952), ancien trésorier de la Résistance, qui prévoit:
– les prêts et avances directs de la Banque de France au Trésor
– la souscription obligatoire des banques aux bons du Trésor à taux fixe imposé, leur montant minimum constituant un « plancher » révisable chaque année.
Ces trente glorieuses vaudront à la France une croissance double de celle des Etats-Unis.

LA DETTE:
COMMENT ON EN EST ARRIVE LA …..

Note en 1963 du Premier ministre Georges Pompidou, ancien fondé de pouvoir du Groupe Rothschild, à son ministre des Finances Valéry Giscard d’Estaing:
« Les émissions du Trésor à court, moyen et long terme doivent s’adapter, par des mécanismes appropriés, aux conditions existant sur le marché monétaire et le marché financier ».
La note recommande les émissions « réalisées par voie d’adjudication, au détriment de celles correspondant à des souscriptions obligatoires à taux fixe pour se rapprocher davantage des conditions du marché », traduisant déjà la volonté de son auteur de renvoyer l’ascenseur à ses anciens maîtres en rendant la main au lobby bancaire.

Loi du 3 Janvier 1973:
Après la disparition de De Gaulle, l’ancien banquier devenu Président de la République (ça nous rappelle des choses!) fait entrer la « City » dans le Marché Commun le 1er Janvier 73 et fait inscrire deux jours après, avant de disparaître à son tour l’année suivante, la loi qui stipule notamment: “Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France”.
Cet article (N°25) ne faisait qu’interdire un certain type de financement de la part de Banque de France, tout en laissant la possibilité d’utiliser d’autres instruments, sous réserve d’approbation parlementaire. Mais ces encours furent désormais limités à un montant maximal de 20,5 milliards de francs qui n’a pas été réévalué malgré l’inflation qui a suivi, de sorte qu’il a fallu augmenter les appels aux marché avec des taux d’intérêts qui ont fini par devenir importants et fait croître la dette d’une façon exponentielle.
Mais la Banque de France a ainsi perdu son statut de service public et l’Etat doit emprunter désormais auprès des banques commerciales, encore nationalisées… pas pour longtemps! Car on va bientôt inaugurer « Les Trente Piteuses »:

1976-1981, Raymond Barre “meilleur économiste de France”, selon Giscard d’Estaing:
Après le premier élargissement européen, il abandonne “la préférence européenne” sous la pression libérale du Royaume Uni, tout en s’engageant d’emblée à respecter « la discipline monétaire” à l’allemande… ; il fera connaître au pays une inflation record jusqu’à 16%!
Parallèlement, la croissance chute alors de moitié à 2,5% et ce, comme le montrera plus tard Maurice Allais , de façon indépendante du choc pétrolier, car la croissance américaine, elle, resta inchangée, repassant au-dessus de la notre jusqu’à la période actuelle.

1982/83: Le “tournant de la rigueur”
Après les nationalisations de 1981, François Mitterand et son premier ministre Pierre Mauroy étaient censés remettre en selle l’ordre keynesien au service du plus grand nombre. L’espoir est rapidement étouffé, sacrifié sur l’autel de la construction européenne et de la « convergence » de ses économies, notamment en vue de la monnaie unique, à terme.
Mais laissons parler Jean Peyrelevade qui, dans son ouvrage de 2008, est plus disert qu’à l’habitude sur son rôle de principal protagonistede ce tournant auprès de Pierre Mauroy::
“En fait, les plans de redressement de 1982-1983 permirent à la fois de corriger les fantaisies des premiers mois de la gestion mitterandienne et, plus structurellement, de terminer l’adaptation de l’économie française à la nouvelle donne internationale: il y eut dans notre action, pour une part significative, comme une sorte de relicat de correction barriste…[On ne saurait mieux dire!]
Bien entendu, la brutalité de la thérapeutique, appliquée sur un temps relativement court, n’alla pas sans effets secondaires. De 1982 à 1984, le taux de croissance de l’économie française fut divisé [encore et toujours, comme pour Monsieur Barre!] par deux (de 2,4% à 1,2%) tout en restant positif, à un niveau que nous considérerions aujourd’hui comme médiocre mais acceptable. Simultanément, en 1983 et 1984, le pouvoir d’achat des ménages subit une légère diminution (-0,1% puis -1,1%), ce qui était conforme à la politique suivie” [sic}!

1986 : Acte unique européen (J. Delors)
« Le marché intérieur comporte un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée [… Le Conseil] s’efforce d’atteindre le plus haut degré de libération possible. L’unanimité est nécessaire pour les mesures constituant un recul en matière de libération des mouvements de capitaux. »

1986 : Loi Bérégovoy sur la dérèglementation financière (déréglementation, désintermédiation, décloisonnement, désinflation).
Le chef de Cabinet du ministre, le très libéral Jean-Charles Naouri,dépêché auprès de lui à cet effet, a été récompensé depuis par le système qui l’a nommé PDG du Groupe Casino. Bérégovoy, lui, s’est suicidé après l’échec mémorable de la gauche aux élections législatives.

1988 : la France accepte le principe de la fin du contrôle des changes et la liberté de circulation des capitaux – sans créer une harmonisation fiscale entre Etats. La directive Delors-Lamy prévoit la libéralisation complète du marché des capitaux pour 1990.

1990 : forte diminution de la fiscalité sur les revenus du capital

1992 : le traité de Maastricht institue l’Union économique européenne, prélude à la monnaie unique: «toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites»
L’article 104 du Traité de Maastricht (mis en application le 1 er janvier 1993) spécifiait « Il est interdit à la BCE et aux banques centrales des Etats membres, ci-après dénommées « banques centrales nationales », d’accorder des découverts ou tout autre type de crédits aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales,aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la BCE ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite. »

1993 : Emprunt Balladur (ancien chef de cabinet de l’ancien banquier Pompidou)
Celui-ci entreprend de vendre les « bijoux de famille » que De Gaulle et le Conseil National de la Résistance avaient nationalisés à la Libération, en commençant par le secteur bancaire.
Parallèlement, il réussit durant son mandat le tour de force de la plus forte augmentation de la dette publique…!

1998 (Chirac / Jospin / Strauss-Khan):
Achèvement des privatisations.et création d’un régime fiscal avantageux pour les stock-options. Lorsqu’intervient l’introduction de l’euro en 1999, il ne reste plus aucune des grandes entreprises nationalisées à la Libération et en 1981.

Mai 2005, Referendum sur la Constitution européenne:
Adoubée par tous les notables et l’immense majorité des parlementaires, la constitution qui voulait graver cela dans la marbre est rejetée par les peuples français et hollandais. La Commission Européenne arrête les frais et interrompt la consultation originellement prévue dans le reste de l »Europe.

Décembre 2007, Traité de Lisbonne (Sarkozy et Merkel):
Les deux s’entendent pour faire voter aux seuls parlementaires, dans toute l’Europe, l’adoption des mesures économiques rejetées par voie referendaire, ceci par dessus la tête des peuples… et de notre Conseil Constitutionnel dont les membres éminents n’y voient rien à redire !
Son article 123, entérinant l’article 104 du traité de Maastricht, stipule notamment:
“Il est interdit à la BCE et aux banques centrales des Etats membres, ci-après dénommées banques centrales nationales, d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des états membres; l’acquisition directe auprès d’eux, par la BCE, ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite.
On inaugure ainsi « Les Calamiteuses »

….. OU L’ON A VOULU NOUS MENER:

Maurice Allais, dès 1976:
“En abandonnant au secteur bancaire le droit de créer de la monnaie, l’Etat s’est privé en moyenne d’un pouvoir d’achat annuel représentant environ 5,2% …”

Maurice Allais, Prix Nobel d’économie en 1988:
“Dans son essence, la création de monnaie ex nihilo actuelle par le système bancaire est identique à la création de monnaie par des faux monnayeurs. Concrètement, elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents.”

André-Jacques Holbecq, Philippe Derruder :
(La dette publique, une affaire rentable. A qui profite le système? Editions Yves Michel, Mai 2008)
Délibérément, l’Etat a transféré sur le système bancaire privé son droit régalien de création monétaire. Sans que cela ait donné lieu au moindre débat public, on a privatisé l’argent de sorte que nous, peuple soit-disant souverain, devons maintenant acheter notre propre monnaie auprès des banques…
Depuis, l’Etat, c’est à dire nous tous, doit payer un intérêt à ceux qui achètent des instruments de cette dette (40% de résidents, 60% de non-résidents). Au fil des années, cet argent distribué aux plus riches plombe les finances publiques et nous voila entraînés dans une spirale infernale: recourir sans cesse à de nouveaux emprunts pour couvrir le déficit qui, comme par hasard est toujours proche du montant des intérêts…
En réalité, le transfert, qu’il soit celui d’aujourd’hui ou de demain, ne se fait pas d’une génération aux suivantes, mais entre couches sociales: ce sont les contribuables d’aujourd’hui qui paient les rentes versées aujourd’hui à ceux qui en bénéficient; ce seront les contribuables de demain qui verseront ce qui sera dû, demain aux héritiers des détenteurs de la dette….Le risque est que les travailleurs pauvres de la génération suivante soient obligés de payer ces intérêts (par leurs impôts indirects, par exemple) aux détenteurs déjà riches peu imposés sur leurs revenus du capital.

A propos postjorion

Le blog d'André-Jacques Holbecq
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2 commentaires pour 368 – Commentaire d’Hadrien

  1. Renaud dit :

    https://postjorion.wordpress.com/2018/12/01/368-commentaire-dhadrien/
    Merci André-Jacques pour avoir répercuté ce processus bancaire et financier qui nous aura lentement mais sûrement asphyxié. Comme l’écrivit en 1931 le pape pie XI: « (….) sans leur consentement (les créateurs de la monnaie de crédit) nul ne peut plus respirer ».

    Voici ce qu’écrivait il y a des décennies Louis Even :
    http://www.versdemain.org/articles/credit-social/item/un-super-pouvoir-domine-les-gouvernements-2

    *
    Maintenant que, en France, la vague des Gilets-Jaunes ‘déferle’, voici à quoi ce mouvement, dont les contours sont encore flous, va devoir se colleter. Pourvu qu’ils ne se fassent pas récupérer!……
    Gérard Foucher (ci-dessous dans cette vidéo de 19 minutes de janvier 2017, encore plus d’actualité aujourd’hui) a saisi l’essence de ce à quoi un mouvement comme les Gilets-Jaunes devra faire face si se mouvement tient le coup. Il y a eu en Grèce l’exemple de Tsipras faux nez de Wall-Street, disons ainsi pour faire court (en Espagne, Podemos est de la même mouture et il y aurait pas mal de semblables en « Europe », sauf, on peut l’espérer, les Italiens?)

    Je sais que c’est très tard (trop tard sans doute) mais la lucidité très documentée de mon ami Gérard Foucher, communicateur de profession (maintenant quasi retiré pour vivre ruralement dans le Morbihan pour les raisons que tu imagines) apporte un éclairage pour tout public en quête d’élucidation.

    Amitiés

    Renaud

    J’aime

  2. Hadrien dit :

    Tu le sais plus que tout autre:

    Le Referendum d’Initiative Citoyenne est au premier rang des conditions sine qua non (mieux vaut apprendre à pêcher soi-même qu’accepter l’obole d’un poisson éphémère).
    Le Retour à l’Etat de la création monétaire est un autre pilier central, sans lequel la souveraineté populaire ne peut s’exercer sur l’économie et les finances, nerfs de la guerre.

    Or, le « pognon dingue » n’est pas dans le social, mais bien dans :
    • le bilan de 28 banques systémiques qui représente plus que le PIB mondial
    • l’encours notionnel de leurs produits dérivés qui représente plus que le patrimoine mondial existant !

    Je rappelle donc ici un vieux souvenir, de ma facture:

    LA CREATION MONETAIRE LIVREE AU PRIVE :

    – Monsieur X, vous nous avez demandé de vous avancer la somme S pour le paiement de Monsieur Z ? Très simple, car Monsieur Z a son compte également chez nous. Nous verserons, dès demain, la somme S sur le compte de Monsieur Z, qui sera ainsi payé, et nous prélèverons tous les mois un montant M sur votre compte, jusqu’à extinction de la somme avancée, plus nos intérêts dûs pour ce service.
    – Admirable ! C’est donc aussi simple que ça ?
    – Mais oui. Nous faisons cela tous les jours.
    – Et l’argent ne va-t-il pas finir par vous manquer, ou manquer aux déposants dont vous ponctionnez ainsi les comptes ?
    – Pas du tout, nous ne ponctionnons ni nos avoirs, ni aucun compte de nos clients…
    – Mais d’où sortez-vous l’argent ?
    – Quel argent ?
    – Mais celui avec lequel vous allez payer la somme S à Monsieur Z
    – Nous ne le payons pas en argent… nous inscrivons seulement sur son compte qu’il l’a ! – Mais de quel droit pouvez-vous faire cela ?
    – Du droit qu’ont tous les banquiers, pour peu qu’ils soient reconnus tels.
    – Par qui ?
    – Par l’Etat.
    – Ah ! je comprends… L’état vous autorise à fabriquer de l’argent pour ceux qui en ont besoin, tant qu’ils ne l’ont pas remboursé. Mais que faites vous de cet argent en plus, une fois remboursé ?
    – Encore une fois, il n’y a pas d’argent. Le remboursement, c’est débiter simplement les comptes du montant M pour annuler le credit qui avait été avancé. On parle alors de « destruction monétaire »…
    – Voilà bien un langage fort savant pour une chose fort simple. Que n’ai-je demandé à mon employeur de me faire une avance. C’eut été chose plus simple et…avec moins d’intérêt, j’en suis sûr !
    – Vous n’avez pas compris. Lui ne peut pas vous faire cet avance, s’il n’a pas cet argent !
    – Mais je suis fonctionnaire, mon employeur c’est l’Etat…
    – Il importe peu ! L’Etat emprunte également chez nous, via « le marché », les sommes lui servant à boucler son budget.
    – Mais comment peut-il vous rembourser, vous ou le marché, puisqu’il n’a pas cet argent ?
    – Nous lui en prêtons à nouveau !
    – Mais c’est de l’usure !
    – Parfaitement, et sa dette chez nous ne fait qu’augmenter…
    – Ce doit être des sommes énormes ! N’êtes-vous pas inquiet ?
    – Pas du tout ! L’Etat nous a déjà versé en intérêts cumulés autant que sa dette nominale…qui a depuis longtemps dépassé son budget, et nous percevons annuellement plus que l’impôt national sur le revenu. En d’autres termes, nous nous substituons à lui…, à la différence que, contrairement à lui, nous ne redistribuons pas cet argent de façon publique, mais privée.
    – Mais…ne m’avez-vous pas dit que c’est l’Etat qui vous accrédite pour faire tout cela ?
    – Si !
    – Dans ce cas, c’est absurde…pourquoi ne le fait-il pas lui-même, au lieu de s’appauvrir en votre faveur ?
    – C’était le cas autrefois, pendant les « Trente Glorieuses » aprés la Libération. Ce fut le programme du Conseil National de la Resistance. Tenez…lisez :
    « Lois du 24 Juillet 1936 (Front populaire) et du 2 Décembre 1945 (De Gaulle) : Elles font de la Banque de France un “service public” et prévoient que son capital sera transféré à l’Etat le 1er Janvier 1946. De Gaulle nationalise par ailleurs le secteur du crédit des banques commerciales privées. »
    – Formidable ! N’est-ce point là ce que j’évoquais à l’instant et, qu’en toute logique, n’importe qui de censé eût pu dire à ma place ?
    – Si, mais, depuis, ça a changé…
    – Quand ça ?
    – En deux temps : d’abord par une Note en 1963 du Premier ministre à son ministre des Finances : « Les émissions du Trésor à court, moyen et long terme doivent s’adapter, par des mécanismes appropriés, aux conditions existant sur le marché monétaire et le marché financier ».
    – Et ensuite ?
    – Après la disparition de De Gaulle, le même devenu Président de la République fit entrer la « City » dans le Marché Commun le 1er Janvier 73 et fit inscrire deux jours après la loi qui stipule notamment : “Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France”.
    – Et alors ?
    – Celle-ci perdit son statut de service public et l’Etat dût emprunter auprès des banques commerciales, encore nationalisées mais pas pour longtemps… Son chef de cabinet Edouard Balladur les privatisera vingt ans plus tard !
    – Et quel président a donc permis ça ?
    – Georges Pompidou.
    – Que faisait-il donc, avant cela, pour être aussi peu éclairé ?
    – Banquier… C’était notre fondé de pouvoir du Groupe (Rothschild).
    – Mais… N’est ce pas là que notre actuel président fit également ses classes ?
    – Affirmatif !

    CONCLUSION

    Maurice Allais, dès 1976 : “En abandonnant au secteur bancaire le droit de créer de la monnaie, l’Etat s’est privé en moyenne d’un pouvoir d’achat annuel représentant environ 5,2% …”

    Comme par hasard, c’est le chiffre de croissance moyenne des Trente Glorieuses, confisqué par accumulation stérile dans le secteur financier et ses produits dérivés, avec la formidable inéquité que dénoncent aujourd’hui les Gilets jaunes. Manifestement, le ruissellement n’est guerre fructueux !

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