258 – Holbecq : éviter l’éclatement de la zone euro

 PARU DANS LA REVUE PROJET – N° 328 – JUIN 2012 (article court : Téléchargement pdf article long )

 

revue projet 1

 

 

La monnaie commune,  contre l’éclatement de la zone euro

Une alternative à la monnaie unique existe : la monnaie commune. Elle conjugue unité d’échange avec l’extérieur de l’union et monnaies nationales permettant une politique monétaire autonome par pays.

Il est plus que probable que l’avenir de l’euro se jouera au cours de l’année 2012 [ajout : ou 2013 ?], malgré une volonté politique de le sauver coûte que coûte et même si la mise en place du Fonds européen de stabilité financière, bientôt remplacée par le Mécanisme européen de sta­bilité (MES), plus proche d’une banque que d’un fonds, et l’injection de près de 1000 milliards d’euros par la BCE au bénéfice des banques commerciales (pour trois ans à un taux voisin de 1 %) vont sans doute prolonger son agonie de quelques mois. Un saut dans l’inconnu fait peur, surtout au moment des échéances électorales. Si l’on ne peut revenir sur le passé, sur la manière dont a été construit l’euro, en amalgamant des pays aux cultures et aux habitudes aussi différentes que l’Allemagne et la Grèce ou la France, peut-être pouvons-nous envisager sa transformation ?

UNE TRANSFORMATION DE L’EURO ?

Insatisfaisant dans sa forme actuelle, l’euro pourrait être transformé en « monnaie commune », selon la même idée qui fut à l’origine du Système monétaire européen et de l’Ecu1. Une monnaie commune est une monnaie partagée par plusieurs États, en complément de leur monnaie nationale. Elle est gérée par la banque centrale de la zone monétaire et se superpose aux monnaies nationales gérées par les banques centrales nationales, libres de mener leur propre politique monétaire, et en particulier la monétisation directe des besoins d’investissements nécessaires – d’urgence – à la transition écologique et énergétique. Chaque pays participant à la monnaie commune utilise sur son territoire sa propre monnaie. La banque centrale de chaque pays pourra fournir des devises étrangères à ses résidents. Les monnaies nationales ne sont convertibles qu’en monnaie commune

Lors de la transition de la monnaie unique (l’euro actuel) vers une monnaie commune, chaque pays de la zone recrée sa monnaie nationale, à la parité d’un euro existant contre une unité de cette nouvelle monnaie. Chaque pays peut mener la politique monétaire de son choix mais sans qu’il puisse nuire à ses partenaires. L’équilibre des balances des paiements sera réalisé en donnant la charge de cet équilibrage aux pays excédentaires, qui seuls ont les moyens de le faire. Les parités entre les nouvelles monnaies nationales sont alors définies d’un commun accord politique : certaines sont réévaluées (mark ou florin, par exemple) d’autres dévaluées par rapport à un cours pivot (le franc pourrait être proche de celui-ci), en fonction des balances des échanges commerciaux, des parités de pouvoir d’achat de chaque pays, voire d’autres paramètres, afin de rétablir des conditions normales d’échange. Ces parités pourraient être révisées chaque année. Il n’y aurait pas de marché libre des changes entre les monnaies nationales des participants à la monnaie commune. Aucune spéculation ne serait donc possible sur ce terrain. Et naturellement, les mouvements des monnaies nationales peuvent être contrôlés par le pays concerné. Tous les prix resteraient inchangés, dans chaque pays, au moment du passage à ces monnaies nationales (en nominal) et à la monnaie commune. Les réajustements réguliers des taux de change donne­ raient aux États la marge de manœuvre nécessaire pour permettre des politiques économiques différenciées. Les échanges entre pays de la zone et pays extérieurs se feraient en monnaie commune cotée sur les marchés contre les autres devises mondiales. Nous ne serions ni les premiers ni les seuls à utiliser une monnaie commune. Au moins trois ont été créées simultanément aux monnaies nationales : l’Ecu, monnaie officielle de la Communauté économique européenne, puis de l’Union, de 1979 à fin 1998 ; le rouble, actuelle monnaie commune de la Communauté des États indépendants (11 des 15 anciennes républiques de l’URSS) ; le sucre, utilisé depuis peu par les pays membres de l’Alternative bolivarienne pour les Amériques (Alba), y compris l’Équateur.

LES CONSÉQUENCES D’UNE MONNAIE COMMUNE

Avec la disparition de l’euro, la dette publique de chaque État serait convertie dans la monnaie nationale correspondante, hormis pour les détenteurs de créances commerciales. Les dettes extérieures contrac­tées par des agents privés, elles, seraient toutes converties dans l’unité européenne de compte. C’est le scénario promu par Charles Gave pour la Grèce : « La réintroduction de la drachme permettrait aux autorités locales de spolier tranquillement ces détenteurs d’obligations qui, rappelons-le, ne votent pas en Grèce… À cela, l’on répond que la dette grecque ayant été libellée en euros devra être remboursée en euros, ce qui est bien sûr une tromperie juridique. La dette grecque a été émise dans la monnaie de l’État souverain grec, aujourd’hui l’euro, demain la drachme, et sera remboursée dans la monnaie ayant cours légal dans ce pays au moment du remboursement.2 » L’extrapolation à d’autres pays est évidemment possible.

Pour maintenir l’euro en survie, la majorité des politiques surfent sur la peur des épargnants qui s’inquiètent d’une possible dévaluation consécutive au retour aux monnaies nationales : une OAT (Obligation assimilable du Trésor, emprunt d’État) libellée en euro serait rem­boursée, ainsi que les intérêts, en francs au même nominal, la dette de 1 700 milliards d’euros devenant une dette de 1 700 milliards de francs. Or les monnaies nationales ne seraient échangeables que contre la monnaie commune, et non contre des devises étrangères, lesquelles seraient sous la responsabilité de la Banque centrale. Les dettes entre agents économiques seraient évidemment transformées en monnaie commune, de même que les nouveaux contrats, au sein de la zone monétaire commune.

Certains, comme Gabriel Galand de l’association « Chômage et monnaie »,  proposent un mécanisme de seuil, obli­geant un pays excédentaire à dépenser son excédent en achetant des produits ou en investissant dans un pays débi­teur, ou à fournir une aide financière directe à un pays débiteur. « Si ces excédents n’ont pas été dépensés ou donnés dans un temps prédéfini, alors la banque centrale de la zone monétaire commune confisque lesdits excédents et les répartit entre les membres déficitaires. Ce point est fondamental. Il assure qu’aucun pays, en épargnant trop, ne met les autres en déficit et les force à freiner leur demande, déprimant ainsi la demande globale. De plus, il place la charge de l’ajustement sur le pays excédentaire, qui seul en a les moyens. » Ainsi, passées les limites des adaptations des parités, les pays excédentaires redistribuent les écarts par rapport à la moyenne3. La valeur des échanges entre pays de la zone monétaire et pays extérieurs (achats en dollars, par exemple) dépendrait, comme actuellement, du cours de la monnaie commune sur les marchés contre les autres devises mondiales.

Ce système redonnerait instantanément de la compétitivité aux pays européens qui ont le plus souffert de la surévaluation de l’euro. Comme l’indique Julien Landfried, « une politique de change réaliste ferait plus que compenser les effets sécessionnistes de politiques budgétaires restrictives4 ». Si nous voulons garder notre souveraineté nationale, retrouver le droit de mener une politique économique et budgétaire qui ne soit pas imposée par Bruxelles ou par un autre pays, et d’utiliser la monnaie au service du développement, il faut reprendre le pouvoir de nous en servir : la Banque de France doit être aux ordres de la nation, non de quelque fonctionnaire.

AVONS-NOUS LE CHOIX ?

L’ordre des choses aurait été de passer d’abord par une monnaie commune, la transformation de la monnaie commune en monnaie unique intervenant seulement lorsque les critères de convergence fiscale, sociale et politique (le montant des transferts des zones riches aux zones pauvres) auraient été remplis. Mais cette étape n’a pas été correctement évaluée lors de la période de l’Écu, et, pour nombre de politiques, il serait trop tard à présent pour faire marche arrière. Il n’y aurait pas d’autre possibilité que de garder l’euro, monnaie unique, malgré les malheurs dont il est la cause. Nous pensons, au contraire, que soit la monnaie unique effectuera une transition volontaire vers la monnaie commune, soit les tensions seront telles que même si l’euro n’explose pas totalement, il donnera le jour au moins à deux monnaies différenciées : un euro du nord et un euro du sud (idée développée par l’économiste Christian Saint-Étienne). Nous connaissons d’ailleurs un exemple récent de désinté­gration d’une monnaie unique, celui de la couronne tchécoslovaque qui, lors de la scission de la République tchèque et de la République slovaque, début 1993, donna naissance à la couronne tchèque et à la couronne slovaque (jusqu’à l’entrée dans la zone euro). On peut penser que l’Allemagne ne se résoudra à abandonner la monnaie unique que si la France prépare un plan B de transformation de l’euro. Mais de cet accord entre différents pays pour une monnaie commune ne dépend pas l’instauration d’une monnaie nationale, condition d’une politique monétaire indépendante. Ce sont deux propositions complémentaires. Tout pays, particulièrement au sud de l’Europe, peut donc démarrer seul l’établissement de sa monnaie nationale qui aurait vocation à intégrer une monnaie commune.

Cette proposition, en France, est défendue par Nicolas Dupont-Aignan. Simultanément, le gouvernement pourra proposer à d’autres pays de rejoindre cette monnaie commune et décider avec eux des règles d’une organisation (« banque centrale de la monnaie commune »), la fixation initiale des taux de convertibilité et les conditions de renégociation annuelle de ceux-ci (en tenant compte des soldes des balances des paiements et du commerce extérieur, des inflations, des salaires, des taux de chômage, des PIB par habitant et des parités de pouvoir d’achat…). Les protocoles d’établissement de la monnaie commune pourront prévoir aussi la volonté d’un pays de sortir de cette zone.

Cela ne poserait pas de difficultés puisque chaque pays aurait déjà sa propre monnaie nationale ; il lui suffirait de changer ses propres règles de non convertibilité et de solder son compte à la « banque centrale de la monnaie commune ».

L’aspect légal d’une sortie ou d’une transformation de l’euro reste néanmoins d’une effroyable complexité et tout a été fait, depuis Maastricht, pour qu’il en soit ainsi ! Les traités ne permettent pas de rester dans l’UE tout en quittant la monnaie unique. Il n’y aurait donc que trois solutions : utiliser l’article 50 du traité de Lisbonne, qui permet d’engager une procédure de sortie de l’UE (la procédure pouvant durer deux ans) ; s’appuyer sur la Convention de Vienne, qui considère qu’un État a toujours le droit de dénoncer un traité en tout ou partie, à n’importe quel moment et pour n’importe quel motif (moins de trois mois pour acter la sortie) ; la « désobéissance », en arguant de la souveraineté nationale à la suite d’une élection importante et en modifiant la Constitution pour redonner la primauté au droit national sur les traités européens (Jean-Luc Mélenchon demande ainsi une monéti­sation directe par la Banque de France, évidemment « hors la loi » dans l’état actuel des traités). Il faut espérer que les dirigeants nouvellement élus reconnaîtront que notre monnaie unique lamine les peuples de la zone euro, y compris l’Allemagne, et qu’ils remettront en cause les dogmes à l’origine de sa création, avant qu’il ne soit trop tard et que les haines ne s’expriment.

André-Jacques Holbecq
Janvier 2012

1       « European currency unit », en français « unité de compte européenne », unité de compte de la Communauté européenne avant l’adoption du nom de l’euro [ndlr].

2       Charles Gave, L’État est mort, vive l’État!, Bourin éditeur, 2010.

3       C’est ce que proposaient déjà les rédacteurs de la charte de La Havane, malheureusement jamais mise en application.

4       Entretien à Atlantico.fr, 29/01/12.

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Retrouvez cet article dans sa version intégrale sur
http://www.revue-projet.com/articles/2012-3-la-monnaie-commune-contre-l-eclatement-de-la-zone-euro/

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20 commentaires pour 258 – Holbecq : éviter l’éclatement de la zone euro

  1. brunoarf dit :

    Vendredi 19 octobre 2012 :

    Sortie nette de capitaux en août dans la zone euro.

    La zone euro a connu une sortie nette de capitaux de 3,4 milliards d’euros en août, après une entrée nette de 18,2 milliards en juillet, suivant les chiffres publiés vendredi par la Banque centrale européenne.

    http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/reuters-00471729-sortie-nette-de-capitaux-en-aout-dans-la-zone-euro-502195.php

    C’est logique.

    C’est normal.

    Quand le navire coule, les rats quittent le navire.

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  2. Hadrien dit :

    Le scenario de la monnaie commune est un des principaux mis en avant pour sortir de la rigidité de l’euro qui, on l’a dit, maintient le couvercle sur la marmite, jusqu’à ce qu’elle explose…
    Mais on voit mal par quel miracle les peuples pourraient renverser les rapports de force au point de choisir le scenario.

    Il faudra que l’échéance soit bien proche pour que les choses bougent, tant l’euro est encore un des fétiches que brandissent Bruxelles… ainsi que bien d’autres gouvernants.
    Et là, les institutions de l’UE et de la zone euro joueront inévitablement avec les hommes au pouvoir. On peut compter sur eux pour s’accrocher au système et en contrôler le cours en leur faveur.
    A titre d’exemple, Mario Draghi est un homme de Goldman Sachs (tout comme le sont Monti et Papademos). La Grèce, lorsqu’elle fit appel à Goldman Sachs pour ses comptes, ne se doutait pas que Goldman Sachs jouerait contre elle avec les informations dont elle disposait…
    Aurons-nous retenu la leçon ?

    C’est l’éternelle question des institutons anti-démocratiques de l’Europe que l’on a laissé se mettre en place.
    Il faudrait une véritable révolution qui secoue au moins toute l’Europe du Sud, avec danger pour la vie des puissants (comme on l’a vu ailleurs), pour que les choses changent vraiment (on a bien vu ce que veut dire: « le changement c’est (pas) maintenant! »

    Rappelons la citation de Churchill:
    “Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.”

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    • A-J Holbecq dit :

      « Mais on voit mal par quel miracle…  »
      Oui, je suis d’accord, mais c’est un article « sur commande » sur la thématique « A quel prix sauver l’euro? » : il était difficile d’écrire que je ne voyais guère de possibilité de miracle, surtout pour une revue créée par la Compagnie de Jésus 😉

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      • Hadrien dit :

        C’est là que notre ami Etienne Chouard te complète bien avec son Plan C, sur la nécessaire démocratisation des institutions. Depuis Périclès, ça a plutôt régressé…
        On nous demande nos impôts par internet, mais jamais notre opinion ciblée en référendum, juste un nom d’éligible adoubé par des appareils… On voit le résultat !

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  3. brunoarf dit :

    Samedi 20 octobre 2012 :

    Sur son blog, Jacques Sapir fait le bilan du dernier sommet européen : en quelques lignes, Jacques Sapir décrit la situation réelle de la zone euro.

    « Tout va très bien, madame la marquise. »

    http://russeurope.hypotheses.org/358

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    • Hadrien dit :

      Dans son excellent livre (Illusion financière) paru en Septembre, Gaêl Giraud rappelle les raisons de ce mensonge « structurel » :

       » Le pire qu’une banque puisse craindre, c’est que ses clients cèdent tous simultanément à la panique et retirent ensemble leurs fonds. Comme ladite banque aura inévitablement prêté davantage que ce qu’elle détient effectivement, elle sera immédiatement ruinée, et ses derniers clients seront ruinés avec elle. Comment éviter un tel BANK RUN (course au
      guichet) ? En continuant d’expliquer, en dépit parfois du bon sens, que TOUT VA BIEN…

      On comprend que la puissance acquise par la sphère financière au sein des économies occidentales contraigne leurs autorités politiques elles-mêmes à entrer dans le cercle d’un MACHIAVÉLISME OBLIGÉ : dès lors qu’une baque pèse aussi lourd qu’un Etat, l’impossibilité pratique de cette banque à dire la vérité sur son bilan de santé déteint sur l’état lui-même. Comment le pouvoir osera t-il rendre publique une information qui, en provoquant la chute du secteur bancaire, induirait son propre suicide ?  »

      Il explicite ainsi le mécanisme conduisant à la « double noyade »:

      « On comprend pourquoi les constructions qui ont été échafaudées en hâte depuis le déclenchement de la crise des subprime – Fonds européen de stabilité financière (FESF) puis Mécanisme européen de stabilité (MES) – ne permettent pas de résoudre le problème financier: aucune de ces institutions n’a le moyen de sauver à la fois le secteur bancaire européen et les Etats. Pourquoi ? Parce que le MES comme le FESF sont censés prêter de l’argent qu’ils empruntent eux-mêmes sur les
      marchés ou que prêtent les Etats membres de la zone euro…

      Refuser de rompre avec la logique qui consiste à emprunter sur les marchés l’argent dont nous avons besoin pour éponger nos dettes, c’est construire une vaste pyramide de Ponzi à l’échelle européenne et faire le pari que les investisseurs continueront de croire que la garantie allemande est fiable – alors que la CDU et de nombreux économistes allemands ne cessent de répéter que l’Allemagne refusera de payer pour les
      autres…
      Ce pari pourrait s’effondrer à la prochaine panique financière, capable de faire glisser l’Espagne ou l’Italie sur la pente où les boules de neige ne cessent jamais de grossir (taux d’intérêt réel supérieur au taux de croissance: c’est ce qui arrive à la Grèce depuis la fin de l’été 2009). Jusqu’à ce que la faillite soit déclarée et les dettes annulées… »

      Le livre revient, par ailleurs, sur maints aspects traités sur ce blog:
      – création monétaire ex-nihilo
      – loi de 1973
      – privatisation de la dette publique
      – la monnaie comme bien commun
      – le 100% money
      – etc.

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  4. brunoarf dit :

    Dette publique de la Grèce :
    2007 : dette publique de 107,4 % du PIB.
    2008 : dette publique de 112,6 % du PIB.
    2009 : dette publique de 129 % du PIB.
    2010 : dette publique de 144,5 % du PIB.
    2011 : dette publique de 170,6 % du PIB.

    France : le Parlement s’inquiète de l’accumulation des engagements pris pour soutenir la Grèce.

    Dans son rapport, le député Christian Paul (PS) chiffre à 50,8 milliards d’euros les prêts à la Grèce devant être garantis par la France dans le cadre du Fonds européen de stabilité financière ; « il ne s’agit pas de prêts, mais bien de pertes que les Etats de la zone euro acceptent de consentir vis-à-vis de la Grèce ».

    Source : lesechos.fr, mardi 7 août 2012.

    http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202205724179-le-parlement-s-inquiete-de-l-accumulation-des-engagements-pris-pour-soutenir-la-grece-351001.php

    Lundi 22 octobre 2012 :

    Grèce : déficit et dette publics 2011 pires qu’annoncé.

    Le déficit et la dette publics de la Grèce pour l’année 2011 ont été révisés à la hausse. Elles atteignent désormais respectivement 9,4% et 170,6% du PIB, selon des données provisoires rendues publiques lundi par l’Autorité des statistiques grecques (Elstat).

    Les premières estimations d’Elstat, en avril, avaient chiffré le déficit à 9,1% du PIB, très proches de la prévision budgétaire pour 2011 de 9%. La dette publique était, elle, calculée à 165,3% du PIB, alors que le pays est censé la ramener à 120% du PIB en 2020, selon l’accord signé avec ses bailleurs de fonds.

    Cette aggravation statistique des performances découle surtout de la révision à la hausse de l’ampleur de la récession en 2011, a relevé Elstat dans un communiqué.

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  5. Hadrien dit :

    Une interview instructive de Christine Lagarde sur la “révolution conservatrice” en Euroland :
    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/10/03/20002-20121003ARTFIG00609-lagarde-je-ne-crois-pas-a-l-eclatement-de-la-zone-euro.php
    [où il faut savoir lire entre les lignes]

    LE FIGARO. – On accuse le FMI d’imposer l’austérité en Europe et d’aggraver la crise. Que répondez-vous à cela?
    Christine LAGARDE. – Notre objectif… C’est de remettre les pays sur pied… c’est-à-dire capables de se financer eux-mêmes sur les marchés [mais pas après de la BCE qui (re)finance ces marchés… pour acheter des obligations, et leur rachète leurs obligations!] Croissance [pour les financiers] et austérité [pour les salariés] ne sont pas incompatibles. Il y a des mesures qui doivent être prises pour privilégier les conditions de la croissance. Ce sont des réformes de structures…

    – Le risque d’éclatement de la zone euro existe-t-il toujours?
    – Je ne crois pas au risque d’éclatement de la zone euro. Je crois que le coût des solutions augmente au fur et à mesure que le temps passe [et la rend ainsi irreversible!]…

    – La Grèce…
    – Des négociations intenses sont en cours. À la fois sur le volet budgétaire, mais aussi sur le volet «réformes structurelles»… Le pays a réduit son déficit budgétaire de 9% par rapport au PIB en trois ans. C’est considérable! Les Grecs ont accepté des réformes importantes en matière de retraites, de négociations salariales. Ils ont entamé l’ouverture des professions réglementées. Beaucoup de choses ont donc déjà changé.

    – Êtes-vous impatiente que l’Espagne fasse appel au FMI ?
    – Nous sommes particulièrement satisfaits de tout ce que l’Espagne fait pour restructurer son système bancaire. Et il faut maintenant poursuivre et mettre en œuvre cette restructuration. Sur le plan budgétaire, nous attendons d’avoir plus de détails… le FMI sait toujours être exigeant sur les réformes à mettre en œuvre.

    – Ce que tente le FMI depuis trois ans à l’échelle de la zone euro est sans précédent… pour compenser le fait qu’il ne peut dévaluer. Sait-on si c’est réalisable?
    – On l’espère bien sûr… En faisant baisser les prix des facteurs de production, en particulier le prix du facteur travail, on espère rendre le pays plus compétitif et plus intéressant pour les investisseurs étrangers. On le voit déjà un peu au Portugal, en Espagne, et on commence à le voir un peu en Grèce.
    [Et, bien sûr,… on attend de le voir bientôt en France!]

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  6. A-J Holbecq dit :

    N’oublions pas que Christine Lagarde n’est pas une économiste, mais je reconnais qu’elle s’est totalement moulée dans la bien bienpensance du FMI (j’adore  » le FMI sait toujours être exigeant sur les réformes à mettre en œuvre. » et  » En faisant baisser les prix des facteurs de production, en particulier le prix du facteur travail, »

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  7. Bruno Lemaire dit :

    Cher A.J. H,article excellent, as usual.

    Peu de commentaires à faire, en dehors de ton oubli (justifié pour un article de janvier 2012) du fait que l’équipe économique de Marine Le Pen propose à peu près les mêmes scénarios (même si nous avons été plus « gentils » sur la transformation de la dette en monnaie nationale).

    J’ai particulièrement apprécié ta référence à la charte de la Havane, reprise sous une autre forme par Gabriel G., je crois, imposant aux pays excédentaires d’aider les pays déficitaires par une « confiscation » plus ou moins volontaire de leurs excédents.

    Très amicalement

    Bruno.

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    • A-J Holbecq dit :

      Oui Bruno, si je devais ré écrire cet article maintenant je signalerais évidemment la position identique de Marine Le Pen / Nicolas Dupont-Aignan sur la nécessité d’une monnaie commune.

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  8. brunoarf dit :

    Mardi 23 octobre 2012 :

    La BCE prise au piège.

    La BCE, détenant 210 milliards d’euros de «junk bonds» dans son bilan, ne peut pas risquer une faillite des pays en crise. Sa recapitalisation inévitable par les gouvernements, voire les contribuables, ruinerait sa réputation. C’est pour cette raison qu’elle refuse catégoriquement un «hair cut» de la dette grecque. La fuite en avant est sa seule stratégie viable, elle est prise dans le piège de l’euro.

    Wolfgang Glomb, membre du comité consultatif de CONCILIUS, membre du Conseil d’analyse économique franco-allemand.

    http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/politique-eco-conjoncture/monnaies-et-taux/221156805/bce-prise-piege

    En clair :
    Deuxième défaut de paiement de la Grèce —> la BCE subit des pertes colossales —> la BCE se tourne vers ses actionnaires, les 17 banques centrales nationales, pour qu’elles recapitalisent la BCE.

    Et ensuite, ça se complique :
    – Voyons d’abord le premier cas de figure. Les 17 banques centrales nationales acceptent de recapitaliser la BCE : chaque chef d’Etat a alors deux possibilités :
    1- un chef d’Etat choisit d’augmenter les impôts de ses contribuables nationaux. Avec cet argent, la BCE est recapitalisée, et toute la zone euro peut continuer encore quelques mois.
    2- un chef d’Etat choisit de vendre l’or détenu par la banque centrale nationale. Avec cet argent, la BCE est recapitalisée, et toute la zone euro peut continuer encore quelques mois.

    – Dernier cas de figure : les 17 banques centrales nationales refusent de recapitaliser la BCE —> faillite de la BCE —> retour aux 17 monnaies nationales —> réarmement des 17 banques centrales nationales.

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  9. Hadrien dit :

    Un titre de François Leclerc a attiré mon regard chez Jorion:
    LA GRÈCE, HISTOIRE À SUCCÈS…

    Je n’ai pas résisté au plaisir d’insérer le commentaire:

     » On pense plutôt au titre du petit livre de AJ Holbecq:
    « La dette, une affaire rentable… » pour ceux qui ont les moyens d’en profiter !

    Pourquoi ne pas admettre, en vertu de la formule ressassée “la monnaie est un bien public”, que sa gestion (monétisation comprise…) fait partie des fonctions régaliennes adossées à l’Etat, dont seule toute la collectivité peut se porter garante ?
    Encore faut-il avoir un Etat… ou une Fédération pour que ce soit possible…

    C’est qu’actuellement, entre l’UE (et l’OMC) pour les échanges économiques, la zone euro pour la monnaie, la zone Schengen pour la justice, etc., et autant de langues que de pays, nous n’avons plus ni l’un ni l’autre !
    L’Europe actuelle et, au delà, la mondialisation, c’est le bordel organisé au bénéfice de ceux qui ont les moyens d’en profiter ! Devinez qui…
    Quand on a répondu à cela, on a compris pourquoi l’Europe est devenue tout le contraire d’un projet démocratique ! « 

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    • A-J Holbecq dit :

      Ca m’étonnerait que ça ne soit pas censuré 🙂

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      • Hadrien dit :

        Tu as raison…
        Il a été censuré par deux fois (J’ai insisté pour en être sûr) !

        C’est grotesque. D’autant qu’il ne s’agissait que d’une liaison humoristique menant à un vrai sujet.
        Je n’aurais pas crû que Leclerc soit de la même veine que Jorion à cet égard, à moins que la fonction de surveillance soit commune…

        Mais j’ai fait la même constatation chez Dupont Aignan, pour un autre motif, sur l’avant-dernier billet (« Quand ça doit arriver, ça arrive! »).
        J’ai réagi dans un post ultérieur comportant un post-scriptum, qui lui a peut-être échappé… ou l’a calmé :
        113. Le lundi, octobre 22 2012, 17:49 par Hadrien
        P.S. Il est particulièrement désagréable de se voir censuré à deux reprises pour (sans aucun doute possible) les noms de Marx et Proudhon qui apparaissaient en commentaires développés.
        Est-ce bien là « un échange d’idées avec NDA », et
        est-ce ainsi que NDA souhaite réaliser l’union, du FG jusqu’au FN, de tous les résistants à la pensée unique PSUMP ?

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        • Hadrien dit :

          J’en ai profité pour faire passer, au dernier billet de NDA, l’humour du commentaire rejeté chez Jorion…

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        • A-J Holbecq dit :

          C’est pas NDA qui gère le suivi des commentaires (et donc les « modérations »), mais c’est néanmoins regrettable .
          As tu gardé ce que tu avais écrit ?

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  10. tchoo dit :

    pour l’instant il n’apparait pas !

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  11. brunoarf dit :

    Le 27 octobre 2011, la Grèce fait défaut :

    « un accord est trouvé le 27 octobre au matin. Il prévoit :

    – un abandon par les banques privées de 50 % de la dette publique qu’elles détiennent sur la Grèce (la BCE et le FMI ne sont pas concernés). Cet accord a été particulièrement difficile à atteindre du fait de la résistance des banques. »

    Accord du 21 février 2012 :

    « Les créanciers privés acceptent une réduction de 53,5 % de leurs créances pour un montant de 107 milliards d’euros »

    Source : wikipedia, article « Crise de la dette publique grecque. »

    C’est ça qui est ahurissant, dans ce premier défaut de paiement : les créanciers privés ont accepté d’effacer 107 milliards d’euros, ET MALGRE TOUT la dette publique de la Grèce a continué à augmenter.

    Tout se passe comme si le premier défaut de paiement de la Grèce n’avait servi à rien.

    Tout se passe comme si le premier défaut de paiement était un échec total.

    Dette publique de la Grèce pour les deux premiers trimestres de 2012 :

    – Premier trimestre 2012 : la dette publique était de 280,423 milliards d’euros, soit 136,9 % du PIB.

    – Deuxième trimestre 2012 : la dette publique était de 300,807 milliards d’euros, soit 150,3 % du PIB.

    « Au premier trimestre, la dette grecque avait diminué à 280,423 milliards d’euros, soit 136,9% du PIB, en raison de la restructuration consentie par les créanciers privés, mais elle a augmenté à nouveau au deuxième trimestre avec les nouveaux prêts accordés à Athènes par les pays de la zone euro. »

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/10/24/97002-20121024FILWWW00447-zone-euro-la-dette-a-90-du-pib.php

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  12. European Citizens dit :

    Recently, the Economics Nobel Prize laureate Paul Krugman said that « The Euro is a shaky construction » – and no one can deny this statement. The Euro has been designed – by Delors et al – as a « single currency » instead of a (much more realistic) « common currency », and now it is very clear that this was a very bad choice. A « Maastricht 2.0 » Treaty is required, as soon as possible, so as to avoid a sad situation, in the near future, where the foreseen « European common home » becomes replaced by a true « European house of correction » :
    http://building-a-true-european-union.blogspot.com

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