253 – Jacques Sapir: sauver l’euro ?

La BCE s’est engagée avec force à « tout faire pour sauver l’Euro ». Nous allons prendre cette déclaration au pied de la lettre et considérer quelles en seraient les conséquences à court et moyen terme d’une telle action, et si la BCE a réellement les moyens de sauver l’Euro.

I. Les conséquences d’une action directe de la BCE.

En admettant que la BCE puisse soit jeter par-dessus les moulins son statut ou trouver des compromis juridiques lui permettant de racheter massivement de la dette souveraine de pays en difficulté, que se passerait-il ?

(a)   L’ampleur des sommes nécessaires :

Il faut tout d’abord considérer les montants que la BCE devrait débourser.

Pour l’Espagne, le gouvernement de M. Rajoy a admis que les besoins s’élèveraient à 300 milliards d’Euros d’ici à la fin de l’année. Il est cependant clair que ce qui aurait été fait pour ce pays ne pourrait être refusé à d’autres. La Grèce viendrait au guichet pour un montant estimé à 60-80 milliards.

L’Italie serait aussi un « client » potentiel, avec des besoins estimés (suivant la date de l’opération) entre 500 et 700 milliards. C’est donc de 860 à 1080 milliards que la BCE devrait racheter dans un délai assez court (moins de 6 mois).

Ces sommes ne sont pas « impossibles », mais elles n’en sont pas moins considérables. Elles représentent en 3 fois et 4 fois le montant des achats de titres publics réalisés par la BCE depuis le début de la crise. Elles représentent un saut qualitatif et non pas simplement quantitatif.

(b)   Les conséquences sur le bilan de la BCE.

Les conséquences sur le bilan de la BCE seraient importantes.

On verrait apparaître près de 1071 (860 + 211 déjà sur le bilan) à 1291 (1080 + 211 déjà sur le bilan) milliards de titres publics. Or, on peut penser qu’entre le tiers et la moitié de ces titres ne sera jamais remboursée dans le cadre de défauts soit « sauvage » soit ordonnés.

La BCE devra soit admettre qu’elle a fait de la création monétaire ex-nihilo ou demander aux États de la zone Euro une recapitalisation comprises entre 330 et 650 milliards.

Le problème avec la création monétaire ex-nihilo n’est pas celui (souvent invoqué) de l’inflation, mais celui, juridique, de la compatibilité du fonctionnement de la BCE avec la Constitution allemande. Cette dernière interdit à la Banque Centrale de procéder à ce type de création monétaire. Il faudrait donc soit modifier la Constitution allemande (ce qui pose des problèmes politiques et risque d’échouer) soit se résoudre à cette recapitalisation.

Ceci pose la question de l’acceptabilité politique de cette dépense pour les États (dans le cas de la France, la contribution pourrait aller de 70 à 140 milliards).

(c)    Serait-ce la fin de la crise de liquidité ?

On affirme souvent qu’une telle intervention règlerait la crise de l’Euro. Mais, la crise de liquidité est issue de la crise de compétitivité. C’est cette dernière qui déclenche les inquiétudes qui font monter les taux d’intérêts et provoque la crise de liquidité.

Or, ici, la BCE est impuissante. La permanence de la crise de compétitivité provoquerait inévitablement la réapparition de la crise de liquidité.

D’ailleurs, depuis que la BCE a procédé aux premiers rachats sur le marché secondaire, aucun des pays qui ont bénéficié de ces opérations n’est revenu sur les marchés financiers.

Il faudrait donc se résoudre à ce que, durablement, la Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Espagne et peut-être l’Italie, aient recours aux capacités de financement de la BCE.

Les montants à moyen terme seraient encore plus considérables que ceux que l’on a évoqué plus haut et pourraient atteindre entre 2 000 et 2 500 milliards d’Euros.

(d)   Une erreur de diagnostic.

Plus profondément, la politique de la BCE que l’on suppose ici illustre une erreur majeure de diagnostic à propos de la crise de la zone Euro.

Cette crise n’est pas une crise de la dette souveraine ! C’est une crise de compétitivité, liée aux structures économiques et démographiques hétérogènes des pays de la zone qu’exacerbe le fonctionnement quotidien de la monnaie unique. Cette crise donne alors naissance d’une part à une croissance très ralentie dans un certain nombre de pays (Italie, Portugal et dans une moindre mesure France) et à une désindustrialisation accélérée dans d’autres (Irlande, Portugal, Espagne, Grèce et encore France).

Avec l’éclatement de la « bulle » des taux historiquement bas que l’on a connus de 2002 à 2008, ces deux phénomènes se sont traduits par une montée des dettes souveraines dans les pays considérés.

Vouloir résoudre le symptôme (la crise de la dette) ne fait qu’empirer le mal ! Les politiques requises pour tenter de résoudre la crise de la dette aggravent la situation, en plongeant les pays dans une récession, voire une dépression, qui réduit les ressources fiscales et accroissent considérablement le chômage.

Mais, si l’on veut s’attaquer à la racine du mal, soit la crise de compétitivité, il faut mesurer ce que cela implique pour les pays, ou en matière de coûts de transfert.

La mise en œuvre d’une politique « non conventionnelle » par la BCE est possible. Mais, elle implique un tournant qualitatif dont les conséquences n’ont pas été mesurées et ceci sans fournir de solution à la crise de la zone Euro. La seule perspective offerte est celle d’une installation de longue durée dans cette crise.

II. La crise de compétitivité fera soit éclater l’Euro, soit éclater l’Europe.

Il n’est donc pas du pouvoir de la BCE de résoudre la crise de l’Euro. Même des actions combinées avec celles des États membres n’offrent guère d’alternative. Soit l’Europe éclatera après une « décennie perdue » à l’image de celle de la Grande Dépression, soit la zone Euro sera dissoute.

(a)  Les politiques de déflation salariale sont des impasses.

La crise de compétitivité se manifeste dans les déficits des balances commerciales des pays (sauf l’Allemagne) et l’accroissement du montant du compte TARGET-2 dans ce dernier pays.

Des politiques de baisse des coûts salariaux sont d’ores et déjà expérimentées dans des pays de la zone Euro (Grèce, Irlande, Portugal, Espagne, Italie).

Leurs conséquences en sont catastrophiques. Ces politiques nécessitent une contraction violente de la demande intérieure, qui provoque non seulement une forte hausse du chômage mais en sus une baisse de la productivité, impliquant de nouvelles mesures d’ajustement, dont les effets sur le chômage viendront se cumuler avec les premières mesures.

D’ici deux ans, et en incluant les effets induits et non pas seulement les effets directs, il faut donc s’attendre à des taux de chômage de :

52 % en Grèce.

35 % au Portugal.

32 % en Espagne.

22 % à 25 % en France et en Italie.

Les niveaux de chômage escomptés sont donc à peu de choses près les mêmes que lors de la « Grande Dépression » des années 1930.

(b)  Les politiques de transferts budgétaires sont politiquement impossibles.

Une autre solution, cohérente avec la monnaie unique, serait d’instituer des flux de transferts depuis les pays excédentaires vers les pays déficitaires. Mais, les montants sont tout à fait énormes. On peut les estimer à :

10,8 % de PIB de l’Espagne pour le soutien à l’Espagne ;

13,1 % de PIB de l’Italie pour le soutien à l’Italie ;

12,3 % de PIB du Portugal pour le soutien au Portugal ;

  6,1 % de PIB de la Grèce pour le soutien à Grèce.

Compte tenu des niveaux de coûts salariaux, de la structure et du montant des profits, du poids des salaires et de la structure du PIB cette politique coûterait à l’Allemagne 12,7 % du PIB (en 2012) en transferts budgétaires pour les 4 pays en difficulté.

De tels montants briseraient les reins de l’économie allemande et sont, très clairement, politiquement impossibles. Il faut ici signaler qu’une dissolution de l’Euro, accompagnée de dévaluations dans différents pays, ne coûterait que 2% à 2,5% du PIB à l’Allemagne.

Il n’est donc pas étonnant qu’une majorité absolue des Allemands se prononce aujourd’hui contre l’Euro (51% contre et 29% pour). L’opposition politique de l’Allemagne aux mesures de transferts est donc appelée à se durcir dans les semaines à venir.

(c)   Entre l’Euro et l’Europe, il faudra choisir.

La crise de l’Euro confronte aujourd’hui les pays européens au choix soit de voire périr l’Europe soit de dissoudre la zone Euro.

Si l’on persiste dans la politique actuelle, la zone Euro, et l’Europe avec elle entrera dans une récession, puis une dépression de longue durée. La comparaison avec la crise des années 1930, la « Grande Dépression » s’impose. Le poids politique et économique de l’Europe se réduira de manière considérable, et notre continent deviendra « l’homme malade du monde ».

Mais, surtout, l’Union européenne ne résistera pas aux conséquences de cette crise.

Des pays sortiront de l’Euro, les uns après les autres. Le premier sera sans doute la Grèce. Elle sera suivie par le Portugal et l’Espagne. En effet, les mesures « non conventionnelles » de la BCE ne rétabliraient la solvabilité extérieure dans aucun de ces deux pays.

La spéculation financière atteindrait de nouveaux sommets et les mesures unilatérales prises par chacun de ces pays (y compris des défauts sur les dettes) feraient rapidement tache d’huile. De proche en proche, ce sont toutes les mesures constitutives de l’Union Européenne qui seront remises en cause.

Par contre, si une politique de dissolution coordonnée et concertée de la zone Euro était adoptée, elle prendrait la forme d’un acte européen. Tout en rendant possible pour les pays concernés de réaliser les ajustements nécessaires à un coût bien plus faible en termes de chômage par des dévaluations, elle permettrait de sauvegarder l’essentiel de l’Union Européenne. Cette politique offrirait la perspective, à moyen terme, de reconstituer sur des bases plus souples une forme d’intégration monétaire (par une monnaie commune).

(d)  Les politiques « non conventionnelles » de la BCE, pour autant qu’elles soient possibles, ne feront que retarder les échéances.

Les politiques non conventionnelles de la BCE sont certes possibles, mais elle ne sont nullement une solution. Au contraire, enfermant la zone Euro dans sa crise, elles portent en elles la menace d’un éclatement de l’Union Européenne.

Ces politiques ne feront que retarder, à l’échelle de deux à trois ans, le dénouement de cette crise. On doit donc se demander si politiquement le jeu en vaut la chandelle. Pour ces trois années (au mieux…) de gagnées, nous serions confrontés à une crise bien pire que celle que nous connaissons aujourd’hui, et avec une situation de la France particulièrement dégradée.

Plusieurs économistes, dont les deux Prix Nobel Joseph Stiglitz et Paul Krugman, ont affirmé que la poursuite de cette politique visant à sauver l’Euro était criminelle.

On se contentera de dire que les mesures envisagées, mais qui sont loin d’être acquises, par la BCE viennent trop tard et n’apportent aucune solution aux problèmes de fond de la zone Euro.

La raison, tant économique que politique, commande ne pas s’entêter et de ne pas prendre le risque de faire périr l’Europe et d’exacerber une opposition entre l’Allemagne et les autres pays. Une dissolution de la zone Euro réalisée d’ici à la fin de 2012 en tant qu’acte européen est aujourd’hui la seule solution qui puisse éviter un désastre.

Jacques Sapir

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Le blog d'André-Jacques Holbecq
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16 commentaires pour 253 – Jacques Sapir: sauver l’euro ?

  1. A-J Holbecq dit :

    Selon Hans-Xerner Sinn,- économiste réputé influent en Allemagne – (le monde du 01/08/2012) si tous les fonds de sauvetage étaient employés et que la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et l’Italie devaient faire faillite, l’Allemagne perdrait 771 milliards d’€uros (30 % du PIB) et la France, 579 milliards d’€uros (29% du PIB).

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    • yam dit :

      Bonjour AJH,

      J’aimerais savoir si tu pouvais mettre à disposition du blog un article qui traite en détail la question : « création monétaire, pas forcément inflationniste. Pourquoi ? »

      Merci.

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  2. brunoarf dit :

    Jeudi 2 aout 2012 :

    Mario Draghi : c’était du bluff.

    Mario Draghi : c’était du pipeau.

    Mario Draghi est le gardien de la fosse septique.

    La Banque Centrale Européenne est devenue une fosse septique, remplie d’obligations d’Etat pourries.

    Elle sent mauvais, ta fosse septique, Mario. Elle est en train de déborder. Reste bien assis sur le couvercle de ta fosse septique, Mario.

    Si tu es croyant, prie le Ciel pour éviter le débordement de ta fosse septique.

    Mais surtout, Mario, surtout, ne nous rejoue plus de pipeau. Ce n’est plus la peine : nous savons tous ce que tu es.

    Tu es un impuissant qui bluffe.

    Tu es un impuissant qui ne peut faire qu’une seule chose : jouer du pipeau.

    Tu es un impuissant qui joue du pipeau, assis sur le couvercle de ta fosse septique.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Fosse_septique

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  3. brunoarf dit :

    Vendredi 3 aout 2012 :

    Une information très importante :

    LES TRAITES EUROPEENS VIENNENT D’ETRE VIOLES :

    Article 21
    Opérations avec les organismes publics
    21.1. Conformément à l’article 123 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, il est interdit à la BCE et aux banques centrales nationales d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la BCE ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite.

    http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:C:2008:115:0001:01:FR:HTML

    OR LA BANQUE CENTRALE DE LA GRECE VIENT DE PRETER 6 MILLIARDS D’EUROS AU TRESOR PUBLIC GREC :

    La Grèce échappera au défaut de paiement en août, grâce à un prêt relais de 6 milliards d’euros accordé, à titre exceptionnel, par la banque centrale grecque. Mais le gouvernement grec n’aura droit à aucun répit estival.

    Pour éviter le scénario catastrophe en plein été, les responsables de la zone euro ont accepté une solution technique impliquant la banque centrale de Grèce, autorisée à faire une avance au Trésor grec de 6 milliards d’euros à court terme en août. Cette solution, autorisée exceptionnellement, permettra à Athènes d’assurer ses échéances en déchargeant la BCE de toute responsabilité. Car tout défaut de paiement grec viendra impacter le bilan de la banque centrale grecque et non celui de la BCE.

    «Demander un délai de remboursement à la BCE aurait déclenché un psychodrame grec en plein été. Il fallait donc agir différemment et faire circuler les liquidités. C’est un soulagement, même s’il est minime», conclut Vassilis Daskalopoulos.

    Source : lefigaro.fr

    La banque centrale de la Grèce va prêter 6 milliards d’euros au Trésor public grec.

    L’avantage de ce prêt :  » tout défaut de paiement grec viendra impacter le bilan de la banque centrale grecque et non celui de la BCE. »

    C’est ça, l’avenir : une banque centrale nationale prête de l’argent au Trésor public national.

    C’est ça, l’avenir.

    Contraints et forcés, nous y viendrons.

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  4. brunoarf dit :

    Le jeudi 2 aout 2012, dans la zone euro, l’information la plus importante de l’année 2012 a été cachée par les télévisions, par les radios, et par presque tous les grands titres de la presse papier :

    En zone euro, il y a eu le réarmement d’une banque centrale nationale, en violation de tous les traités européens.

    Qu’est-ce que le réarmement d’une banque centrale nationale ?

    C’est quand une banque centrale nationale prête de l’argent à un Trésor public national.

    TOUS LES TRAITES EUROPEENS INTERDISENT QU’UNE BANQUE CENTRALE NATIONALE PRETE DE L’ARGENT A UN TRESOR PUBLIC NATIONAL :

    « Conformément à l’article 123 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, il est interdit à la BCE et aux banques centrales nationales d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la BCE ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite. »

    OR LA BANQUE CENTRALE DE LA GRECE VIENT DE PRETER 6 MILLIARDS D’EUROS AU TRESOR PUBLIC GREC :

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/08/02/20002-20120802ARTFIG00564-le-plan-grec-pour-echapper-au-defaut-de-paiement-cet-ete.php

    Le réarmement de la banque centrale de la Grèce est une information historique.

    Le réarmement de la banque centrale de la Grèce montre ce qui nous attend dans les années qui viennent, en Grèce et dans d’autres pays européens :
    – L’éclatement de la zone euro.
    – Le retour aux monnaies nationales.
    – Le réarmement des banques centrales nationales.
    – En Grèce et dans d’autres pays européens, une banque centrale nationale prêtera de l’argent à un Trésor public national.

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  5. grosrené dit :

    – « En admettant que la BCE puisse soit jeter par-dessus les moulins son statut ou trouver des compromis juridiques lui permettant de racheter massivement de la dette souveraine de pays en difficulté »

    Je ne vois pas en quoi le rachat des dettes sur le marché secondaire aide les pays en difficulté (à part peut être à baisser les taux d’intérêt, mais c’est très indirect comme aide). Les titres sont déjà émis, c’est juste le nom créancier qui change, non ?

    – « La BCE devra soit admettre qu’elle a fait de la création monétaire ex-nihilo »

    Il n’y a pas de problème à l’admettre, c’est bien ce qu’elle fait déjà en permanence en fournissant les réserves bancaires ?

    – « On affirme souvent qu’une telle intervention règlerait la crise de l’Euro. Mais, la crise de liquidité est issue de la crise de compétitivité.(…) la BCE est impuissante. La permanence de la crise de compétitivité provoquerait inévitablement la réapparition de la crise de liquidité »

    Pourquoi ne pas évoquer le financement direct des Etats par la BCE (marché primaire) ? Il n’y aurait plus de crise de liquidité …

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  6. BA dit :

    Les gouvernements se préparent à la dislocation de la zone euro : ça, on le savait. Les grandes compagnies d’assurance se préparent à la dislocation de la zone euro : ça, on le savait. Les grandes banques se préparent à la dislocation de la zone euro : ça, on le savait.

    Nous venons d’apprendre que les compagnies aériennes se préparent à la dislocation de la zone euro, elles-aussi.

    Et nous venons d’apprendre que les compagnies pétrolières se préparent à la dislocation de la zone euro, elles-aussi.

    Conclusion : en zone euro, les acteurs politiques et les acteurs économiques se préparent tous à la dislocation de la zone euro.

    IAG prête à une sortie de l’Espagne.

    Le groupe International Airlines Group (IAG), qui réunit la compagnie aérienne britannique British Airways et l’espagnole Iberia, a reconnu se préparer à l’éventualité d’une sortie de l’Espagne de la zone euro.

    « Vu notre présence dans ce pays, et notre exposition en zone euro de façon générale, nous avons réfléchi à la manière de réagir en cas de dislocation de la zone euro », a expliqué le directeur exécutif du groupe, Willie Walsh, vendredi lors de la présentation des résultats d’IAG, cité par The Telegraph.

    Un groupe de travail « Sortie de l’Espagne de la zone euro » a été mis en place il y a quelques temps avec l’aide de conseillers extérieurs.

    Ses travaux ont « très bien avancé », a précisé Willie Walsh.

    Résultat, le groupe IAG a réduit son exposition aux établissements financiers espagnols de 27% à 3% en six mois.

    Il serait « surprenant » que les autres grandes compagnies qui opèrent en Europe n’aient pas des plans d’urgence similaires, a estimé Willie Walsh.

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/08/04/97002-20120804FILWWW00357-iag-prete-a-une-sortie-de-l-espagne.php

    Le géant pétrolier anglo-néerlandais Shell préfère retirer des fonds des banques européennes à cause des risques associés à la crise de la dette en zone euro, a indiqué l’un de ses dirigeants.

    « Nous n’avons plus la même volonté de prendre des risques de crédit en Europe », a expliqué le directeur financier Simon Henry au journal The Times paru lundi.

    Shell préfère ainsi déposer ses 15 milliards de dollars de liquidités sur des comptes américains ou les transformer en bons du Trésor américains, poursuit le responsable, selon des propos rapportés par le quotidien britannique.

    Le groupe basé à La Haye est certes contraint de garder des liquidités en Europe pour y financer ses opérations mais préfère ainsi en laisser l’essentiel ailleurs pour éviter les risques associés à la crise en zone euro.

    « Nous faisons une différence entre les différents risques de crédit » en Europe, a toutefois précisé M. Henry, alors qu’on lui demandait s’il considérait de la même manière l’Allemagne et les pays les plus fragiles du sud du continent.

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  7. BA dit :

    Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne, Chypre, Malte, Slovénie : ces huit Etats européens sont incapables de sauver leurs banques de la faillite.

    Ces huit Etats européens foncent vers le défaut de paiement.

    Lundi 6 aout 2012 :

    L’économie chypriote est dans « un état pire que prévu », jugent les représentants de la « troïka » – Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Union européenne -, selon des documents auxquels Reuters a eu accès.

    Les émissaires de la troïka ont visité deux fois l’île depuis que Chypre est devenu le 25 juin le cinquième état de la zone euro à demander une aide financière.

    Les deux principales banques chypriotes, Popular Bank et Bank of Cyprus, ont subi des pertes importantes après l’annulation d’une partie de la dette grecque il y a quelques mois, acceptée par Chypre comme par l’ensemble des membres de l’UE.

    Selon les représentants de la troïka, qui prévoient une récession à Chypre pour 2012 et 2013, les problèmes chypriotes ne se résument cependant pas au secteur bancaire, mais concernent également des déséquilibres budgétaires qui doivent être comblés.

    « Ce que nous avons vu, c’est que votre système budgétaire est pire que prévu, les perspectives de croissance sont plus faibles que ce que nous attendions, et, en conséquence, il y a un gros écart entre vos recettes et vos dépenses », a déclaré Maarten Verwey, représentant de la Commission européenne, selon le compte rendu d’une réunion à huis clos avec la commission des finances du parlement chypriote.

    Maarten Verwey a ajouté qu’il faudrait « une augmentation et un renforcement significatifs de la surveillance du secteur bancaire », et a jugé prématurée une estimation du montant du plan de sauvetage. « Vous ne pouvez pas conserver votre train de vie actuel si cela continue », a-t-il ajouté. « Le gouvernement ne sera pas capable de payer les traitements (des agents de l’Etat), il y a donc un besoin urgent d’ajustement. »

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/08/06/97002-20120806FILWWW00286-chypre-la-troika-inquiete-de-la-situation.php

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  8. Merci Monsieur Sapir de cette explication irréfutable de l’impasse systémique de l’euro monnaie unique.

    Les pays européens désunis par leurs institutions politiques n’ont aucune maîtrise juridique de leur émission monétaire. Si l’observation logique de la réalité démontre la destruction en cours inexorable de la monnaie unique, il reste à se demander par quel mystère les autorités politiques et monétaires de la zone euro s’obstinent à suivre contre elles-mêmes un processus d’autodestruction politique et économique. Vous esquissez la réponse en évoquant la monnaie commune qu’il faudra bien substituer à l’euro unique si les Européens renoncent à s’euthanasier.

    Votre description des processus financiers en cours démontrent une erreur de système dans une nouvelle réalité mondiale ou la vision occidentale n’a plus les moyens concrets de son hégémonie. La civilisation occidentale a imposé au monde un système de prix par une hiérarchie financière de monnaies fondée sur la puissance au-dessus de la réalité objective. La monnaie occidentale est conçue pour capturer la rationalité économique et non pour penser l’échange du commun dans une pluralité de points de vue sur la richesse. Le « E pluribus unum » qui est la devise commune aux États-Unis et à l’Union Européenne est une formule abstraite rendue inopérante par la guerre civile monétaire mondiale.

    L’unification du monde n’est pas le fruit négociable de la pluralité mais l’abandon du pouvoir politique à la technocratie bancaire. Cet aplatissement spirituel du vivre ensemble vient de 200 ans de matérialisme financier hostile au principe de négociation réelle du bien commun. La souveraineté qui était l’interprétation collective solidaire dans la réalité économique d’une loi nationale du bien de tous les citoyens est devenue un intérêt financier technocratique privé. La monnaie n’est plus la quantification du droit sur les choses échangées à l’intérieur d’une communauté politique mais la représentation comptable du pouvoir exclusif de quelques uns sur la rationalité économique de tous.

    L’économie financière a été placée au-dessus de la loi politique et de toute formulation partageable de la réalité objective concrète. Toute l’économie humaine du vivre ensemble est réduite et ordonnée par des prix décidés par la spéculation omnisciente des possesseurs de l’émission monétaire. Le prix ne peut plus être l’équivalence matérielle négociée entre des personnes libres et responsables des objets de couverture des besoins. Le prix est réduit au pur nombre quantifiant le crédit virtuel abstrait que le banquier commercial ou central accorde à des objets déconnectés de toute transaction réelle. Les personnes physiques ne sont plus consultées sur leurs droits, besoins et attentes réels.

    La finance abstraite de toute réalité judiciairement vérifiable en bien commun est la règle du dollar. L’émission monétaire en dollar depuis l’origine est d’initiative privée sans rapport avec la souveraineté. Le pouvoir politique de la Fédération des États-Unis n’a jamais exercé de contrôle sur l’émission monétaire par l’arbitrage public du droit. La communauté nationale étatsunienne n’a jamais rien dit en tant que communauté sur l’allocation de la liquidité du crédit aux intérêts particuliers par ailleurs associés dans une même légalité formelle.

    L’Union Européenne a inventé l’euro pour échapper à l’emprise du droit privé étatsunien. L’euro devait faire contrepoids au privilège étatsunien d’émission de la liquidité du crédit en dollar dans les échanges internationaux. Mais l’UE polarisée par la confrontation impériale avec les États-Unis a omis de construire une souveraineté confédérale pour contrôler l’émission de l’euro. Les appareils politiques des souverainetés nationales allemande et française se sont joués l’un l’autre en bloquant la construction d’une souveraineté politique partagée.

    Aucune politique européenne n’est devenue dépositaire de l’équilibre financier et économique mis en commun dans la monnaie unique. Les Britanniques ont joué la destruction réciproque de l’Allemagne par la France dans une monnaie unique que d’expérience ils savaient ingérable et qui laisserait en pratique les finances de l’UE sous le contrôle de la City. Les Allemands ont joué la fixité du change entre la France et l’Allemagne pour imposer leur domination commerciale et industrielle dans l’absence de régulation publique commune. Les Français ont joué le Conseil Européen sans consistance institutionnelle proprement communautaire pour réduire la délibération du vivre ensemble européen à leur technocratie politique nationale.

    La redistribution de la production des richesses économiques entre l’Orient et l’Occident et la destruction par l’Occident de la possibilité de souveraineté politique sur la finance laissent sans assise stable le système monétaire dollar-euro. Ce qu’on ne dit pas en zone euro mais que les États-Unis et le Royaume-Uni ont appris par l’expérience des faits que vous décrivez, c’est que le sabordage de l’euro va emporter le dollar et partant tout le système bancaire mondial. La finance auto-référencée n’a plus nulle part de perception de l’économie réelle ni de cadre politique pour orienter ses modèles de prix sur l’économie de la demande de la société humaine réelle.

    De même que l’application en dollar du droit étatsunien au monde entier déconnecte la finance de l’économie réelle étatsunienne et internationale, de même la monnaie unique européenne crée une fiction financière d’application homogène du droit sur le territoire de la zone euro. La rationalité économique est après le choc de 2008 totalement auto-référencée hors de tout ancrage dans une quelconque réalisation politique de l’économie réelle des échanges humains. Le renflouement financier nominal du système bancaire international après la disparition du crédit interbancaire se fait par l’artifice comptable et juridique du bilan des banques centrales non doté du capital public qui prouve leur solvabilité.

    La dette émise par le système bancaire mondial échappe à toute limite de légalité politique et à toute mesure de réalité économique. La BCE, la Fed et la Bank of England sont des fonds communs de créances pourries que les autres pays abandonneront comme contrepartie de compte de leurs réserves de change internationales. Personne n’imagine rationnellement que la dette de l’Europe du sud envers l’Allemagne ou des États-Unis envers la Chine soit réellement intégralement remboursable dans le temps. Personne ne sait calculer dans le système monétaire actuel la proportion de ces dettes devant être abandonnée pour que les débiteurs soient raisonnablement capables de rembourser le solde. Les créanciers ne peuvent pas mesurer la part de la dette adossée au capital de leurs débiteurs qui finance la production future dégageant les remboursements nets qu’ils puissent revendiquer. Les débiteurs devraient pouvoir calculer les remboursements maximaux qu’ils sont capables d’assumer sans compromettre une croissance nette de la capacité productive durable.

    Hors d’un système de changes flexibles structuré par les souverainetés politiques, il est impossible de résorber les retards de compétitivité provoquant l’endettement inter-étatique. Même avec un dispositif utopique de transferts massifs de l’Allemagne vers les États débiteurs nets en euro, la fixité des parités monétaires dans la zone euro interdit toute restauration de la compétitivité salariale. Dans toutes l’Europe non germanique, l’abaissement du niveau de vie des salariés en dessous des normes minimales du vivre ensemble européen aspire les États nationaux dans l’insolvabilité et l’anéantissement. La disparition des États nationaux détruit les fondations politiques de l’Union Européenne.

    Les Européens et les Américains font semblant d’avoir oublié que la monnaie est l’unité de compte du prix du travail productif solvable dans une communauté politique. Si l’étalonnage de la monnaie n’est pas l’indexation de la solvabilité financière sociale et personnelle sur la production réelle des emprunteurs ; si cette indexation n’est pas définie par un cadre politique asservi à l’exercice de la démocratie structurée par la nationalité du vivre ensemble, alors la finance devient trappe à liquidité. La réalité des échanges économiques disparaît dans l’insignifiance de la liquidité nominale.

    Pour rétablir l’émission monétaire dans les limites objectives de la liquidité réelle des échanges, il faut restaurer trois degrés institutionnels explicitement séparés de garantie des crédits : la transaction réelle, l’État national de droit et la liquidité internationale du droit. Les trois degrés nécessaires de couverture du crédit par le capital réel, liquide et exigible définissent quatre fonctions financières qui ne peuvent pas être exercées par les mêmes institutions afin qu’elles s’assurent réciproquement. La fonction de marché applique le droit défini par la souveraineté politique. La fonction de crédit mesure le droit à terme selon la réalité des engagements économiques. La fonction d’investissement garantit la mesure financière du crédit. La fonction d’assurance garantit physiquement les acteurs du système dans leur personne, leurs sociétés intermédiaires et leurs biens.

    Les institutions politiques sont nécessairement actrices de la fonction de marché par la définition du droit et actrices de la fonction d’assurance par la prise en charge des dommages physiques possiblement trop étendus pour ne pas être assumés par toute la collectivité politique. L’impôt est en finance réaliste la prime d’assurance réglée par les contribuables sur l’existence d’une communauté politique de marché des prix universellement justes. Dans un système financier rétabli sur une réalité économique identifiable, l’ordre politique dispose d’un financement indépendant des intérêts spécifiquement bancaires. La masse monétaire est la somme des primes de crédit, d’investissement et d’assurance réglées par les acteurs économiques sur l’existence effective et durable d’un équilibre entre l’offre et la demande de tout bien répondant à des besoins humains réels justes.

    L’application de ces principes connus depuis plusieurs siècles pose le problème de la convertibilité en droit des monnaies de souveraineté nationale dans un marché économique et financier mondial totalement unifié. La monnaie ne peut pas être efficiente en droit hors des souverainetés nationales ; mais par cette raison d’être nationale, la monnaie doit pouvoir régler les échanges internationaux entre toutes les associations possibles d’États comme le sont l’Union Européenne, les États-Unis, l’Inde ou le Brésil. Ici il devient nécessaire d’abandonner l’aporie de la monnaie unique multinationale pour lui substituer la monnaie commune qui ne peut être autre chose qu’une monnaie de conversion à l’intérieur d’un système de monnaies nationales.

    Le concept de monnaie commune internationale est entièrement exposé dans la théorie keynésienne de la monnaie et dans la proposition de chambre de compensation en unité de crédit international. Le bancor refusé par les États-Unis en 1944, était une monnaie de monnaies permettant la compensation internationale collective du crédit par la flexibilité négociable arbitrée des parités de changes. La comptabilisation en bancor de la liquidité de tout État national et de toute zone monétaire multinationale ou mono-nationale permettait une confrontation neutre et objective des offres et demandes de crédit international. Les zones monétaires emprunteuses nettes étaient obligées d’accepter la dévaluation de leur parité quand la collectivité internationale jugeait la liquidité de l’économie réelle insuffisante. Mécaniquement, la dévaluation des débiteurs nets entrainait la réévaluation des créanciers nets dont la production réelle trop compétitive empêchait l’adossement des crédits de liquidité en bancor sur des déficits commerciaux futurs.

    Deux obstacles pratiques s’était présentés à la mise en œuvre effective du système bancor. Premièrement, l’absence de consensus sur la collatéralisation de la liquidité en bancor par un panier négociable et ajustable d’actifs nationaux internationalisés. Deuxièmement, le refus des Étatsuniens et des Britanniques d’afficher en bancor une parité du dollar qui risquait d’être trop rapidement favorable à l’industrie européenne et une parité de la livre qui manifesterait trop clairement la ruine de l’Empire Britannique dans la deuxième guerre mondiale. De ces deux motifs, il ne reste plus aujourd’hui que la prospérité relative et toute provisoire des banques en dollar par rapport aux banques en euro. Wall Street et la City jouent désormais leurs dernières primes de risque systémique sur le chaos financier qu’entrainera le démantèlement de l’euro.

    La spéculation en dollar et livre contre l’euro est le contrepoint de la spéculation cachée des intérêts privés nationaux Allemands et Français contre l’Union politique des Européens. Si les Européens et les Américains renoncent à se suicider, ils disposent dans l’Union Européenne du cadre politique multinational permettant la mise en œuvre d’un euro-bancor qui puisse se transformer en étalon de crédit international. Avec un marché monétaire sous pilotage d’un État confédéral européen associant les souverainetés politiques nationales européennes, l’euro peut être muté en monnaie commune de négociation des parités nationales rétablies.

    Une compensation européenne en euro des règlements de crédit nationaux en monnaie nationale aura trois conséquences systémiques immédiates de stabilité financière. Elle rend au pouvoir politique la définition juridique concrète du pouvoir d’achat en droit des monnaies. Elle constitue en monnaie commune un capital systémique de garantie du crédit dans n’importe quelle monnaie convertible en euro par la compensation confédérale européenne. Elle rend au pouvoir politique la régulation des transactions réelles par le prix du droit en monnaie. Contrairement au discours politique capturé par la spéculation financière, la mutation de l’Union Européenne en cadre politique démocratique multinational du marché commun déjà constitué, a pour conséquence de restaurer la liquidité du crédit par l’exercice des souverainetés nationales.

    Il est immédiat que la délimitation de la monnaie par la souveraineté politique nationale, confédérale et internationale représentées par des unités de compte distinctes instaure un outil de mesure publique de la responsabilité des pouvoirs politiques sur l’équilibre général, bancaire et privé du crédit. L’économie réelle devient légalement objective par le choix de la monnaie signifiant le prix. Deux conditions vont devoir être réalisées pour sortir de la démence politique et financière actuelle : que la pression des réalités force la reprise en main politique du système monétaire et financier ; que la fonction monétaire de compensation du discours politique par la réalité économique soit rendue négociable et partageable entre des souverainetés nécessairement concurrentes.

    Il faut constater que la toile mondiale numérique utilisée par la spéculation financière pour jouer au bonneteau avec les moyens de vie des peuples est aussi un état civil universel et une bibliothèque de toutes les lois en vigueur. L’hypertexte relie n’importe quelle transaction numérisée à des textes contractuels, aux lois qui les régissent et aux personnes physiques, morales et politiques qui en garantissent la réalisation conformément au droit matérialisable par les monnaies. La mise ne œuvre technique d’une compensation des monnaies par les décisions politiques et le prix réel en capital et en crédit des actifs négociés est réalisable en quelques jours dans les systèmes informatiques actuels. Il n’existe plus aucun obstacle ni technique, ni logique, ni cognitif à l’utilisation de l’émission monétaire pour ce qu’elle est depuis l’origine.

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  9. RST dit :

    Rassurez-moi, le commentaire ci-dessus de Sarton du Jonchay (@SartonduJonchay) c’est bien un canular ?

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  10. yam dit :

    RST,

    J’ai l’impression que le Sardon du Jonchay n’est pas un comique et qu’il croit en ce qu’il dit. Cet individu est bien drôle dans le ridicule. Laissons le poster ici pour qu’on se marre.

    P.S : en fait, il est pédant et pisse-froid.

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  11. BA dit :

    Mardi 7 aout 2012 :

    L’Italie s’enfonce dans la récession au deuxième trimestre.

    L’économie italienne s’est enfoncée dans la récession au deuxième trimestre avec une nouvelle contraction de 0,7% de son Produit intérieur brut (PIB) par rapport au trimestre précédent, selon une première estimation publiée mardi par l’institut de statistiques Istat.

    Cette contraction correspond exactement aux prévisions des économistes, qui tablaient sur une baisse de 0,7%, selon un consensus établi par Dow Jones Newswires.

    Plombée par la crise de la dette et des plans d’austérité à la chaîne destinés à rassurer les marchés, la troisième économie de la zone euro est entrée en récession au quatrième trimestre 2011 avec un repli de 0,7% du PIB.

    Avec cette nouvelle contraction de 0,7%, le PIB italien enregistre une baisse pour le quatrième trimestre consécutif. En glissement annuel, celui-ci s’est contracté de -1,9%, selon les données diffusées mardi par l’Istat.

    La contraction du deuxième trimestre reste néanmoins inférieure à celle du premier trimestre 2012 (-0,8%) et bien moindre que celle enregistrée au premier trimestre 2009 quand le PIB s’était effondré de 3,5% sur un trimestre, sous les coups de boutoir de la crise économique mondiale.

    Le 17 juillet, la Banque d’Italie a revu à la baisse ses prévisions pour le PIB italien tablant sur un repli de -2% en 2012 (contre un maximum de -1,5% prévu précédemment) et une poursuite de la récession en 2013 (-0,2%) alors qu’auparavant elle misait sur une reprise (+0,8%) l’an prochain.

    Pour sa part, le gouvernement italien table toujours sur une contraction de 1,2% du PIB en 2012 et un retour à la croissance de 0,5% en 2013, tandis que Bruxelles et le FMI sont plus pessimistes prévoyant respectivement une contraction de 1,9% et de 2% pour le PIB italien.

    « Les prévisions du gouvernement sont clairement dépassées », a analysé pour l’AFP Chiara Corsa, économiste à Unicredit.

    L’experte tablait en réalité sur un net ralentissement de la récession au deuxième trimestre et une chute du PIB limitée à – 0,5%. « Après l’annonce de mardi, la fin de l’année suscite une forte inquiétude », a-t-elle souligné.

    « Nous sommes dans une phase de contraction grave. Les investisseurs sont désormais à la recherche d’une preuve que le gouvernement Monti peut aller au-delà de l’austérité, vers la croissance », a estimé Giuliano Noci, expert économique à l’Ecole polytechnique de Milan.

    L’Istat ne donne pas de détail sur les composantes du PIB, mais selon les dernières statistiques publiées, la production industrielle, pilier de l’économie italienne très liée aux exportations manufacturières, s’est contractée de 1,7% au premier trimestre 2012, et de 8,2% sur un an.

    La consommation a également accusé un nouveau repli de 0,2% en mai sur un mois, après avoir déjà enregistré des baisses de 1,7% en avril et 0,7% en mars, selon des données diffusées par l’institut de statistiques Istat, les Italiens se serrant la ceinture sur fond d’austérité et de récession.

    http://www.romandie.com/news/n/_L_Italie_s_enfonce_dans_la_recession_au_deuxieme_trimestre44070820121321.asp

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  12. BA dit :

    Mardi 7 aout 2012 :

    Une dépêche AFP très importante :

    En mars, la zone euro avait lancé un deuxième programme d’aide à la Grèce, d’un montant de 130 milliards d’euros, passant par un effacement notable de la dette grecque détenue par le secteur privé. Grâce à ce programme, la dette du pays devait revenir en-deçà de 120% d’ici 2020 contre plus de 160% actuellement.

    Mais le programme est « sorti des rails », selon de nombreux responsables européens, et a pâti de plusieurs mois d’inertie politique en Grèce. Résultat, les besoins financiers de la Grèce ont augmenté.

    « On n’a plus de marge de manoeuvre s’il faut faire un nouvel effort pour les Grecs, car on a déjà imposé une décote terrible aux banques. Il faudra aller vers les bailleurs de fonds publics donc les contribuables nationaux », a estimé un diplomate européen.

    La Grèce pourrait donc être contrainte de négocier une restructuration de sa dette vis-à-vis de la Banque centrale européenne et des Etats de la zone euro.

    Cette idée a déjà circulé en mars dernier mais n’a jamais pris forme, face au refus de la zone euro et de l’institut monétaire.

    http://www.romandie.com/news/n/UEBruxelles_ne_va_pas_demander_a_Athenes_de_reduire_son_deficit_plus_que_prevu58070820121630.asp

    La phrase importante est ici :

    « On n’a plus de marge de manoeuvre s’il faut faire un nouvel effort pour les Grecs, car on a déjà imposé une décote terrible aux banques. Il faudra aller vers les bailleurs de fonds publics donc les contribuables nationaux », a estimé un diplomate européen.

    En clair : il va y avoir une deuxième restructuration de la dette grecque. Les prêteurs publics vont perdre des dizaines de milliards d’euros : il va falloir recapitaliser la BCE.

    Les contribuables de la zone euro peuvent préparer leurs carnets de chèques.

    La deuxième restructuration de la dette grecque sera, en bout de chaîne, payée par les contribuables de la zone euro.

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  13. BA dit :

    Mercredi 8 aout 2012 :

    Selon un article du « Wall Street Journal », le FMI – un des principaux bailleurs de fonds de la Grèce – fait pression pour que les Etats de la zone euro acceptent de subir des pertes sur les obligations grecques qu’ils détiennent et que, de son côté, Athènes ramène sa dette publique autour de 100% du PIB.

    Jusqu’ici, seul le secteur privé (banques, assurances, etc.) a accepté de subir d’importantes pertes sur la dette grecque.

    http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0202208717094-grece-s-p-abaisse-la-perspective-de-la-note-a-negative-351406.php

    « On n’a plus de marge de manoeuvre s’il faut faire un nouvel effort pour les Grecs, car on a déjà imposé une décote terrible aux banques. Il faudra aller vers les bailleurs de fonds publics donc les contribuables nationaux », a estimé un diplomate européen.

    En clair : il va y avoir une deuxième restructuration de la dette grecque. Cette fois, ce seront les prêteurs publics qui vont subir des dizaines de milliards d’euros de pertes.

    Concrètement : lors de la deuxième restructuration de la dette grecque, la BCE et les Etats de la zone euro vont subir des dizaines de milliards d’euros de pertes.

    Conséquence : il va falloir recapitaliser la BCE. Et il va falloir que les Etats de la zone euro subissent des pertes.

    France : le Parlement s’inquiète de l’accumulation des engagements pris pour soutenir la Grèce.

    Dans son rapport, le député Christian Paul (PS) chiffre à 50,8 milliards d’euros les prêts à la Grèce devant être garantis par la France dans le cadre du Fonds européen de stabilité financière ; « il ne s’agit pas de prêts, mais bien de pertes que les Etats de la zone euro acceptent de consentir vis-à-vis de la Grèce ».

    Source : lesechos.fr, mardi 7 aout 2012

    Contribuables français, préparez-vous à payer.

    Contribuables français, préparez-vous à payer pour la deuxième restructuration de la dette grecque.

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