237 – Chartalisme (extraits wikipedia)

Le chartalisme, du latin charta signifiant « papier, écrit » est une théorie monétaire dans laquelle la monnaie est un bon, un avoir, un coupon pour des taxes à payer. L’argent ainsi créé est appelé monnaie fiduciaire, sa valeur découle des taxes dont il permet de s’acquitter, puis du désir qu’ont les individus d’en épargner pour se les échanger avant même de payer de ces taxes. L’État crée la monnaie en dépensant, et détruit cette monnaie en la taxant : la fiscalité sert alors à revendiquer la monnaie et à contrôler la masse totale de monnaie en circulation. La fiscalité devient un outil monétaire essentiel au maintien de la valeur d’échange de la monnaie. Le chartalisme connait un approfondissement et un renouveau important depuis les années 1990 avec le néochartalisme

Le Chartalisme

La théorie originale fut développée par l’économiste Georg Friedrich Knapp au début du 20e siècle avec d’importantes contributions de la part du juriste Alfred Mitchell-Innes. En 1930, elle a influencé le Traité sur la monnaie de John Maynard Keynes1. Pour insister sur le fait que cette monnaie résulte d’actes souverains, cette monnaie fiduciaire est souvent renommée monnaie souveraine, Knapp donne sa définition et l’appelle monnaie valuta : c’est le moyen de paiement définitif, c’est-à-dire n’impliquant aucun paiement ultérieur, au contraire des monnaies de crédit. La portée empirique de cette théorie est très particulière : elle est universelle car il est impossible de ne pas décider en premier d’émettre cet artefact humain qu’est la monnaie, pour qu’ensuite on puisse ne dépenser que ce qu’on a acquis ; mais elle est presque aussi universellement méconnue au point que, le plus souvent, le souverain s’encombre de contraintes artificielles, comme la convertibilité en or à taux fixe, ou de l’emprunter au préalable. Ces contraintes supplémentaires n’influent pas sur les mécanismes de création et de destruction monétaire, uniquement sur les décisions de le faire. Ainsi, un souverain peut décider de cesser d’émettre de la monnaie simplement parce qu’il s’effraie de la faiblesse de la couverture en or de sa monnaie. Il peut aussi recouvrer sa pleine souveraineté simplement en refusant de promettre une quantité fixe d’or pour chaque unité monétaire, par exemple à l’occasion d’une guerre. Knapp avait prévu avec sept décennies d’avance que ce ne serait pas éternellement temporaire et réservé aux crises, mais deviendrait la règle, et il le déplorait.

Le Néochartalisme

Divers auteurs sont parvenus à leur tour jusqu’aux découvertes de Knapp, mais avec un grand enthousiasme. Warren Mosler le fit grâce à son expérience de financier américain et l’appela soft currency economics (science économique de la monnaie douce, littéralement). Le professeur australien William Mitchell le fit en recherchant les conditions du plein emploi, et l’appela Modern Monetary Theory (Théorie Monétaire Moderne, ou MMT). Larry Randall Wray le fit en redécouvrant les travaux de Knapp, via Keynes, et l’appela Neochartalism, mais reprit plus tard à son compte le terme Modern Monetary Theory avec les autres professeurs américains l’ayant rejoint. Il semble donc que l’appellation de ce jeune courant de pensée (initié dans les années 1990) formé de la fusion de ces différentes approches semblables se stabilise autour de Modern Monetary Theory. Toutefois, c’est comme neochartalism qu’il fut publicisé par The Economist, et néochartalisme est la seule traduction française connue. Les néochartalistes se sont encore nourris de précurseurs ayant fait en leur temps la redécouverte des trouvailles de Knapp, comme Abba Patchya Lerner après-guerre en poursuivant la quête de stabilité économique de Keynes, et sa finance fonctionnelle. Ce dernier était alors si hégémonique que des libéraux aussi fermement convaincu que Milton Friedman ont prôné la création monétaire souveraine pure et simple.

Transactions verticales

Sont ainsi appelées toutes les transactions impliquant l’État, c’est-à-dire principalement le Trésor, et éventuellement la Banque Centrale. Peu importe ici que l’autre partie soit nationale ou étrangère, ce qui compte c’est que l’un soit émetteur de la monnaie souveraine, alors que l’autre n’est qu’utilisateur de cette monnaie. De manière inhérente à la construction comptable, la dépense nette de l’État ajoute son montant à la trésorerie de l’utilisateur de la monnaie, et la recette nette de l’État ôte son montant à la trésorerie de l’utilisateur de la monnaie ; on dit que le déficit public est enregistré comme actif net supplémentaire pour les autres secteurs, et qu’à l’inverse, le surplus budgétaire de l’État est enregistré comme diminution des actifs nets des autres secteurs. Aussi, par définition, le revenu net de l’État, celui du secteur privé et celui de l’étranger s’annulent : (T – G) + (S – I) – BC = 0, avec T les recettes de l’État, G ses dépenses, S l’épargne privée, I l’investissement privé, et BC la balance courante donnant le revenu net dégagé par l’économie nationale sur l’étranger (il faut donc l’inverser pour avoir le revenu net de l’étranger). C’est une équation comptable, et non une équation de modélisation économique, elle est universellement vérifiée. On peut la lire ainsi : (S – I) = (G – T) + BC, c’est-à-dire que l’épargne privée nette est égale à la somme du déficit public et de la balance courante, donc que le secteur privé ne peut épargner que si un État s’autorise un déficit ou si l’étranger est lui-même en déficit.

Cette constatation va à l’encontre de l’opinion dominante affirmant que l’État doit rembourser tôt ou tard ses déficits budgétaires. Il faut un déficit pour monétariser une économie, un déficit pour financer la croissance, et encore un déficit pour financer l’épargne du secteur privé lorsqu’il souhaite rembourser ses dettes avant de croître à nouveau. Il se peut qu’il soit souhaitable, pour un néochartaliste, que le budget public fasse un surplus (l’inverse d’un déficit), mais en pratique, ce sera éphémère, de faible volume, et en aucun cas la somme de tous les surplus budgétaires n’égaliseront la somme de tous les déficits précédents. Voici le cas des États-Unis résumé par le professeur Wray :

« À une brève exception près, le gouvernement fédéral a été endetté chaque année depuis 1776. En janvier 1835, pour la première et seule fois de toute l’histoire des U.S.A., la dette publique fut éliminée, et un surplus budgétaire fut maintenu les deux années suivantes pour accumuler ce que le Secrétaire au Trésor Levi Woodbury appela « un fond pour faire face aux futurs déficits. » En 1837 l’économie s’effondra en une grande dépression qui mit le budget en déficit, et le gouvernement a toujours été endetté depuis. Depuis 1776 il y eut exactement sept périodes de surplus budgétaires substantiels avec une réduction significative de la dette. De 1817 à 1821 la dette nationale baissa de 29 % ; de 1823 à 1836 elle fut éliminée (les efforts de Jackson) ; de 1852 à 1857 elle chuta de 59 %, de 1867 à 1873 de 27 %, de 1880 à 1893 de plus de 50 %, et de 1920 à 1930 d’environ un tiers. Bien sûr, la dernière fois que nous avions un surplus budgétaire était durant les années Clinton. Je ne connais pas de ménage qui fut capable d’avoir un budget en déficit pendant approximativement 190 des 230 et quelques dernières années, et d’accumuler des dettes virtuellement sans limite depuis 1837.
Les États-Unis ont également connu six périodes de dépression. Les dépressions commencèrent en 1819, 1837, 1857, 1873, 1893, et 1929. (Ne remarquez-vous rien ? Jetez un œil aux dates listées au-dessus.) À l’exception des surplus de Clinton, chaque réduction significative de la dette en cours fut suivie d’une dépression, et chaque dépression fut précédée par une réduction de dette significative. Le surplus de Clinton fut suivi par la récession de Bush, une euphorie spéculative, et maintenant l’effondrement dans lequel nous nous trouvons. Le jury délibère encore pour savoir si nous pourrions réussir à en faire une nouvelle grande dépression. Bien qu’on ne puisse jamais éluder la possibilité d’une coïncidence, sept surplus suivis par six dépressions et demi (avec encore quelque possibilité pour en faire la parfaite septième) devrait faire hausser quelques sourcils. Et, au passage, nos moins graves récessions ont presque toujours été précédées par des réductions du budget fédéral. Je ne connais aucun cas de dépression engendrée par un surplus du budget des ménages. » Source de la traduction.

Cette histoire traverse divers systèmes monétaires (étalon or, étalon change or, monnaie souveraine) et on peut y constater le hiatus entre la nature irrévocablement néochartaliste de la monnaie de l’État et l’utilisation que l’État en fait dans le cas de la dépression de 1837 : non seulement les surplus budgétaires ont totalisé tous les déficits en 1835, mais le Trésor accumula encore deux années de surplus, jusqu’à la dépression de 1837. Cela s’explique par le fait que le système adopté était celui de l’étalon-or, donc, l’État pouvait épuiser son secteur privé à lui fournir inutilement de l’or, drainant la trésorerie du secteur privé, alors même qu’il n’y avait de risque futur de défaut étatique que par ce choix de l’or. Comme toujours, lorsque l’économie devient trop fragile, les agents économiques simples utilisateurs de la monnaie restreignent leurs dépenses de peur de faire faillite à leur tour, ce qui perpétue la dépression… Dans le cas d’une monnaie souveraine (l’État ne s’est pas encombré d’un autre moyen de paiement définitif dans lequel sa monnaie est convertible à taux fixe et dont il n’est pas l’émetteur, c’est-à-dire dans lequel il s’est mis en position de faire éventuellement défaut), il n’aurait pas été possible d’arriver jusqu’en 1835, car la monnaie souveraine perdue (pièce de monnaie dans la nature, billet brûlé par Serge Gainsbourg) ou farouchement épargnée n’aurait pas pu être récupérée…

Fondé sur ces constatations, le néochartalisme recommande un budget fortement contra-cyclique, une monnaie fiduciaire dont l’État dispose du monopole d’émission, la taxation en cette seule monnaie, de ne jamais administrer des plans d’austérité en période de crise mais de faire des stimulus. Elle prône également, pour que les stabilisateurs soient encore plus efficaces, l’instauration d’une agence d’État employeuse type WPA chargée d’employer à salaire universel fixe tous ceux qui le désirent, ce qui constituerait un stock-tampon d’employés pour le privé autrement plus efficace et plus humain que la masse actuelle des chômeurs… Cette dernière, dénommée Job Guarantee (JG) ou Employer of Last Resort (ELR) en anglais est généralement traduite par Employeur en Dernier Ressort (EDR) en français.

(à suivre)

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20 commentaires pour 237 – Chartalisme (extraits wikipedia)

  1. Je suis ravi de voir que la page Wikipédia que j’ai rédigée vous intéresse (il n’y avait qu’une demi-douzaine de lignes avant mon intervention). Pour avoir plus de renseignements sur le néochartalisme, n’hésitez pas à consultez mon blog ou celui d’Aliena bien qu’elle l’ait mis en sommeil. Sinon, il y a beaucoup plus de ressources anglophones, les liens indispensables figurent sur la page wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Chartalisme

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  2. Jean Jégu dit :

    Enfin ! … Il semblerait se confirmer que tous les hommes ( et toutes les femmes ! ) de bonne volonté ont le cerveau sensiblement fait de la même façon et que les errements de notre temps finiront par être démasqués et disparaître. Je m’en réjouis.

    Bouteille à la mer

    Des mots pour le dire

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    • Jean Jégu dit :

      Pardon. Je rectifie le second lien !

      Des mots pour le dire

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      • Vous n’êtes pas seul du tout. Milton Friedman l’avait expliqué (à l’époque où le consensus académique l’obligeait à plus d’honnêteté) :

        Quand Milton Friedman était presque néochartaliste

        Michal Kalecki l’avait expliqué :

        Aspects politiques du plein emploi, par Michal Kalecki

        Comme ils le disent tout deux, il s’agit d’un consensus à cette époque, et comme le confirme Polanyi : http://frappermonnaie.wordpress.com/2012/02/12/quand-lequilibre-du-budget-public-netait-evidemment-quun-prejuge/

        Et il y avait tout le chartalisme encore avant. Aujourd’hui, il y a un Nobel d’économie comme Samuelson : http://frappermonnaie.wordpress.com/2011/12/07/5-une-dette-insoutenable/

        et tous les néochartalistes.

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        • Opps' dit :

          Cela fait 30 ans que les équilibre budgétaire ne sont plus respectés , en France et dans de nombreux pays … il y a donc longtemps que la règle d’or est dans les poubelles des keynésiens … … et avec le résultat que l’on voit …

          Je concède qu’il est , à présent, un peu stupide de s’imposer une règle qui ne ferait qu’aggraver les choses uniquement pour
          satisfaire les « marchés » , mais une grande partie du mal vient bien de là : la fabrication de monnaie à tout va , soit par les gangsters de la City soit par les keynésiens.

          Dans tout les cas il en résulte un grand désordre dans les échanges de richesses et dans les tranferts de ‘valeurs’ … et une situation d’endettement excessif qui paralyse la production et la consommation.

          (IL ne m’a pas échappé pour autant que la monnaie étant une dette qui circule, il faut forcément un déficit quelque part pour la créer , mais légitimer cette pratique sous ce prétexte est stupide)

          Bien entendu la banques dans une certaines mesures et surtout les grandes puissances financières sauront profiter de cette situation. pour faire de la ‘valeur’ uniquement à partir de la monnaie en excès.
          Mais quelqu’un devra payer à un moment donné cette fausse monnaie qui n’a aucun débiteur précis pour la ‘financer’ réellement.
          C’est à dire que la ponction sera opérée sur nous, les ceux d’en bas : bien entendu nous pourront sacrifier « nos » riches si tant est qu’on soit en mesure de leur reprendre cette fausse richesse pourtant bien réelle dans leur poches (surtout quand elle est aussi disséminée un peu partout chez les moyens et petit riches ) , sans en subir des dommages collatéraux importants …

          Le diagnostic de Mélanchon est correct, (encore que celui de Dupont-Aignan et celui de Cheminade soient respectivement plus réaliste et plus incisif) , mais ses remèdes proposés sont risibles face à la contrainte extérieure (qui d’ailleurs a ses racines dans le consentement de notre comportement) et au limite de l’appareil étatique dont l’efficacité (en dehors de la coercition toujours possible effectivemet) est bien trop idéalisée.

          Pour en revenir à la fabrication de la monnaie : c’est un pourvoir considérable qu’il est bien dangereux de mettre exclusivement entre les mains d’un autre pouvoir au prétexte d’un supposé modèle théorique qui fonctionne bien … sur du papier . Séparation des pouvoir oblige.

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        • @ Opp’s

          Vous confondez la monnaie de crédit, c’elle que vous obtenez temporairement auprès des banques et en payant des intérêts, et la monnaie souveraine, celle que vous détenez sans autre contrainte que le système fiscal. Je suis pour l’abolition des derniers restes du système étalon-or, et que l’État ne fasse même plus semblant de se faire crédit via les banques centrales et le plus souvent les banques. Les stabilisateurs automatiques sont tout ce dont nous avons besoin.

          Pour les plans de relances, non seulement ça fait de nombreuses décennies qu’il n’y en a pas eu, mais en plus il ne faut surtout pas confondre déficit et inflation : nos déficits actuels sont deux fois plus gors que ceux des années 1970, mais notre inflation est bien inférieure ; l’inflation n’est pas nécessairement le fruit d’une création monétaire à tout va, ça peut être le résultat d’un choc par l’offre comme pour les pics pétroliers.

          Il n’y a aucun intérêt à respecter un déficit zéro pour respecter un déficit zéro. Je préfère que la richesse, l’accroissement de la population etc. soit représentés par de l’argent que nous détiendrions purement et simplement, et drastiquement réguler les banques, plutôt que de tous se croire obligés de passer par le crédit bancaire, tous obligés de rentrer dans le servage pour dette, tous apeurés à l’idée de toucher aux divines banques.

          Rassurez-vous, je suis pour la démocratie et sa séparation des pouvoirs, je suis pour que la monanie appartiennent à la démocratie plutôt qu’à des banques encore moins contrôlables, le néochartalisme ne fonctionne pas que sur le papier : regardez bien la citation de Wray ci-dessus. Et je préfère qu’il n’y ait pas de débiteurs et que nous nous tenions tous par la volonté de garder les prix stables plutôt que par le servage pour dette et les bulles inflationnistes dont se repaissent les ainsi inexpugables banquiers.

          Voici un billet sur le masochisme inhérent à la volonté de rester dans un système d’endettement (c’était vrai aussi pour l’or).

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        • Opps' dit :

          Je ne confonds rien du tout J-B. B. , c’est vous -et bien d’autres qui fréquentent ce site sympathique au demeurant même si le débat se passe ailleurs- , qui , en sur-idéalisant la monnaie et en faisant de sa nature le centre de la crise actuelle , confondez tout.

          La monnaie est un système de comptabilité . Que la monnaie soit un bien déjà constitué qui circule, une promesse de remboursement gagé sur un droit futur , un simple tiquet assis sur la puissance où la parole de l’Etat, ou mieux encore
          une monnaie d’Etat , ou même une monnaie permanente, la
          constitution d’un outil de production passe toujours par un endettement initial , du moins dans nos sociétés actuelles où il est posé que c’est à la société civile de s’organiser d’abord , l’Etat n’intervenant que comme structurateur actif de long terme.

          Il me semble d’ailleurs que le système de monnaie crédit présente l’immense avantage de pouvoir coller aux besoins de liquidités et de financement de façon dynamique . Tout autre système se heurte à la problématique de la détermination de la masse monétaire optimale.

          Vous me direz que ce système a failli. Mais en ce qui concerne sa faillite récente (bien qu’il ait d’autres défauts par ailleurs) , c’est pour des raisons assez bien identifiées d’excès de liquidité et donc forcément d’excès de dette.
          A la base de cet excès l’idéologie mécaniste keynésienne de la dépense, du déficit et de la relance (qui est utile de façon circonstancielle pour lisser les à-coups, pas plus) et également l’idéologie superficielle et gangster de la ‘valeur’ ,du monde anglo-saxon (et la globalisation de la spéculation)

          Dans les deux cas , ouvrez les yeux , malgré leurs discours, le tabou de la planche à billet est depuis longtemps passé à la trappe ! Depuis 30 ans les faux-monnayeur règnent , avec la complicité de la gauche de gouvernement qui a tellement de gage à donner au système qu’elle en devient toujours libéral-honteuse, et de la droite avide de profit (les 2 adorant l’argent facile)

          La masse monétaire n’a plus rien a voir avec la quantité de liquidité utile pour faire fonctionner la production de biens et services. Cet excès produit mécaniquement , de façon fatale , soit directement de l’inflation sur les prix des biens et services , soit en ammonts des bulles sur les matières premières ou précieuses , ou bien un peu entres les deux sur l’immobilier.

          Cet excès de monnaie , de fausse monnaie , puisqu’elle ne correspond à rien , produit donc des déplacement de richesse et des écarts de prix sur lesquels vient se batir le grand jeu de la spéculation.
          Et là il faut avouer que la globalisation a rendu possible un formidable secteur de création de fausse valeur … mais en monnaie sonnante et trébuchante !

          Et plus l’endettement grandit , plus les perspective de défaut divers augmentent, PLUS alors la spéculation devient générale , chacun cherchant à protéger son patrimoine , et PLUS alors le grand terrain de jeu spéculatif aspire et provoque des créations monétaires … et PLUS les keynésiens tels les shadocks inondent la société de fausses liquidités pour compenser le pompage de valeur et la destruction du tissu que tout cela provoque.

          Car les profits réalisés dans ces secteurs financiers , même une fois la monnaie créee le matin et détruite par remboursement le soir, correspondent à des droits à prendre , c’est dire que quelqu’un doit les payer … les financer, les rendre concrets ! Ce grand vol ne peut se réaliser que par une augmentations des prix , pas forcément sur les produits de base (car la crise et la concurrence peuvent masquer cette prédation au travers des prix) , mais au travers de quelque chose à payer à un moment donné , donc à une diminution de notre niveau de vie.
          C’est mécaniquement fatal.
          Sans parler que les rendements financiers étranglent le secteur productif et ,assez paradoxalement aboutisse à la fois sur du chomage et sur des baisses des prix , … au prix d’une qualité de vie diminué.

          On assiste donc à des déplacements et concentrations de richesse qui n’ont rien à voir avec le pur partage des profits . Le grand public cherchant des coupables exerce sa vindicte sur leurs entreprises qui font des profits, sur les banquiers et sur les politiques … tout en réalisant avec dépit que pour diverses raisons , il est difficile d’aller au bon de sa logique de comdamnation , dans la pratique (Enfin un bon nettoyage dans le secteur bancaire serait bienvenu … encore le faudrait-il international …)

          Bref , même si ses solutions sont risibles, je voterai pour Méluche au 1er tour, et au second certainement pas pour Hollande (aller à la pêche ?) ,-bien plus réactionnaire et globalo-libéral que Sarkozy-, sans parler de la grande inertie naturellement paralysante de son caractère qui sera renforcée par les nombreuses contraintes de tous ordres et l’endettement magique qui finance les dépense de fonctionnement et les rentiers prêteurs.
          Quoique le reniement déguisé est une tradition socialiste française que ses électeurs sont les premiers à accepter d’avaler, c’est vrai.

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        • @ Opps

          Très bien : supprimez les bons du Trésor et ne laissez que les dépenses du trésor créer de la monnaie, ses revenus en détruire, et les stabilisateurs automatiques équilibrer la masse de la monnaie, comme l’expliquait Milton Friedman. Et sans plan de relance keynésien.

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        • Opps' dit :

          J-B. B. , Friedman n’est pas la référence ultime . De toute façon , il n’a pas retenu sa propre idée.
          Par ailleurs en mettant les dépenses de l’Etat comme source de la création monétaire, vous mettez l’Etat au centre de l’activité totale de la société, par un glissement naturel.
          La notion d’utilité qu’on arrive très péniblement à saisir au travers de la rentabilité sera à nouveau faussée , comme elle l’est actuellement par l’excès de monnaie qui engendre la spéculation financière. La dépense systématique deviendra la tentation et la réalisation de tous les démagogues et les populistes.

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  3. postjorion dit :

    La différence entre le chartalisme (originel) et le néochartalisme ne m’apparrait pas très claire : pouvez-vous préciser ?

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    • Le le chartalisme a été absorbé par le keynésianisme de manière officieuse, et redécouvert sans prendre connaissance de Knapp ou du chartalisme par Warren Mosler, un financier ayant étudié comment le système dans lequel il bosse fonctionne vraiment, et par William Mitchell travaillant sur les stocks-tampon et comprenant que l’État peut régler le chômage par ce biais, sans inflation et en ont conclu qu’on pouvait résoudre le problème du chômage sans inflation, par déficit public.

      Parallèlement L. R. Wray s’est intéressé à l’histoire de la monnaie, pour voir jusqu’où remonte la découverte de Mosler, et il a ainsi redécouvert Knapp et considérablement enrichi le courant de pensée en ajoutant Minsky, Keynes, et plus tard Abba Lerner, et d’autres penseurs encore qui ont tous compris lors de l’après-guerre que la nécessité du déficit zéro n’était qu’un mythe. Ils se sont beaucoup influencé et enrichi réciproquement au point que le courant de pensée s’est formalisé : MMT, et étendu avec les disciples de Wray comme Kelton, ou d’autres universitaires comme Black…

      Sinon, à part l’Employeur en Dernier Ressort et sa fonction d’emploi-tampon, il y a simplement redécouverte et peaufinement du chartalisme qui est tabou chez les libéraux, et occulté par eux.

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  4. Hadrien dit :

    EUREX: La bourse de Francfort introduit un instrument de spéculation de masse
    CONTRE LA DETTE FRANÇAISE. Lancement le 16 Avril, semaine du premier tour !
    http://www.marianne2.fr/Une-autre-crise-de-la-dette-
    a-venir_a216600.html

    Éditorial de l’ancien trader MARC FIORENTINO du 23 mars, pour Allofinance :

    “Quel hasard! Quelle coïncidence. 13 ans après la disparition du MATIF, le marché à terme des instruments financiers, une semaine avant les élections française, tous les spéculateurs du monde entier pourront facilement vendre à découvert de la dette française. Facilement. A coûts bas. Et avec un effet de levier maximum. Non, bien sûr, la “Finance” ne se prépare pas à la guerre contre François 2.
    À partir du 16 Avril, tout le monde pourra spéculer contre la dette Française
    C’est une annonce qui est passée relativement inaperçue. Le 16 Avril, soit, quelle coïncidence, une semaine avant le premier tour des élections françaises, le marché des dérivés, l’Eurex, va ouvrir un contrat à terme sur les emprunts d’État français. Qu’est ce que cela veut dire? Très simplement. Jusqu’à présent, si vous vouliez spéculer contre la dette française, vous n’aviez que deux moyens: acheter des CDS, ces fameux contrats d’assurance contre la faillite, ou vendre à découvert des emprunts d’État français, deux moyens destinés aux grandes institutions financières et aux gros fonds spéculatifs et qui nécessitaient de gros moyens.
    Avec l’ouverture de ce contrat, ce sera plus facile
    Tout le monde ou presque pourra acheter ou vendre à découvert des emprunts d’Etat français. Facilement. Et en plus avec un effet de levier de 20. C’est-à-dire qu’avec 50 000 euros seulement vous pourrez vendre à découvert 1 million d’euros d’emprunts d’État français. C’est l’arme idéale pour attaquer la France. Cela fait plus de 13 ans qu’avec la disparition du MATIF, le marché à terme des Instruments Financiers, on ne pouvait plus spéculer contre la France aussi facilement.
    On va dire que c’est une simple coïncidence. Que c’est un hasard si quelques jours avant les élections françaises, les spéculateurs du monde entier se dotent d’une arme fatale, bon marché, et à fort effet de levier pour s’attaquer à la dette française. Il n’y a pas de complot. Rassurez-vous. Dormez tranquille. Il ne se passera rien….”

    Communiqué de Solidarité et Progrès (JACQUES CHEMINADE), 9 avril 2012, 17:03 : les spéculateurs comptent prendre en otage le prochain président français.

    Tout le monde sait, comme cela a été le cas avec Barack Obama en janvier 2008, que le ton d’une nouvelle présidence est donné dès les premiers jours de l’entrée en fonction du vainqueur. Si le nouveau président hésite à prolonger l’élan qui l’a conduit à la victoire, le rapport de force s’inverse rapidement et il devient ensuite trop tard pour changer quoi que ce soit.
    Un candidat aussi hésitant que François Hollande, qui accuse « la finance sans visage », tout en lui proposant une entente cordiale, ou tout autre candidat par ailleurs, sera-t-il en mesure de prendre la mesure de cette menace ? Dès ce matin, Jacques Cheminade, interrogé par Jean-Jacques Bourdin sur RMC-BFM, a exposé le danger.
    La menace brandie par Eurex – la plus grande place financière pour les produits dérivés dans le monde – avec 24 millions de contrats échangés en 2010 sur une base quotidienne – doit être prise au sérieux. Eurex, une société germano-suisse, a acquis International Securities Exchange (ISE) en 2007 aux États-Unis et est aujourd’hui représentée à Londres, Paris, Chicago, New York, Hong Kong, Tokyo et Singapour.
    Rappelons qu’Eurex avait introduit un contrat sur la dette italienne en 2009, un acte qui n’est pas sans rapport avec la mise sous tutelle de l’Italie deux ans plus tard par le technocrate Mario Monti de Goldman Sachs.
    Aujourd’hui, c’est donc clairement la France qui entre dans le viseur.

    Message de Forum, 10 avril 08:55, par André-Jacques Holbecq (auteur de « La dette, une affaire rentable. A qui profite-t-elle? », « Argent, dettes et banques », Ed. Y.Michel )

    « La gestion budgétaire d’un pays devrait inclure la possibilité pour lui de monétiser ses besoins de financement, donc de ne pas devoir faire appel aux marchés financiers. C’est ce que nous réclamons, soit par le « 100% monnaie » soit par le « chartalisme ». Mais des candidats comme Mélenchon, Dupont-Aignan ou Le Pen, le réclament également : le dogme monétariste de l’U.E. et de la BCE est mortifère…. »

    Heureusement que « l’adversaire de la finance », HOLLANDE, avait son arme secrète: la position de son conseiller économique Cahuzac, président de la Commission des finances à l’Assemblée, dans son débat pour « Le Monde » du 29 mars:

    « Réduire les déficits est impératif… et le plus vite serait le mieux
    … il faut conserver la confiance des investisseurs. »

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  5. A-J Holbecq dit :

    J’essaye de piger comment fonctionnerait le système bancaire dans le chartalisme et je ne suis pas du tout certain d’avoir compris: quelques précisions de Jean-Baptiste B. seraient utiles…

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    • Jean Jégu dit :

      Ce sera à Jean-Baptiste de confirmer ou d’infirmer, mais pour ma part, quand il écrit

      : »L’État crée la monnaie en dépensant, et détruit cette monnaie en la taxant : la fiscalité sert alors à revendiquer la monnaie et à contrôler la masse totale de monnaie en circulation. La fiscalité devient un outil monétaire essentiel au maintien de la valeur d’échange de la monnaie »

      , je retrouve en quelques mots ce que j’ai essayé d’analyser dans le texte intitulé Des mots pour le dire … … C’est ce qui explique la tonalité enthousiaste de mon premier commentaire du 9 avril à 20:52 !

      Je nuancerais un peu en ajoutant que je considère que la vente de services publiques serait aussi une autre façon – complémentaire – de « revendiquer » la monnaie préalablement émise pour le paiement des dépenses de l’ Etat.

      Mais il est extrêmement réconfortant et encourageant de s’apercevoir que ce que nous imaginons péniblement loin des milieux universitaires, quand ce n’est pas à l’ombre de leur mépris, a été en fait déjà pensé depuis longtemps par certains d’entre eux tandis que leur grande majorité semble l’ignorer !

      Le chartalisme pourrait nous projeter dans un autre monde, mais nous serions sans doute bien inspirés de lui trouver un autre nom !

      Il est vrai que je ne réponds pas du tout à la question posée par AJH, Que ferait alors le système bancaire ? Un travail de comptable et rien d’autre sans doute. Bien entendu, si certains voulaient organiser des jeux d’argent, on les laisserait faire tant du moins que ça ne nuirait pas à l’ordre public ! Mais la finance au moins ne nous tiendrait plus à la gorge.

      Cordialement.

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      • A-J Holbecq dit :

        D’accord avec toi, mais, non, tu ne réponds pas à ma question (ce que fera peut être J-B B.) … comment empêcher les banques de créer de « leur » monnaie ? (mais tu connais ma réponse 😉 )

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