222 – Harribey: monnaie, inflation et dette

Un papier d’Harribey sur la monnaie, l’inflation et la dette publique

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De la création monétaire et des décisions arrêtées lors du sommet européen des 8-9 décembre 2011

Jean-Marie Harribey

9 décembre 2011

Version 2

La crise du capitalisme mondial se décline en Europe sous une forme qui ne laisse pas de surprendre le citoyen, tellement le discours ambiant la pare de qualificatifs trompeurs : crise grecque, crise des dettes publiques, crise de l’euro, et dernièrement crise de gouvernance européenne. Beaucoup de questions que tous (non-économistes comme économistes) se posent portent sur la création monétaire dont on pressent qu’elle est sous-jacente aux rapports de force qui s’expriment pour résoudre la crise.

I- Préliminaires

Il y a quelques principes monétaires qui peuvent être énoncés en préalable. Le premier des cinq présentés ci-dessous est facile à comprendre, les quatre autres sont plus complexes.

1.  On ne peut pas dire si un nouveau crédit constitue de la création de monnaie à un instant t, et ce quel que soit le dispenseur de ce crédit, banque ordinaire ou banque centrale.

On ne peut se prononcer qu’au vu d’une période, au bout de laquelle on calcule le solde des nouveaux crédits et des remboursements effectués pendant cette période.

2.   Un crédit bancaire peut être accordé à un agent économique sur épargne préalablement déposée par un autre agent : par exemple, je demande à mon banquier d’acheter pour moi des obligations publiques qui constituent un crédit à l’État ; dans ce cas-là, il n’y a pas création de monnaie nouvelle puisque la liquidité dont je ne dispose plus est entre les mains de l’État.

Mais la banque pratique le crédit bien au-delà des dépôts et c’est ici qu’intervient le processus de création monétaire (toujours sous forme scripturale par les banques  [ Note 1: À remarquer que si je demande quelques billets à la suite du crédit en monnaie scripturale que la banque m’a accordé, celle-ci détruit la monnaie scripturale correspondant à ces billets. La banque voit son engagement vis-à-vis de moi diminuer, d’où la diminution de son passif, mais elle contracte une dette auprès de la banque centrale en se procurant des billets : ou bien son compte à la banque centrale est débité ou bien elle lui cède des titres.] , lorsque des liquidités qui ne circulaient pas jusqu’alors sont injectées. Ainsi, bien que d’un point de vue comptable on ne puisse savoir dans l’instant s’il y a eu création véritable, dès qu’un nouveau crédit est accordé par le système bancaire à un agent économique, il fonctionne pour l’agent concerné comme une création de monnaie nette, même si dans le même temps il y a eu ailleurs dans le circuit un remboursement d’un montant équivalent.

Pourquoi les banques qui font des crédits (lesquels engendrent de nouveaux dépôts et non l’inverse) cherchent cependant à capter le maximum de dépôts, autrement dit à quoi leur servent ces dépôts puisque ce ne sont pas ces sommes qu’elles prêtent ? Je vais faire une analogie qui vaut ce que valent les analogies, c’est-à-dire une approximation pour débloquer le processus de compréhension : le trapéziste a un filet dont il ne se sert pas pour voltiger, puisqu’il ne le touche jamais ; il ne se sert que de filins, de cordes et de barres, mais le filet est là qui ne sert à rien sauf si… Pour les banques, ces dépôts ne sont pas reprêtés mais ils sont là pour exprimer, par leur masse, la couverture de la banque en termes de liquidités au milieu de la concurrence. On peut dire que ces dépôts « autorisent » une politique abondante de crédits, sans pour autant que ce soit eux qui soient prêtés.

3 – Au niveau macroéconomique, l’accumulation du capital et, de manière générale, tout développement économique, exigent obligatoirement une création monétaire qui anticipe le surplus social qui sera produit. En dernier ressort, c’est la banque centrale qui boucle le circuit économique [Note 2 : Les notions de circuit économique et de cycle économique sont ici employées dans les sens voisins de temps de rotation du capital (temps de réalisation du capital constant investi) ou de temps qui permet à une unité monétaire nouvelle de se transformer en supplément d’épargne.] , soit en refinançant les banques ordinaires qui ont nécessairement besoin d’une monnaie dite centrale au-dessus de leurs propres activités, soit en convertissant des devises, soit en contrepartie de l’intervention de l’État. Ce dernier point (avances à l’État) est particulièrement important dans une situation de récession, d’où le message keynésien pour que l’État pallie la carence du secteur privé. La nécessaire création monétaire pour assurer le bouclage du circuit économique est le point théorique qui permet de relier trois grands théoriciens du capitalisme : le système bancaire complet (banque centrale et banques) avance au système productif la monnaie nécessaire pour impulser la dynamique d’accumulation, dans laquelle les profits (contrepartie monétaire du surtravail volé aux travailleurs, Marx) vont se fixer à hauteur des dépenses d’investissement net (Keynes et Kalecki). [Note 3 :  Voir P. Combemale, J.J. Quilès, L’économie par le circuit : Comprendre la macroéconomie, Paris, Nathan, 1990 ; et L. Cordonnier, L’économie des Toambapiks, Une fable qui n’a rien d’une fiction, Paris, Raisons d’agir, 2010.]

4 – L’anticipation de la production d’un surplus que représente le crédit suppose trois conditions pour être validée :

–        La monnaie possède une légitimation politique qui fait d’elle une institution sociale. Ce n’est pas un hasard si l’euro, qui n’a jamais reçu de véritable légitimation démocratique, est en crise.

–        La banque centrale contrôle suffisamment la pratique bancaire pour que celle-ci soit orientée vers des activités utiles et non vers la spéculation. Ce n’est pas non plus un hasard si, l’essentiel de la création monétaire dans la zone euro pendant la décennie 2000 étant allée vers les circuits purement financiers, la crise est aujourd’hui aussi profonde.

–        L’anticipation de l’activité future par la monnaie nouvelle doit être suivie d’un travail productif dont le résultat sera vendu sur le marché ou accepté par la collectivité s’il s’agit de services non marchands. Ce n’est pas un hasard si la mise au chômage de 10 % ou plus de la population active, la précarité et la baisse relative des salaires dans la valeur ajoutée ont fini par créer une crise monumentale.

Aucune de ces trois conditions n’a été convenablement remplie dans la période du capitalisme néolibéral.

5 – Au bout d’une période, lorsqu’on peut repérer la quantité de monnaie qui s’est ajoutée à celle déjà existante, et que le cycle économique (anticipation, investissement, production, revenus en salaires et profits distribués, consommation et épargne) est achevé, le bouclage de l’ensemble de l’économie vérifie que l’épargne non thésaurisée des ménages s’est portée au niveau de l’investissement net (principe keynésien, alors que tous les théoriciens libéraux affirment que c’est l’épargne préalable qui finance l’investissement net).

Ce cinquième principe permet la liaison avec ceux qui précèdent. Le bouclage du circuit économique avec surplus (soit capitaliste, soit collectif ou les deux) exige que des revenus monétaires puissent se trouver en face de la partie de la production correspondant à la différence entre la valeur de la production à la fin du cycle et les avances de début de cycle. L’injection de monnaie privée suffit-elle ? Cela pourrait suffire si le système bancaire n’était composé que d’une seule banque. Ce n’est pas le cas. Dès lors, la compensation entre banques exigeant une monnaie publique, l’injection du flux privé nécessite elle-même l’injection d’un flux de monnaie de banque centrale qui ne peut être émise qu’en contrepartie d’une avance à l’État, d’une avance à l’étranger ou d’un refinancement des banques ordinaires. Dira-t-on que la création monétaire s’effectue ex post, après avoir constaté l’impossibilité de boucler le circuit sans elle ? Non, d’un point de vue logique, elle s’effectue ex ante, parce que, sans elle, le processus d’une « économie monétaire de production » (Keynes) ou de l’ « accumulation du capital » (Marx) dans son ensemble ne serait pas inauguré.

Il apparaît alors que la monnaie est ambivalente puisqu’elle est instrument d’accumulation privée mais qu’elle peut aussi, lorsqu’elle est sous contrôle démocratique, être instrument du lien social puisque, par son intermédiaire, une part de la richesse peut être socialisée (santé publique, éducation, retraites). [ Note 4; De nombreuses expériences sont aujourd’hui en cours pour mettre en place des monnaies dites locales ou solidaires. Les principes exprimés dans ces préliminaires peuvent leur être appliqués : création de monnaie sous forme de crédit, anticipation d’une activité utile, développement économique répondant à des besoins, nécessité de maîtrise démocratique, etc. Seule différence : par son ancrage aux dimensions réduites, une monnaie locale peut difficilement servir à construire un système socialisé de protection sociale et de services publics. ]

II- L’impasse de la gestion capitaliste en Europe

Ces préliminaires étant posés, peuvent-ils éclairer ce qui s’est passé ces temps derniers au sein de l’Union européenne ?

1. Examinons le lancement de l’emprunt par l’État allemand de 6 milliards d’euros le 23 novembre 2011. Un peu plus de la moitié, 3,89 milliards ont été immédiatement souscrits par les banques et opérateurs privés. Le reste des bons émis par le Trésor n’a pas trouvé d’acheteurs. Que sont-ils devenus ? Ils ont été pris par la Bundesbank. Achetés ? Non, mis en réserve quelque part dans un tiroir, ils n’ont donc pas donné véritablement lieu à création de monnaie par la Bundesbank (si on entend par création l’ajout de liquidités circulant) qui est ainsi restée fidèle à son orthodoxie. Ils seront éventuellement plus tard mis en vente, vraisemblablement alors achetés par les banques et autres institutions financières.

Quand les banques achètent des bons d’État, créent-elles de la monnaie ? C’est probable mais on ne peut l’affirmer à l’instant t (1er principe ci-dessus), on ne pourra le dire qu’après observation d’une période.

2. Depuis mai 2010, la BCE a racheté 207 milliards d’euros (dernier chiffre connu) de titres publics sur le marché secondaire. Elle a donc « refinancé » les banques ordinaires qui entendaient se défausser de titres douteux ou bien simplement retrouver de la liquidité dite « centrale ». Au passage, cette monnaie centrale est sous forme essentiellement scripturale (la monnaie dite fiduciaire sous forme de billets et pièces étant résiduelle). On peut donc conclure que la BCE a fourni en liquidités les banques et dégrippé le marché interbancaire pour éviter un blocage général du crédit. La BCE en abaissant son taux directeur (de 1,25 % à 1 % le 8 décembre 2011) a agi dans le même sens. Mais les choses peuvent se compliquer.

Quand les banques revendent à la banque centrale des titres et qu’elles reçoivent de la monnaie centrale, est-ce que ce « refinancement » est une création monétaire ? Pour répondre, il faut décomposer le mouvement qui a eu lieu. Primo, les banques détenaient des titres, contre lesquels elles avaient injecté auparavant de la monnaie, et qu’elles transfèrent à la banque centrale, en échange desquels elles obtiennent de nouvelles liquidités. Qu’en font-elles ? C’est le deuzio. Si elles entament un nouveau processus de prêts à l’économie parce que leur base monétaire (c’est-à-dire en monnaie centrale) s’est accrue, ce nouveau flux de prêts sera de la création monétaire de leur part car elles ne prêtent pas leur base, de la même façon qu’elles ne prêtent pas les dépôts à vue de leurs clients. Ici et là, on a affaire au phénomène du multiplicateur monétaire qui mesure le rapport entre la masse de crédits et la base monétaire. Mais les informations dont nous disposons aujourd’hui montrent que les banques stérilisent la plus grosse partie de cette base supplémentaire devant l’incertitude environnante, en termes de possibilités de dynamisme économique. Selon les déclarations de Mario Draghi lui-même « les banques empruntent pour redéposer l’argent tout de suite après » : en une semaine la BCE a prêté 270 milliards aux banques de la zone euro qui ont dans le même temps déposé au jour le jour 313,763 milliards à la BCE. [Note 5: Propos et chiffres cités par M. Orange, « La BCE vole au secours des banques », Médiapart, 8 décembre 2011.]

On est loin du processus de création monétaire extravagant qui existait avant la crise et qui a précipité celle-ci (voir le graphique ci-dessous)

Source :       European      Central      Bank,      Monthly      Bulletin,      november      2011,      p.       15, http://www.ecb.int/pub/pdf/mobu/mb20111 1en.pdf.

Autrement dit, la base monétaire en monnaie centrale peut bien augmenter, dans la situation actuelle, les banques ordinaires répercutent peu ou pas du tout cet accroissement par une politique de prêts. On assiste même une contagion gagnant de nombreuses banques qui tentent de se désengager de certaines activités ou de se séparer de certains compartiments pour ne pas avoir à redimensionner leurs fonds propres. C’est le cas notamment de BNP Paribas, Santander, HSBC, Barclays, Morgan Stanley qui se désengagent en Russie  [ note 6: La Tribune,        19        septembre        2011,        http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/banque/20110919trib000650271/bnp-paribas-reduit-la-voilure-en-russie.html ]. , et de la Société générale qui se retire d’Europe centrale après avoir été consacrée « meilleure banque » dans les PECO en 2010. Ainsi, en réduisant leurs engagements par rapport à leurs fonds propres, les banques pourront satisfaire plus facilement aux nouvelles règles de Bâle III en termes de ratios, sans qu’il soit nécessaire qu’elles se recapitalisent.

Alors que les banques ordinaires ont toujours besoin de se refinancer en monnaie de centrale, une banque centrale n’a pas ce besoin puisque c’est elle qui détient le monopole de l’émission de la monnaie ultime. Une exception cependant : une banque centrale a elle-même besoin de se refinancer en devises étrangères pour faire face aux besoins extérieurs de son économie, notamment si le commerce extérieur est déficitaire. La seule banque centrale qui n’est pas astreinte à cette obligation est celle dont la monnaie sert de monnaie internationale. Au début de ce mois de décembre 2011, les six principales banques centrales du monde (FED américaine, BCE, Angleterre, Canada, Japon et Suisse) ont abondé le marché interbancaire en dollars.

Finalement, lorsque la banque centrale refinance les banques qui n’utilisent pas ou peu cet apport de base monétaire centrale, le multiplicateur monétaire est faible, voire inférieur à 1, et lorsque le commerce extérieur est déficitaire et que la banque centrale doit céder aux banques des devises extérieures contre des euros pour que les clients de celles-ci payent leurs achats à l’étranger, la masse monétaire se rétracte. On comprend alors combien sont importantes les dépenses publiques, au prix d’un déficit budgétaire, pour réamorcer la pompe de l’activité. On peut même dire que, dans une telle situation, le rôle de prêteur en dernier ressort de la banque centrale ne peut s’exercer qu’en direction de l’État en « monétisant » son déficit, avec d’autant plus d’efficacité que, dans ce cas, la monnaie n’est pas gelée mais est immédiatement réinjectée.

3. Quid du Pacte de stabilité et du Pacte budgétaire qui lui est désormais accolé ?

Le Fonds européen de stabilisation financière (FESF) qui se transformera en Mécanisme européen de stabilité (MES) en juin 2012 sera piloté par la BCE. À l’origine, ce FESF a été conçu pour éviter d’avoir à demander à la BCE de financer directement les déficits publics. On n’a pas non plus accordé au FESF le statut de banque qui aurait pu se refinancer auprès de la BCE. Le FESF est donc tenu de lever des fonds sur les marchés financiers pour porter secours aux États en difficulté et garantir leur solvabilité. Tout cela confirme que l’une des raisons principales qui ont poussé naguère à interdire aux États d’avoir recours à la banque centrale était de favoriser la création et le développement sans limites d’un marché des obligations publiques. Dans une situation où parallèlement est organisée la défiscalisation des classes riches, faire courir la dette ne peut que perpétuer la génération d’intérêts usuraires.

La déclaration des chefs d’État ou de gouvernement du 9 décembre 2011 stipule qu’il ne sera plus demandé aux banques d’endosser le moindre défaut partiel des dettes publiques : « Nous réaffirmons clairement le caractère unique et exceptionnel des décisions prises le 21 juillet et les 26 et 27 octobre concernant la Grèce. » Comme il n’est pas certain que ce dispositif suffise à « rassurer les marchés », puisque tel est devenu le nouvel impératif catégorique capitaliste, les États adhérant au nouveau Pacte budgétaire vont doter le FMI de 200 milliards d’euros supplémentaires pour permettre à celui-ci de « porter secours » et imposer ses plans d’austérité aux États dans la peine. Comme il est douteux que les États lèvent autant d’impôts supplémentaires à la fois, ils emprunteront eux-mêmes ces sommes sur les marchés. Le monde est bien fait !

À l’orthodoxie monétaire renforcée s’ajoute désormais une contrainte budgétaire accrue :

–        inscription de la règle d’or « au niveau constitutionnel ou équivalent » ; le déficit structurel [ note : 7 Le déficit structurel est calculé en soustrayant du déficit total la part qui est estimée comme étant due à la variation de la conjoncture.] annuel doit être inférieur à 0,5 % du PIB ;

–        sanctions financières prononcées par la Cour de justice européenne si les critères de Maastricht ne sont pas respectés ;

–        mise en œuvre par les États s’écartant de la règle de « réformes structurelles » sous la surveillance et l’autorité de la Commission et du Conseil;

–        soumission des projets de budgets nationaux à la Commission.

Au total, en guise de fédéralisme budgétaire, tout passe par un renforcement de l’austérité, rien par le développement d’un budget européen conséquent. Comme rien ne passe non plus par le contrôle des mouvements de capitaux ni par la fin du dumping fiscal, le triptyque Austérité salariale + Austérité monétaire + Austérité budgétaire donne la formule du triple A.

L’obligation de ne pas dépasser 3 % de déficit public par rapport au PIB fut fixée à une époque où la croissance économique était de l’ordre de 3 %, ce qui pouvait avoir une certaine logique puisque cela laissait les intérêts mesurés en part de PIB au-dessous du rythme d’accroissement de celui-ci. Aujourd’hui, la croissance est quasi nulle et on s’achemine vers une règle d’or à 0 % de déficit qui est le contraire d’une politique contra-cyclique chère à Keynes.

4. Monétiser quoi ?

Face au blocage idéologique et politique libéral, nombreuses sont les voix aujourd’hui qui réclament une autre politique monétaire de la BCE. Mais on entend des propos soit peu clairs, soit contradictoires.

Que signifierait la « monétisation de la dette publique » ? Rien ou pas grand chose. La dette publique court, c’est-à-dire les titres qui lui correspondent sont déjà émis, ils ne peuvent donc être rachetés par la banque centrale que sur le marché secondaire. Si cela se produit, la masse monétaire augmente-t-elle ? Oui en monnaie centrale, mais pas forcément en monnaie créée ensuite par les banques pour l’économie (voir ci-dessus le § II-2). Quel intérêt y aurait-il à ce que la BCE rachète aux banques des titres d’occasion ? Aucun si les banques stérilisent la monnaie centrale qu’elles récupèrent. Aucun non plus si elles utilisent cet argent comme base pour créer de la monnaie scripturale en achetant des titres nouvellement émis par les États : ainsi, le cycle infernal de l’endettement des États auprès des marchés financiers s’entretiendrait. On voit d’ailleurs poindre l’effet pervers : dans un contexte où la croissance économique est proche de 0 %, un taux d’intérêt réel positif, si faible soit-il, crée un effet boule de neige sur la dette.

En revanche, si la banque centrale achetait directement les bons publics en première main pour « monétiser le flux de déficit public courant », cela couperait court à la montée des taux d’intérêt et cela assècherait le marché des obligations publiques.

La monétisation des déficits publics au lieu de la monétisation de la dette accumulée n’aurait-elle pas de limites ? Bien sûr. Au moins deux :

–     la source du déficit serait amoindrie si une révolution fiscale était entreprise pour doter les collectivités publiques de ressources à hauteur des besoins ; le déficit subsistant ne correspondant alors qu’à la nécessité du « bouclage macroéconomique » correspondant à une activité en devenir (3e et 4e principes préliminaires ci-dessus), notamment pour amorcer le processus de transition écologique ;

–    le risque inflationniste est contenu dès l’instant où une activité productive nouvelle est enclenchée (5e principe ci-dessus).

Si toutes ces questions étaient débattues démocratiquement, il est vraisemblable que, au-delà des aspects techniques, apparaîtraient les véritables enjeux de la maîtrise collective de la monnaie : un choix de société, c’est-à-dire un choix politique. Parce que la monnaie exprime la valeur économique, mais qui n’est qu’une partie de la richesse.[ Note 8 : Sur ce point je renvoie à mon site et à mon blog, de même qu’à la publication prochaine du débat que j’ai avec André Orléan, à la suite de la publication de son livre L’empire de la valeur, Refonder l’économie, Paris, Seuil, 2011.]

Et parce que « la monnaie est un fait social total » (Marcel Mauss) qui ne pourra pas être abandonnée éternellement dans les mains de ceux qui préparent un monde insoutenable car invivable…

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47 commentaires pour 222 – Harribey: monnaie, inflation et dette

  1. Bruno Lemaire dit :

    le billet d’Harribey me laisse perplexe, lorsqu’il écrit:

    1. On ne peut pas dire si un nouveau crédit constitue de la création de monnaie à un instant t, et ce quel que soit le dispenseur de ce crédit, banque ordinaire ou banque centrale.

    On ne peut se prononcer qu’au vu d’une période, au bout de laquelle on calcule le solde des nouveaux crédits et des remboursements effectués pendant cette période.

    Pour moi, tout se passe comme s’il y avait confusion de sa part entre micro et macro-économie.

    Lorsque la banque achète quelque chose à un « ANB », qu’elle va mettre à son actif, que ce soit une reconnaissance de dette, un actif financier, voir un actif physique, il y a création monétaire.

    C’est de la monnaie bancaire (une promesse de monnaie centrale si vous vous voulez) si c’est une banque de second rang, de la monnaie centrale si c’est la banque centrale.

    Je veux bien croire que, à ce moment précis, à un autre lieu de la même banque, ou dans une autre banque, le même montant est remboursé, et que, globalement, il n’y a peut être pas variation monétaire globale, mais ceci n’a rien à voir avec le principe même de création monétaire.

    Harribey ferait-il partie de ceux qui – comme l’a souligné maintes et maintes fois Maurice Allais – confondent véritable épargne et monnaie, l’esprit de Jorion aurait-il envahi son corps?

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    • A-J Holbecq dit :

      Bonjour Bruno
      Loin de moi vouloir défendre Harribey qui a montré par le passé ses blocages dogmatiques, mais il a raison sur le fait qu’il est possible de considérer que seule la croissance ou la décroissance de la masse monétaire est « démonstratrice » de la croissance globale des crédits.

      Par contre il est exact qu’il n’est pas du tout dans la réflexion de ceux qui considèrent que l’épargne n’est pas de la monnaie, bien que pour les épargnants ca reste des disponibilités donc de la monnaie, ce qui fait que la monnaie épargnée est comptée 2 fois (en tant que monnaie)

      Jojo c’est autre chose; il considère que les banques ne font pas de crédit supplémentaire à la monnaie de base dont elles disposent…

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    • Bruno Lemaire dit :

      Cher AJH

      Je veux bien coire que Jorion et Harribey ne partagent pas le m^me cerveau, ou les mêmes dogmes.

      Mais je persiste à penser, et donc à écrire, que cette histoire de dire : « ce n’est qu’après l’autopsie que l’on sait ce qui s’est passé » est complètement bidon, et qu’elle ne peut que contribuer à un enfumage général.

      Nier qu’il y a création monétaire dès qu’un prêt est accordé par une banque revient à faire croire que le banquier va regarder quel compte, ou quel coffre, il va pouvoir vider pour financer ce prêt, ce qui est faux , nous le savons tous, ou presque tous ici – en dehors des clones de jojo qui doivent encore se balader subrepticement.

      En revanche, si c’est pour dire que, d’un point de vue global, il faut regarder les soldes pour savoir s’il y a eu, au cours d’une période donnée, création monétaire nette ou pas, c’est évidemment exact, mais c’est non moins évidemment une banalité à nulle autre pareille.

      Ce qu’il serait intéressant de creuser, ce sont les échanges entre banques de second rang et banque centrale (avec le 100% monnaie centrale, s’y intéresser n’aurait d’ailleurs plus grand sens) et, plus particulièrement, ce qui se passe au niveau des obligations publiques.

      Harribey a peut être pointé un mécanisme fort suspect: la banque centrale rachèterait d’occasion les dettes publiques, afin de permettre par ce financement aux banques privées de racheter « neuves » les dites obligations publiques: un scandale de plus , mais qui n’a rien à voir avec le début du papier d’Harribey, que je persiste à penser erroné.

      Amitiés

      Bruno.

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      • A-J Holbecq dit :

        Oui, Bruno, tu as raison, mais Harribey n’est pas non plus un spécialiste de la monnaie .
        Je suis pour ma part d’accord que l’épargne n’est pas « reprêtée »mais la monnaie équivalente créée, même dans le rôle d’intermédiation des banques.
        Mais le système de création monétaire est déjà tellement difficile à faire comprendre (voir les commentaires de l’article de Libé) que je ne sais pas si ca vaut le coup de « s’énerver » là dessus.

        J’écrivais ce matin sur notre liste monnaie

        Harribey dans cet article ne se place évidemment pas dans un cadre « 100% M », mais je n’ai pas trouvé qu’il racontait trop de bêtises.
        Cependant, je n’aime pas son explication à la fin du I-2 (  » Pourquoi les banques qui font des crédits (lesquels engendrent de nouveaux dépôts et non l’inverse) cherchent cependant à capter le maximum de dépôts,…. )
        Mais j’aime  » En revanche, si la banque centrale achetait directement les bons publics en première main pour « monétiser le flux de déficit public courant », cela couperait court à la montée des taux d’intérêt et cela assècherait le marché des obligations publiques.  »

        Bref, c’est la première fois que je lis Harribey prôner une monétisation directe de la BC

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        • Bruno Lemaire dit :

          Cher André- Jacques

          Je n’étais pas non plus il y a 4 ans un spécialiste de la monnaie, mais grâce à toi, et à beaucoup d’autres – dont une dizaine d’ouvrages ou opuscules de Allais, il ne m’a pas fallu tout ce temps pour comprendre que le système monétaire et bancaire actuel était un carcan insupportable, dont il fallait se dégager au plus vite.

          Alors, si Harribey n’a pas compris qu’il fallait se remettre au plus vite à l’étude de la financiarisation de notre économie et du fonctionnement de son système monétaire, il ne vaut même pas la peine que l’on s’intéresse à ses idées et à son idéologie.

          Son argumentation initiale ne serait même pas digne d’un étudiant de première année, à qui il est censé expliquer les rudiments de la macro-économie.C’est dommage,parce que bien pris en mains ;-), Harribey aurait pu progresser, vu les intuitions qu’il développe dans la dernière partie de son billet.

          Soit son idéologie l’aveugle, soit il est idiot, ce qui revient un peu au même: c’est d’ailleurs ce que J. Sapir semble penser de lui, à en juger certains échanges épistolaires musclés entre eux deux.

          B.L.

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        • postjorion dit :

          Pour différents motifs il m’a semblé intéressant de poster cet article d’Harribey sur Postjorion. Ce n’est pas pour autant qu’il doive satisfaire tous les lecteurs de ce blog.

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        • Bruno Lemaire dit :

          cher A.J.

          Tu fais évidemment ce que tu penses utile.
          Moi, cela me va très bien, mais cela ne rend pas service à cet universitaire, et encore moins à Attac ;-), vu les sornettes exprimées.

          B.L.

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    • Mat dit :

      Bonjour,

      Billet intéressant pour sûr, même si, comme d’habitude, ma connaissance de citoyen moyen de la chose économique ne me permet pas de tout comprendre. Mais je comprends de plus en plus, je garde espoir 😉

      Cela dit, je m’intéresse depuis peu au fonctionnement de ce monde et je vois clairement un problème de création monétaire et un problème d’accès aux ressources. Je suis toujours sidéré de lire les gens ayant des véléités de modifier le système monétaire parler de croissance pour résoudre le problème de l’endettement et inversement de lire les gens ayant des véléités de réaliser la transition énergétique parler de l’endettement comme une condition limitatrice.

      J’ai peur qu’ici encore, Harribey se place dans le cadre de ressources énergétiques abondantes et peu cher pour éspérer relancer cette satanée croissance économique qui sacage notre planète depuis maintenant 150 ans…

      Cordialement

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      • Bruno Lemaire dit :

        Bonjour Mat

        il y a croissance et croissance – comme le dirait, et l’a dit, André-Jacques.

        En dehors des besoins matériels qui, eux, ne peuvent que tirer sur les ressources finies de notre planète, il peut y avoir pas mal d’autres types de croissance.

        Mais nous nous éloignons du billet d’Harribey, que je trouve spécialement incohérent – et faux par endroits – même si certaines intuitions auraient mérité un meilleur sort.

        Très cordialement

        Bruno Lemaire.

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  2. jerome flon dit :

    Question annexe et en rapport avec des discussions précédentes ; pourquoi les banques secondaires empruntent-elles parfois aux autres banques secondaires et/ou à des fonds d’investissements au lieu d’emprunter à la BC?
    Cela leur reviendrait moins cher..
    Peut-être parce que parfois la BC ne veut pas leur prêter?

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      • A-J Holbecq dit :

        C’est symptomatique qu’ils n’expliquent pas dans cet article la nature (monnaie centrale) de la monnaie sur ce marché interbancaire, laissant penser qu’il s’agit de monnaie secondaire

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        • jerome flon dit :

          Merci Nico d’avoir tenté de répondre à ma question. Il est vrai que les banques utilisent les prêts interbancaires pour équilibrer leurs comptes en fonction des règles imposées entre les dépôts et les crédits, mais il me semble qu’elles empruntent aussi aux fonds divers et à d’autres banques des sommes astronomiques pour je ne sais quelles raisons d’ailleurs (investir, spéculer, prêter plus?).
          Je me demandais pourquoi parfois elles empruntaient (pas cher) à la BC, parfois sur les marchés (beaucoup plus cher)?

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    • sonia dit :

      Ce qu’en dit Wiki :

      « Les banques financent leurs besoins auprès des autres banques, sur le marché interbancaire au taux EONIA.
      Si une banque ne trouve aucun fond de disponible elle se tourne en second choix vers la BCE. Ce n’est pas le rôle de la BCE de prêter, son rôle est de réguler et de mener la politique monétaire du pays.  »

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Taux_directeur

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      • Bruno Lemaire dit :

        Alors, si Wiki le dit.
        En fait, s’adresser à la banque centrale réduit le pouvoir de création monétaire des banques (au moins officiellement): celles-ci préfèrent éviter, quand c’est possible.

        C’est qui qui le dit, c’est pas wiki, mais c’est … évident (ou presque ;-))

        B.L.

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        • sonia dit :

          Cher Bruno,
          si j’avais un niveau supérieur à Wiki, je ne serais pas là
          ( à taquiner gentiment les débutants… 😉 )

          Pouvez-vous expliquer (à ceux pour qui ce n’est pas évident) pourquoi cela réduirait le pouvoir de création ?

          Emprunter à la BC reviendrait plus cher ?

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        • Bruno Lemaire dit :

          chère Sonia, désolé, je ne voulais pas paraître outrecuidant.

          Comme je participe à pas mal de listes, j’ai un peu de mal parfois à m’y retrouver dans les divers échanges -et il peut aussi m’arriver de dire des bêtises 😉

          Ce qui m’avait paru évident ne me le semble d’ailleurs plus vraiment. Je vais donc devoir réfléchir, mais je vais tâcher de trouver une réponse moins évasive 😉

          Désolé de cette intervention faiblarde

          Cordialement

          B.L.

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        • jerome flon dit :

          Le sujet a l’air anodin mais…
          Les banques secondaires empruntent des sommes monumentales sur les marchés (un énorme cercle vicieux que j’essaye de comprendre), je n’arrive pas à avoir des chiffres pour comparer ce qu’elles empruntent aux marchés versus ce qu’elles empruntent à la BC.
          Pourquoi empruntent-elles?
          1. Pour pouvoir prêter à leur tour (quand elles ont un grosso modo 1 elles peuvent prêter 10) et donc gagner de l’argent sur les intérêts mais surtout pour en gagner encore plus grâce aux produits dérivés créés par ces prêts, (pour cela AJH faut-il de la monnaie centrale ou secondaire ou peu importe?)
          2. gagner de l’argent en spéculant avec l’argent emprunté, acheter des actifs financiers immobiliers, matières premières…(monnaie secondaire plutôt dans ce cas)
          3. parfois juste pour se refinancer pour appliquer les règles prudentielles…(monnaie secondaire sur le marché interbancaire ou centrale si les offres du marché interbancaire ne sont pas intéressantes ou si les banques secondaires ne veulent plus se prêter?)
          La BC essaye de contrôler tout cela en prêtant plus ou moins et lorsqu’elle ne veut pas prêter, les banques secondaires empruntent sur le marché (autres banques secondaires mais pas par le marché interbancaire ou les fonds d’investissement ou spéculatifs?)
          Bref je sens qu’il y a ici un lièvre à lever….mais je ne suis (et pour cause) pas très clair…

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        • jerome flon dit :

          A sonia
          Ma pile de livres sur le sujet commence depuis 5 ans à ressembler à celle de Chouard (plus les milliers de pages du débat sur la monnaie de jorion repris encore par Etienne).
          cela commence à faire beaucoup pour un débutant mais tout est relatif…
          Ce débat est à mon sens plus important que l’on croit, et compliqué …d’où vos réponses peu claires
          Bises

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        • sonia dit :

          Je vous en prie, Bruno…
          en me relisant, je constate que ma remarque a l’air trop sérieux…
          mon ton se voulait plaisantin, pour faire écho à vos réparties, que je trouve espiègles et amusantes…
          on a besoin d’humour, sur un terrain aussi aride et abscons…
          Je trouve admirables les efforts des gens qui dédient leur temps à comprendre et à changer un domaine, hélas, si peu transparent, mais qui implique la vie de chacun.
          Mes amitiés…

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        • Bruno Lemaire dit :

          Chère Sonia,

          rassurez vous, je n’ai pas pris mal votre remarque, bien au contraire.

          Cela m’a juste rappelé ce que me disait mon prof de maths en terminale (Maths Elems) il y a bien longtemps, et que j’ai parfois tendance à oublier – l’âge sans doute.

          « Ce qui est ‘évident’ se démontre, ou devrait pouvoir se démontrer, » sentence à laquelle je rajouterai volontiers « ce qui est évident pour certains ne l’est pas nécessairement pour d’autres, tout dépend de leur contexte personnel »

          Donc, n’hésitez pas à me reprendre, si je ne suis pas claire et/ou si je me trompe: je n’ai pas la science infuse, comme chacun peut s’en douter 😉

          Très cordialement, B.L.

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  3. Joe Bserve dit :

    Merci pour ce billet il est excellent.

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  4. BA dit :

    Jeudi 15 décembre 2011 :

    Aujourd’hui, l’Espagne a emprunté.

    Les taux des émissions à 9 et 10 ans ont augmenté par rapport aux dernières émissions similaires, passant à 5,201 % pour les obligations à 9 ans (contre 5,006 % avant) et 5,545 % pour celles à 10 ans (contre 5,433 % la dernière fois).

    En revanche, le taux des obligations à 4 ans baisse, à 4,023 % (contre 5,276 %).

    (Dépêche AFP)

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  5. Laurent S dit :

    Le 1er principe de Harribey me paraît clair. Si j’épargne 100€ dans une banque, cela accroît ses fonds propres et elle peut donc prêter plus d’argent. Plus qu’il y ai véritablement création monétaire il faudrait qu’elle prête plus de 100€ pendant le temps de mon épargne ou bien qu’elle accorde 100€ sur une période T et que je reprends mon épargne avant la fin de cette période T.

    Le point signifie que ce n’est pas parce que les banque peuvent créer de la monnaie, qu’elles le font au maximum, loin de là. AJ Holbecq doit même avoir les chiffres qui montrent qu’elles sont en fait très mesurées.

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    • A-J Holbecq dit :

      Votre épargne de 100€ n’augmente pas les fonds propres de la banques puisque cette épargne est une dette de la banque envers vous.

      Exact, les banques ne sont pas au taquet de la création monétaire possible théorique : pas assez de demande solvable, sans doute…

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    • Bruno Lemaire dit :

      Cher Laurent S

      Je ne sais pas trop ce que signifie pour vous l’expression « j’épargne 100 euros dans une banque ».

      En me tordant l’esprit, je suppose que vous voulez peut être dire que 100 euros passent de votre dépôt à vue à un dépôt à terme.

      Mais cela n’a rien à voir avec ce que je reproche à Harribey dans la première partie de son article.

      Dès que la banque vous octroit un crédit, et mouvemente d’autant votre compte courant, elle crée de la monnaie. Qu’après, cette monnaie serve à un remboursement immédiat, ou à un placement quelconque, n’a plus rien à voir.

      C’est un peu comme si vous me disiez que couper un arbre n’a pas de conséquence nécessaire sur la déforestation, si quelqu’un d’autre, ailleurs, plante (peut être) un arbre de même espèce et de m^me taille.

      Peut être que Harribey vient de découvrir l’existence du mécanisme de compensation monétaire.

      Il peut arriver, effectivement, que le solde de la création et destruction monétaire soit nul pour une période donnée: la belle découverte, mais je crains que cela n’apporte pas une notoriété supplémentaire, voire le prix Nobel, à notre expert d’Atac. Il devrait peut être se rapprocher de Sapir, qui a sûrement pas mal de choses à lui apprendre, s’il ne veut pas frayer avec d’autres économistes, plus éloignés de son idéologie.

      B.L. vice-président d’Atac.

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      • Bruno Lemaire dit :

        Je ne sais pas pourquoi la phrase « vice – président d’Atac’ s’est mise après mes initiales. C’est bien entendu Harribey qui est à Atac, pas moi 😉

        Bruno Lemaire

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      • Laurent S dit :

        Pour moi vous vous exprimez à partir d’un point de vue micro-économique : à un instant T une banque B accorde un crédit à une entreprise E. De ce point de vue il y a systématiquement création monétaire.

        Mais JM Harribey raisonne d’un point de vue macro-économique : sur une période T il compare la somme des crédits accordés avec celle des crédits remboursés, des sommes déposées et retirés sur des comptes à terme. De ce point de vue le solde n’est pas forcément positif même s’il y a eu plein de crédits accordés. Et sil n’est pas positif, on considère que sur la période T la masse monétaire n’a pas augmenté et donc qu’il n’y a pas eu création monétaire.

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        • Bruno Lemaire dit :

          Cher Laurent S

          je suis plutôt « meso » (pas maso ;-), mais je ne pense pas confondre macro et micro. Et je sais aussi que les petits ruisseaux font les grandes rivières.

          Si Harribey veut dire qu’il y a des flux et reflux (monétaires, pas gastriques), même les élèves de terminale ES doivent le savoir.

          Donc ce qu’il dit sur la création monétaire est assez peu intéressant – c’est un euphémisme.

          Si ce qu’il veut dire, c’est que les décisions des banquiers ne prennent pas en compte la globalité de l’économie, mais leurs intérêts privés, c’est une bien curieuse façon de le dire.

          Pour ceux qui ne veulent pas lire ce que Gesell, Fisher, Allais, ou m^me Plihon ont écrit sur la monnaie, ce qu’écrit ou dit Etienne Chouard, ou AJH – voire votre serviteur – me semble bien suffisant (en espèrant ne pas l’être trop moi-même).

          Non, le véritable sujet est bien l’impact des décisions du 8/9 décembre, et les réponses apportées ne me semblent pas vraiment dépendre de la compréhension ou de l’incompréhension que peut avoir le sieur Harribey sur les mécanismes monétaires relativement élémentaires.

          Le sauvetage artificiel et contraire – d’après moi – aux intérêts de la grande majorité de la population de la zone euro sera peut être réalisé, pour quelques mois ou quelques années. Chacun sait maintenant, en le déplorant ou en le constatant, que la divergence et l’hétérogénéité économique, sociale, environnementale, comportementale, culturelle de ces 17 pays font que l’euro est une construction malsaine. Peut-on l’améliorer « à la schlague », ou non, à chacun de voir.

          Que cette évolution de l’euro ait été voulu comme un piège diabolique par ses constructeurs (comme le suggère l’omniscient Attali), ou que ses problèmes actuels aient été entrevus, et acceptés par un des pères de l’Europe (et de M. Aubry 😉 ), J. Delors, ou entrevus et dénoncés par M. Allais est un tout autre problème, sur lequel je manque d’informations.

          L’avenir, quoiqu’il en soit, me paraît assez sombre, face à tant de désinformation et de manipulations de toute sorte, ne fut-ce que les discours contradictoires que l’on entend sur la perte du triple A. On prend vraiment les gens pour des imbéciles.

          La situation est grave du fait des dettes publiques, mais plus encore du fait du déficit commercial, de la désindustrialisation de la France, du chômage, de la perte de confiance en l’avenir: je vois assez mal ce que le sommet européen du 8/9 décembre peut changer à tout cela. Ce n’est d’ailleurs pas vraiment leur objectif.

          Très cordialement

          Bruno Lemaire.

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      • Laurent S dit :

        On ne peut pas reprocher à JM Harribey de construire sa théorie de la monnaie sur des hypothèses évidentes. Au contraire.

        On pourra lui reprocher des erreurs ou de n’en tirer aucun enseignement à mettre en pratique. Mais pour le moment il dit lui-même que c’est juste un premier brouillon.

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        • Bruno Lemaire dit :

          Cher Laurent

          Je dis simplement que dire qu’il n’y a pas création monétaire instantanée quand il y a ouverture de crédit est « instanténément faux ». Que cette création monétaire puisse être compensée, par ailleurs, par une destruction monétaire est possible, et alors?

          En voiture, quand j’appuie sur la pédale de frein, en principe je freine, même si je peux aussi accélérer pour empêcher ce freinage d’être efficace.

          La « théorie » monétaire de Harribey me semble donc ‘instantanément’ bancale. Tant mieux pour lui, et pour ses supporters, s’il a d’autres béquilles pour la faire marcher un peu mieux, sur le plan macroéconomique.

          B.L.

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  6. Opps' dit :

    Le problème des pensées obscures et maladroitement exprimées , surtout lorsqu’elles cherchent à être précises (alors qu’elle ne sont que pinailleuses) , est qu’elles entraînent tout le monde dans des discussions mal fagotées où on ne sait plus trop de quoi on parle , ou bien sur des points de détails sans intérêt (alors qu’il y a des détails fondamentaux , surtout au départ des raisonnements)

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  7. BA dit :

    Vendredi 16 décembre 2011 :

    La zone euro semble sombrer un peu plus chaque jour dans le chaos.

    Alors que les agences de notation semblent se régaler à rétrograder les notes des établissements financiers, la Banque centrale européenne (BCE) a publié vendredi des chiffres démontrant que le montant des créances douteuses détenues par les banques européennes était en hausse. Ces dernières représentent désormais plus d’un quart de leur capital.

    Selon les données arrêtées fin juin, concernant 4.700 banques européennes, les mauvaises créances représentent l’équivalent de 27 % du capital des banques selon la définition des ratios prudentiels.

    En 2010, le taux s’élevait à 25 %, il était de 20 % en 2009.

    Une bonne nouvelle tout de même : parallèlement, les banques semblent avoir renforcé leurs bilans. Les ratios moyens de solvabilité se sont en effet établis à 13,8%, en 2011 contre 13,2% un an plus tôt, tandis que leur ratios fonds propres durs sont passés de 10,1% à 10,9%.

    Des chiffres publiés alors que les analystes sont de plus en plus nombreux à redouter que les sources de crédit se raréfient.

    Le cas échéant, les banques pourraient décider de réduire fortement les prêts accordés, afin de pouvoir demeurer – voire être – en conformité avec les nouvelles règles qui rentreront en vigueur l’an prochain.

    Mais le pays qui pourrait inquiéter les marchés sur ce domaine constitue encore et toujours l’Espagne.

    Depuis l’explosion de la bulle immobilière en 2008, les établissements bancaires espagnols détiennent en effet quelque 1 000 milliards d’euros de créances immobilières.

    Or, selon Danielle Schweisguth, économiste spécialiste de l’Espagne à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) interrogée par France24, « si on ne prend en compte que les prêts bancaires accordés aux promoteurs immobiliers, il y a entre 80 milliards et 100 milliards d’euros de créances douteuses ».

    Ajoutant que le Parti populaire désormais au pouvoir en Espagne cherche actuellement à extraire les dettes douteuses des bilans des banques en vue de les réunir dans une sorte de « bad bank ».

    http://www.leblogfinance.com/2011/12/banques-europeennes-hausse-des-creances-douteuses.html

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  8. Bruno Lemaire dit :

    Pour répondre à jerome flon, à Sonia, et à d’autres, à propos des prêts faits par les banques et qui semblent aller de moins en moins en direction de l’économie réelle.

    M^me s’il faut se méfier un peu des statistiques, et surtout cde ce qu’on veut leur faire dire, il est intéressant de regarder l’évolution depuis 2000 des différents agrégats monétaires, et de la rapprocher de l’évolution du PIB (on peut aussi aller sur le blog d’Olivier B. « les-crises.fr » pour avoir de très jolis graphiques).

    La masse monétaire a cru de 8 à 10% sur cette période, alors que le PIB nominal (PIB réel plus inflation) a plutôt suivi une pente de 4%, au maximum.

    On peut alors supposer, soit que la vitesse de circulation de la monnaie s’est réduite (cela ne semble pas être le cas, au moins jusqu’en 2008), soit qu’une partie de cette création monétaire est allée vers le financement d’actifs financiers – pour ne pas parler de spéculation, mot obscène s’il en est : n’attaquons pas ces banquiers dévoués qui vont jusqu’à réduire, ou presque, leurs primes pharamineuses, fut-ce au prix, début 2009, d’une modification d’une règle comptable leur permettant de sortir de leur chapeau des bénéfices au lieu de pertes.

    Il me semble ‘clair’ (je n’utilise plus le mot évident, je ne veux pas me faire tirer les oreilles par Sonia 😉 ) qu’avec le système « une monnaie 100% au service de la nation » (phrase un peu longue mais plus ‘claire’ que « 100% monnaie centrale ») nous aurions moins de difficultés à surveiller ces « fuites spéculatives ».

    Mais il faudrait quand même mettre sous surveillance la banque centrale, et le Trésor Public, pour éviter toute tentation de dérive ‘monétariste’: battre monnaie est un droit régalien, ou devrait l’être, cela ne doit pas signifier que l’Etat, ou la Banque Centrale, peut faire n’importe quoi: une démocratie doit être au service du peuple (souverain), qui devrait toujours avoir le dernier mot.

    B.L.

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    • jerome flon dit :

      c’est sympa mais cela ne répond pas à la question…de savoir pourquoi les banques s’empruntent entre elles…(en dehors du marché interbancaire de compensation)…?
      Si c’est juste lorsque la BC (dont un des rôles est le contrôle de la création monétaire) refuse, alors les banques secondaires ne devraient pas avoir le droit de le faire entre elles, sinon le rôle de la BC est bien insignifiant.
      Si la BC est d’accord, alors le prêt devrait couter bien moins cher aux banques secondaires qui n’hésiteraient donc pas….

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    • Opps' dit :

      Cher Bruno
      Vous me permettrez quelques remarques

      – Oui , les banques semblent aller moins en direction de l’économie réelle .

      a) Savez vraiment ce qu’est l’économie réelle ? Quelle activité est réellement utile ? Savez vous les hiérarchiser ? Et même si certaines activités sont utiles connaissez vous le seuil à partir duquel elles absorbent trop de ressources financières eu égard à leur utilité et aux possibilités d’économie qu’on pourrait y faire en s’organisant mieux ?

      Vous me direz qu’il suffit de soustraire tout ce qui est pure spéculation à l’ensemble de l’activité , pour en déduire ce qui serait en gros plus ou moins utile .
      J’accepte le raisonnement , mais …
      savez vous qu’une partie de la spéculation est précisément de fournir une couverture sur les risques et les incertitude que l’économie réelle affronte ? et supprimer cette couverture c’est rendre une part de l’activité de l’économie réelle non viable.
      Et cette activité spéculative utile est elle même couverte ou adossée à une méga-spéculation qui la fait également tenir debout..

      Bref , la spéculation est inscrite au coeur même de notre quotidien et de nos exigences. La spéculation c’est comme un lierre qui a phagocyté le système et qui ferait presque , à présent, avec son allié notre complaisance, tenir le système.

      D’où vient cette construction diabolique ?
      De l’exigence d’avoir un plein emploi à tout prix, de l’exigence d’avoir une croissance et un PIB sans cesse en augmentation quantitative, de la fantaisie d’avoir toujours moins cher à tout prix, Bref de toutes ces choses qui nous ont fait accepter la globalisation – la gauche ayant toujours enlevé les derniers taquets que la droite n’osait pas toucher- , et fait fermer les yeux sur la création monétaire à tout va à base d’ argent pas cher … qui devait permettre de dynamiser l’économie.

      Je veux bien admettre qu’une certaine inégalité dans la répartition des fruits soit aussi à l’origine de cela …. mais en France l’argument est peu recevable et par ailleurs une certaine inégalité dans la richesse fait malheureusement partie dans les systèmes ouverts et démocratique , du dynamisme de la société.
      Par ailleurs , je pense que la création monétaire excessive profite bien plus à la concentration des richesses qu’à la production d’activités utiles.

      Mais revenons aux banques …

      – oui, en période de crise … elles ont une tendance à restreindre le crédit car précisément … elles sont elles-mêmes en difficulté du fait de la crise et donc des non remboursements ou dépréciations dont elles seront victimes.
      Il est dommage que nous soyons en monnaie-crédit et pas en monnaie pleine , mais c’est ainsi.
      Par ailleurs du fait de la crise , des activités non viables leurs sont proposées … et il est logique qu’elles en refusent le financement.

      Bref, il est difficile de leur reprocher un comportement logique eu égard au système dans lequel elles se trouvent.

      Bien entendu , on peut imaginer un autre système ou une banque publique ou une BC , accepterait de financer des activités non viables au seul motif de ne pas aggraver les choses , ou bien au motif que l’activité est d’intérêt public.

      Il faut un organisme qui définisse les besoins, puis les moyens de les satisfaire, et qui supporte sans broncher des déficits jamais comblés.

      b) En ce qui concerne les modifications comptables de 2009, permettant de dégager subitement des gains là où il y avait précédemment perte , cette critique m’amuse beaucoup , parce qu’elle repose sur le fait que le marché aurait ‘Raison’ … et que ceux qui l’utilise, cette critique , ne croient en général pas du tout à la vérité du marché …
      Mais pour la Bonne Cause , on peut souffrir quelques incohérences de raisonnement …

      C) Il est clair en effet qu’avec « “une monnaie 100% au service de la nation” , « nous aurions moins de difficultés à surveiller ces “fuites spéculatives »

      Mais il faudrait également voir les effets collatéraux, ou au moins présenter les risques ou les coûts possibles. La clarté ne concerne donc qu’un tout petit aspect des choses.

      Bon je suis un peu lapidairement exécutif , certes , mais ce ‘clair’ est tellement trouble …

      D) Quant à mettre sous surveillance la BC et le Trésor pour leur éviter une dérive monétariste …. voilà qui est pour le moins curieux … car en général … le peuple ‘souverain’ , au travers des moyens démocratiques qui lui permettent de peser sur l’Etat , aurait nettement plutôt tendance à privilégier , la monétisation, l’argent pas cher et tout ce qui accroit la dette …
      Je vois assez mal des comités citoyens européens prônant la rigueur monétaire des politiques allemandes.
      C’est un peu un argument à la Sarko/Hollande : « plus c’est gros et invraisemblable et plus ça passe » … 😉

      PS/ Oui le peuple est souverain , mais il y a des règles du jeu dans une société , et certain choix sont inscrits de façon démocratique mais pour des durées très longues sans qu’on puisse vraiment les rediscuter, du moins dans un certain délai. Et donc avoir toujours à la bouche le mot « démocratie souveraine » est un peu illusoire et sans grand intérêt.
      D’autant plus que le peuple souhaite souvent une chose et son contraire dans la pratique, où bien une chose sans vouloir en accepter la réalité du coût.

      Bien entendu , ni Catherine , ni Sonia ne seront d’accord ! 😉 . Ni Bruno ! 🙂 !

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      • Bruno Lemaire dit :

        Cher oops, je ne suis pas en désaccord complet avec ce que vous dites, tout est question de nuances, qu’il est difficile d’apporter dans des commentaires de commentaires.

        Je ne reproche rien de particulier aux banquiers, c’est le système qu’il faudrait changer;

        Je ne pense pas non plus que l’Etat doit tout faire, c’est pour cela que je suggère vivement un contrôle a priori et a posteriori de ce qu’il fait, avec des indicateurs aussi transparents que possible.

        Après, à chacun son idéologie, consciente ou non.

        Je suis raisonnablement démocrate, sachant qu’on ne peut faire le bonheur des ens malgré eux, mais que si l’on ne veut pas traiter nos concitoyens en « sujets » (au sens de Louis XIV), il faut tenter de les informer et de les instruire au mieux.

        Après, à chacun sa propre liberté.

        B.L.

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      • sonia dit :

        on ne vous en veut pas, Opps…
        on sait que c’est juste pour faire l’avocat du diable… 😉

        il n’y a pas besoin,
        allant même plus loin que Bruno, les banques s’auto-accusent
        et font amende honorable :

        http://www.obsfin.ch/manifeste.htm

        ojalà (si seulement), comme dirait l’espagnol… 🙂

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        • Opps' dit :

          C’est vraiment chou , Sonia … de ne pas m’en vouloir. 😉

          J’aurais préféré , franchement, avoir des réponses , si possibles convaincantes , mais je ne vois … que des approximations ou bien des détails intéressants mais non déterminants, des dérivatifs indignés incantatoires réguliers , pas mal d’ incertitudes, et quelques partis-pris bien imprudents.

          Ca en fait des choses ! … mais je ne ne critique pas … ça m’a servi quand même.

          Revoyez un peu -bon je sais que c’est un peu difficile au milieu de son fatras- le début de piste (pas les solutions!) de F.Jéru

          Pour paraphraser Bruno, je dirais à chacun sa vue, à chacun son chemin, à chacun sa vitesse. Et bonne fête à tous!

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  9. Ping : 222 – Harribey: monnaie, inflation et dette « Plus loin que Jorion | MASSE MONETAIRE | Scoop.it

  10. sonia dit :

    Bonjour, Opps

    En effet, pas facile de s’orienter sur le site de F. Jéru, encore en chantier…

    C’est un étonnant mélange de Jules Verne et de Doc Brown…

    Le début de piste dont vous parlez semble être :
    le système BRI et les eurodevises sont délétères.

    C’est affirmé maintes fois, mais je n’ai pas bien compris en quoi…

    Avez-vous mieux compris ?

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  11. jerome flon dit :

    Noter les amis que cette affaire de 500 milliards prêtés par la BCE aux banques secondaires vient après le début de notre discussion…

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