220 – Bruno Lemaire : argent-dette des banques

Ici nous savons, presque tous, presque tout cela… mais il n’est pas inutile de le rappeler de temps à autre sous une autre « plume »
Postjorion
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L’argent-dette des banques… Peut-on changer le rôle de nos banques
(Article de Bruno Lemaire )Q. Quel est vraiment le rôle actuel des banques dans la création de monnaie ?

Supposons que vous vouliez emprunter dix mille euros à votre banque. Celle-ci va vous avancer cet argent, vous « prêter » cet argent, en écrivant ce montant de 10 000€ sur votre compte courant, votre DAV (dépôt à vue), en contrepartie de la reconnaissance de dettes que vous lui signerez. En fait elle vous prête de l’argent maintenant, contre votre promesse de remboursement « plus tard ».

Q. Mais d’où sort cet argent ?

Votre banque, comme toute autre banque commerciale, dite à tort de dépôts, crée cet argent, à partir de rien, car elle anticipe que vous pourrez la rembourser, avec des intérêts bien sûr…

On peut dire, d’une certaine façon, que cette pratique correspond à une avance de trésorerie, que tout entrepreneur, commerçant ou artisan connaît bien. La banque ‘escompte’ – dans tous les sens du terme – que vous lui rembourserez ce prêt.

Q. Mais y a-t-il une limite à cette création monétaire ? Et quels sont les risques éventuels pris par la banque ?

Une banque doit avoir au moins, en monnaie centrale garantie par la banque centrale (Banque de France ou BCE), 2% de réserves ‘gelées’ à la banque centrale. Par ailleurs, elle est censée avoir en fonds ou capitaux propres, un certain pourcentage de son passif.

Deux risques peuvent se produire : tout d’abord un risque de liquidité, ou plutôt d’illiquidité, si chacun veut convertir en billets, en « argent liquide », le montant total de ses dépôts à vue.

Ce risque est lié au fait que l’on vous prête immédiatement de l’argent, que vous ne rembourserez que plus tard, voire beaucoup plus tard. Tant que vous vous contentez de faire des chèques (monnaie scripturale), qui circulent donc de compte en compte, d’une banque à une autre, il n’y a évidemment aucun problème, sauf entre les banques elles-mêmes, si certaines banques prêtent relativement plus que d’autres.

Mais si vous utilisez ‘trop’ de billets relativement à cette monnaie scripturale, votre banque va devoir se réapprovisionner auprès de la banque centrale, seule capable d’émettre des billets et de les mettre en circulation. Pour cela, elle va s’endetter elle aussi auprès de la banque centrale, en déposant en garantie soit ses propres obligations, ses propres « reconnaissances » de dettes, soit des garanties venant de ses propres clients.

Q. Et si la banque centrale refuse cette création monétaire ?

Votre banque va essayer de trouver ces liquidités auprès d‘une banque concurrente – marché interbancaire – ou sur le marché monétaire. Mais ce risque d’illiquidité est beaucoup moins grave, même s’il peut être ennuyeux, que le risque d’insolvabilité, qui, comme pour une entreprise normale, correspond au fait que trop de clients de la banque se trouvent dans l’impossibilité de rembourser leurs prêts.

Si une banque a prêté 100 milliards d’euros – dont éventuellement en achetant pour 10 milliards d’euros de dettes publiques (donc en ayant prêté 10 milliards à un état) – avec seulement 6 milliards de fonds propres, et si le 1/5 de ces prêts, soit 20 milliards, se retrouvent avec une valeur diminuée de moitié, la banque va devoir encaisser sur son bilan cette différence de valorisation de 10 milliards, et passer d’une situation nette de 6 milliards de fonds propres à une situation d’une perte nette de 4 milliards, donc en situation de faillite.

Q. Mais y a-t-il une solution, pour éviter ce scénario catastrophe ?

Oui, et de nombreux économistes, parmi les plus prestigieux, dont plusieurs prix Nobel, ont soutenu que la seule solution serait de revenir à une seule banque émettrice, cette banque ayant seule le privilège – à encadrer soigneusement – de créer de la monnaie. Cette seule banque émettrice serait la banque centrale de la zone monétaire considérée, la BCE si la zone s’étend à l’Europe des 27, ou des 17, la Banque de France si, pour diverses raisons, la zone monétaire considérée se réduit à la France. Les banques commerciales actuelles n’auraient plus comme fonction que celle de gérer au mieux l’argent déjà existant, que cet argent soit utilisé comme moyen de paiement ou placée en épargne.

Q. Et ce n’est pas déjà le cas ?

Hélas non. Près de 90% de l’argent actuellement en circulation est de l’argent qui a été émis – contre reconnaissances de dettes prenant diverses formes – par les banques commerciales. Avec cette banque unique d’émission, 100% de la monnaie devenant centrale, au lieu de moins de 10% actuels , le risque d’illiquidité n’existerait évidemment plus. Le risque d’insolvabilité, lui, serait diminué très fortement, et, de plus, n’aurait pas comme conséquence potentielle d’entraîner le système bancaire tout entier dans sa chute.

Q. Mais si c’est tellement efficace, pourquoi cela n’a-t-il jamais été expérimenté ?

Il est clair que ce sera moins rentable, mais beaucoup plus sûr, pour les banques commerciales, qui perdront ainsi de nombreuses possibilités de spéculer.

Par ailleurs, jusqu’à maintenant, de nombreuses banques se croyaient « trop grosses pour tomber » (too big to fall). Ainsi l’actif de la BNP est du même ordre de grandeur que le PIB de la France, les 2 plus grandes banques suisses ont un bilan global supérieur à 7 fois le PIB suisse. Mais l’exemple de Lehman Brothers et de Dexia va sûrement les inciter à réfléchir. Et la situation économique actuelle, avec des obligations souveraines (les dettes publiques) qui ont perdu entre le 1/3 et les 2/3 de leurs valeurs, va évidemment dans le sens d’une reprise en mains totale du système bancaire et financier.

Bruno Lemaire

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Le blog d'André-Jacques Holbecq
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34 commentaires pour 220 – Bruno Lemaire : argent-dette des banques

  1. BA dit :

    Mercredi 7 décembre 2011 :

    Zone euro : Sarkozy n’exclut pas un risque d’explosion.

    17h25.

    Sarkozy : «Le risque d’explosion est prégnant tant que l’accord avec Merkel n’est pas effectif».

    Devant les députés UMP, Nicolas Sarkozy a déclaré que «l’Europe n’est pas sortie de la crise. Le risque d’explosion est prégnant tant que les décisions prises avec Angela Merkel ne sont pas effectives», rapporte un des participants.

    «L’Europe a besoin de refinancer sa dette et les prêteurs n’ont plus confiance», a-t-il ajouté. «Pour la retrouver, il n’y a qu’une seule stratégie : l’alliance entre la France et l’Allemagne. Il n’y a pas d’autres alternatives». Le chef de l’Etat a aussi estimé que la souveraineté «ne s’exerce pas seul, mais avec les alliés, les amis, les voisins». Il a également déclaré : «On ne peut pas continuer à être le marché le plus ouvert au monde et accepter les produits des pays qui ne respectent aucune règle. Pour cela, il faut refonder les traités».

    http://www.leparisien.fr/crise-europe/en-direct-zone-euro-sarkozy-n-exclut-pas-un-risque-d-explosion-07-12-2011-1756811.php?google_editors_picks=true

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  2. Nihil dit :

    Toute vérité est souvent bonne à (re) dire.
    Merci, Monsieur Lemaire.

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    • Bruno Lemaire dit :

      Cher nihil, merci

      comme on se retrouve 😉

      Très cordialement

      Bruno Lemaire

      PS. N’oubliez pas de remercier AJH.

      Mes rares désaccords avec lui viennent de positions ‘philosophiques’ différentes, mais c’est vraiment lui qui m’a amené à creuser un sujet qui, bien qu’économiste, ne m’avait jamais particulièrement intéressé, à savoir … « La Monnaie ».

      André-Jacques, puis Etienne Chouard ont beaucoup apporté dans ma « renaissance monétaire » (born again 😉 )

      Il est vrai que c’est en période de crises que l’on s’intéresse à l’essentiel.

      La monnaie, « normalement », on ne devrait pas s’en préoccuper.
      C’est comme pour son cœur (je ne m’en préoccupe que depuis mon infarctus 😉 )

      Je vous conseille aussi le blog http://www.prosperite-et-partage.org/ de Janpier , ou Jean-Pierre, Dutrieux, remarquable par la profondeur de son analyse.
      Faut dire qu’il y a 20 ans qu’il travaille sur le sujet …

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      • Nihil dit :

        Alors, dans l’ordre:
        – plaisir partagé 🙂
        – merci, AJH !
        – JP Dutrieux: j’avais repéré son blog il y a quelque temps, très riche mais aussi très technique, trop…pour moi. Je vais m’y risquer à nouveau.
        Merci en tout cas.
        🙂

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  3. Renaud dit :

    Bruno, tu as bien fait d’écrire ce billet.

    Effectivement, j’avais aussi prôné plusieurs fois ici et là sur internet(sans doute pas assez par peur idiote de casser les pieds) d’aller sur le site de Janpier Dutrieux que je connais depuis 10 ans maintenant. C’est un grand allié du Crédit Social alias Démocratie Économique.

    Quant à la « dramatisation » de Sarkozy ci-dessus (message de BA), c’est probablement pour d’affranchir autant que possible de sa « soumission » à l’Allemagne de Mme Merkel. Et cette dernière ne peut pas ne pas savoir qu’elle roule en grande partie pour le système anglo-américain qui compte ici sur l’Allemagne. D’où l’insistance « curieuse » des États-Unis principale puissance exécutive des « organisations » mondialistes pour qu’on « arrange » les affaires de l’euro.

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  4. BA dit :

    Crise : Draghi douche les espoirs d’une intervention massive de la BCE.

    Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi a douché jeudi les espoirs d’une intervention massive de son institution face à la crise, appelant plutôt les gouvernements à « faire le maximum ».

    A l’adresse des dirigeants européens réunis à partir de la soirée à Bruxelles, il a appelé de ses voeux un nouveau « pacte budgétaire » en zone euro, pour enrayer l’envol de la dette des Etats.

    « La responsabilité ultime d’enrayer la crise appartient aux responsables politiques », a-t-il répété.

    M. Draghi a estimé que si ce pacte budgétaire devait être doté d’un « cadre légal crédible », il était « tout aussi important qu’il soit mis en place rapidement », une manière de s’opposer à des procédures trop longues de ratification en cas de modification des traités européens.

    Le président de la BCE s’est par ailleurs dit « surpris de l’interprétation de ses propos » après un discours devant le Parlement européen la semaine dernière.

    Certains médias et économistes avaient alors affirmé que M. Draghi serait disposé à intervenir massivement en soutien des Etats, une fois mises en place les réformes institutionnelles.

    Loin de nourrir ces espoirs, le président de la BCE a dit qu’en matière de soutien aux pays en détresse, sa « préférence allait au FESF et au MES », soit au mécanisme déjà mis en place et à celui qui doit le relayer. M. Draghi les a jugés « parfaitement équipés » pour faire face à la crise de la dette.

    Le président de la BCE a aussi exclu la possibilité d’intervenir davantage sur le marché de la dette publique comme le réclament certains Etats, notamment la France, soulignant une nouvelle fois que les achats d’obligations publiques qu’effectue déjà la BCE sont « limités » et « temporaires ».

    « Les traités interdisent un financement monétaire des Etats », a dit M. Draghi.

    Il a aussi balayé la possibilité d’un financement des Etats par la BCE, mais via le Fonds monétaire international : « c’est incompatible avec les traités ».

    http://www.boursorama.com/actualites/crise-draghi-douche-les-espoirs-d-une-intervention-massive-de-la-bce-986ab51fdd7e167f8ec16caab6c4c10f

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  5. BA dit :

    Vendredi 9 décembre 2011 :

    Le maintien de la Grèce, qui négocie désormais un « hair cut  » de 80 % sur sa dette, n’est même pas certain.

    http://www.latribune.fr/opinions/editos/20111209trib000670182/super-mario-priez-pour-nous.html

    1- Au début, ils disaient : « Ne vous inquiétez pas : la Grèce remboursera sa dette. »

    2- Ensuite, ils ont dit : « Ne vous inquiétez pas : la Grèce ne remboursera pas la totalité de sa dette, mais la Grèce remboursera presque toute sa dette. »

    3- Ensuite, ils ont dit : « Les prêteurs vont perdre 21 % de leur mise. »

    4- Ensuite, ils ont dit : « Les prêteurs vont perdre 50 % de leur mise. »

    5- Aujourd’hui, ils disent : « Les prêteurs vont perdre 80 % de leur mise. »

    6- Et demain ?

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    • Bruno Lemaire dit :

      Cher BA

      C’est toujours la même interrogation, fuite en avant, fuite en arrière, ou défaut « avoué » (mais à combien pardonné, moitié, 3/4 ou autre).

      Une ‘bonne’ – ou mauvaise – quantité des dettes ne sera jamais remboursée, mais il ne faut surtout pas le dire officiellement, tant que les banques ne se sont pas débarrassées de ces actifs (financiers) toxiques.

      Les banques françaises ont 100 à 200 milliards d’obligations publiques dans leurs actifs: combien valent-elles réellement?

      Si c’est 20% de moins, elles sont quasiment toute en faillite. Alors, faut-il le dire, ou non. Faut-il transférer en vitesse ces actifs – à leur valeur actuelle – au paradis de la BCE, ou ailleurs?

      Toute la question qui préoccupe nos gouvernants, et les lobbies bancaires et financiers, est là, alors qu’elle ne devrait pas y être. C’est de l’économie réelle dont il faudrait s’occuper, pas de cette valorisation plus ou moins bidon.

      Bruno Lemaire.

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  6. Opps' dit :

    Bonjour Bruno
    Je trouve l’article un peu curieux . Bon je sais que vous ramez tous pour trouver de bons arguments à un 100% dont vous peinez par ailleurs à définir les contours 😉

    Mais là , plus de la moitié de l’article est centrée sur le problème ou le risque d’ illiquidité … A ma connaissance ce risque ne se manifeste nullement , et même si le 100% résoudrait ce supposé problème , il n’a à aucune raison de prendre un remède pour un mal qui n’existe quasi pas.

    Quant au risque d’insolvabilité traité en un petit paragraphe , il est pratique de le présenter ainsi en centrant tout sur la banque , comme si elle était victime d’un phénomène naturel externe qui serait qu’on ne rembourse pas les dettes . Aussi pour le bien de tous on ne créerait qu’une seule banque (qui deviendrait forcément banque d’Etat même si on ne le spécifie pas) et qui forcément deviendrait insubmersible .

    Le risque d’insolvabilité disparaîtrait-il pour autant ? A mon avis pas du tout .

    Car en fait le problème de l’insolvabilité doit être remis à l’endroit : celui de l’endettement excessif . S’il n’y a pas remboursement c’est que le prêt a été mal fait puisqu’il n’a pas généré une activité générant le remboursement , ou bien générant -je ne suis pas idiot- une économie ou un gain externe (même si ces notions sont très difficilement mesurables)

    Je ne vois pas en quoi une banque unique supprimerait , je ne vais pas dire le mal-investissement car c’est bien trop libertarien pour moi, mais disons , le risque d’insolvabilité . A la limite je me dit au contraire , tout va pousser , du fait de l’impossibilité de faire faire faillite à une banque centrale, à un financement d’activité encore plus hasardeuses. On serait dans un 100% laxiste (Je sais que ce n’est pas celui d’AJH!)

    Bien sur si on pose que cette BC ne respecte plus l’équilibre basique de tout bilan et qu’elle pourra toujours monétiser à souhait, c’est vrai que la notion même d’insolvabilité disparaît.

    Cette BC n’est d’ailleurs plus une banque mais une fabrique de monnaie gratuite. Et les banques ne sont plus que des centres de dépôts.

    Une remarque pour conclure :
    Lorsque je parle d’endettement excessif je ne dis pas que les populations ont vécu forcément au dessus du niveau de vie auquel elles ont droit, compte tenu de l’état de richesse existant .
    Mais , en admettant qu’il y ait un problème de répartition des revenus et des richesses, l’endettement est le pire moyen -même s’il a cette petite qualité d’activer la consommation et l’économie- de régler ce problème .
    Cordialement

    Ps/ tout a fait d’accord pour qu’on aille dans « le sens d’une reprise en mains […] du système bancaire et financier »
    (J’ai enlevé « totale » , car je ne sais pas … ou je sais trop 😉 ce qu’il y a dessous)

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    • Bruno Lemaire dit :

      Salut oops

      Une partie de votre argumentaire est tout à fait recevable.

      En fait, la grande question est: comment émettre de la monnaie en quantité optimale.

      Pour cela, il faut que les contreparties de cette monnaie émise corresponde à des actifs solides, que ce soit des reconnaissances de dettes bâties en anticipant une réelle production participant au bien public.

      Il se trouve que ce n’est pas le cas quand ces actifs sont essentiellement spéculatifs.

      Une monétisation privée amplifie les crises, soit les crises de croissance, soit les crises de décroissance.

      Pour mieux gérer la monnaie, il vaut mieux « nationaliser » la monnaie, c’est ce que des dizaines de grands économistes ont dit depuis Fisher, et déjà bien avant lui.

      Mais cela n’effacera pas la question que pose Olivier B. sur son blog: il faut bien que quelqu’un paye pour les dettes publiques.

      Avec le 100%M, on peut espérer que ce ne seront pas les plus fragiles d’entre nous, et que l’effacement des dettes se fera sans condamner les populations à 15 ans d’austérité. Par ailleurs, les banques ne se goinfreront pas avec des intérêts « non éthiques »

      Très amicalement,

      Bruno Lemaire.

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      • Opps' dit :

        Quelle raisonnement bien articulé et simplement lumineux … 😉
        Il aurait fallu commencer par là !

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      • A-J Holbecq dit :

        En commentaire à une question sur le blog de J-C Werrebrouck: l’endettement net de la France ne serait « que » de < de 600 Md€ ( http://www.lacrisedesannees2010.com/article-les-conditions-d-un-demantelement-reussi-de-la-zone-euro-92063917-comments.html#anchorComment )

        … mais de toute façon nous ne pourrons pas payer la dette. Contrairement à ce que pense O. Berruyer, je pense que "de toute façon il ne faudra pas payer la dette " 😉
        (mais le 100% permets de la "geler" en grande partie)

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      • Opps' dit :

        A propos de goinfre …
        … savez vous que globalement il ne semble pas y avoir eu d’accroissement des inégalités en France depuis ces dernières 30 années entre les catégories sociales ?
        Il semblerait que les goinfres en France, ce soit -en très gros- , les senors et que les perdants soient les jeunes générations.

        Je n’ai pas dit pour autant qu’il n’y avait pas eu de concentration de richesse au niveau mondial . Et donc que ces goinfres là paient, moi aussi je préfèrerais ! Et je dirais même plus … tout le monde préfèrerait !
        Et je ne dis pas non plus que les marges bancaires ne posent pas un certain problème.

        Bonne continuation !

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    • Bruno Lemaire dit :

      Cher oops

      Si j’ai insisté sur la question de la liquidité, ou de l’illiquidité, c’est bien parce que je pense qu’en cas de méfiance envers les banques, ou plus exactement envers la valeur des actifs formant les contreparties de ce qui est censé être disponible dans les comptes à vue, c’est bien parce que les banques, pour retrouver cette liquidité, vont tenter de se défausser de ces actifs, dont la valeur toxique se révèlera sans doute à cette occasion, d’où la crise de solvabilité qui s’en suivrait nécessairement.

      Par ailleurs, nous n’avons nul souci pour définir ce que de vrait être le « 100pourcent monnaie centrale ».

      Je vous assure que quand je dis qu’il faudrait « une seule banque », tout le monde comprend très vite.

      La véritable difficulté, c’est de redonner confiance en la monnaie, qu’elle soit émise par une seule banque (centrale), ou par d’autres moyens.

      La question des dettes est évidemment fondamentale. J’ai dit depuis longtemps ce qu’il fallait en penser par ailleurs.

      Quelqu’un doit payer pour ces dettes, c’est évident.

      Si c’est un moratoire, ce sera essentiellement les créanciers. Si c’est une « fuite en avant », ce qui correspond à une opération de cavalerie, ce n’est que repousser le problème.

      J’avoue que je préfèrerai que ce sont ceux qui se sont « goinfrés » pendant 35 ans, plutôt que ce soit l’économie réelle.

      A chacun ses lubies, et ses lobbies.

      Très cordialement

      Bruno Lemaire.

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      • Opps' dit :

        Et dire que certain s’escrime à essayer de faire comprendre le 100% en 36 points ! Et les autres qui se posent des questions sur la tuyauterie …

        Alors qu’il suffisait de dire « Une Seule Banque » ! … et tout le monde aurait compris tout de suite !

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  7. Renaud dit :

    Je pense que ça a dû être traité ici et ailleurs à plusieurs reprises, plus ou moins en profondeur. Mais est-il possible de trouver la proportion, qui, dans le montants des dettes publiques d’aujourd’hui (disons fin 2011) provient de l’argent épargné d’une part (à plus forte raison si c’est une épargne populaire, livret A, etc), et d’autre part, l’argent « originé » dans la pure création monétaire et la spéculation (mais s’agissant de la spéculation, c’est la bouteille à l’encre.. des non publications, Goldmann & Sachs en tête…)

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    • A-J Holbecq dit :

      Cher Renaud

      Quasiment toute la monnaie est une dette, mais en ce qui concerne la dette publique il n’y a de « monétisation directe » que de la part des banques, qui transforment de la monnaie centrale prêtée par la BCE à court terme à 1% en un crédit plus long à X% à l’Etat qui pourra, par le biais du Trésor Public, utiliser cette « monnaie secondaire ». On peut donc considérer un quinzaine de pourcents de la dette publique émise presque directement par les banques. Le reste est « indirect » (de l’épargne)

      Je puis évidemment me tromper sur ces sujets peu traités par les grands économistes…

      AJ

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      • Renaud dit :

        Merci AJH.
        Est-ce que cette quinzaine de pourcents de la dette publique émise presque directement par les banques ne serait pas le même pourcentage, 15 à 16%, de fuites subies par les mêmes banques, par exemple avec les salaires versés (utilisation de la monnaie) dont les montants d’éparpillent dans toutes les banques à mesure des paiements effectués avec l’argent des dits salaires?

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  8. BA dit :

    Voici un article concret, passionnant :

    Dimanche 11 décembre 2011 :

    Fabriquer la monnaie, éviter la panique : mode d’emploi pour sortir de l’euro.

    http://www.boursorama.com/actualites/fabriquer-la-monnaie-eviter-la-panique-mode-d-emploi-pour-sortir-de-l-euro-b4cdd8848a0ed0cdc9e3d6f2d968fd59

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  9. Laurent S dit :

    Je ne comprends pas, à partir du moment où une banque offre un crédit par création monétaire, qu’elle puisse faire faillite s’il n’est pas remboursé.

    Si le débiteur est déclaré insolvable, alors la banque n’a plus qu’à faire un trait sur ses créances, pourquoi doit-elle en plus diminuer son capital propre du montant des impayés puisqu’elle a octroyé l’argent par création monétaire, elle ne le doit donc à personne.

    D’ailleurs si un emprunt est intégralement remboursé, le capital propre de la banque n’augmente pas du montant emprunté mais juste de celui des intérêts. Pourquoi ne procède-t-on donc pas de même en cas d’insolvabilité du débiteur ?

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    • Bruno Lemaire dit :

      Cher Laurent S

      Votre question semble être frappée au coin du bon sens, et pourtant…

      En fait, c’est simplement une question de « véracité comptable », si je peux dire cela ainsi, ou d’équilibre de bilan, ou de pseudo confiance.

      Je tente de m’expliquer.

      La banque Bruno va prêter à l’escroc Machin 1000 euros, contre une reconnaissance de dettes de 1000 euros.

      L’actif et le passif de la banque augmentent tous les 2 de 1000 euros.

      Machin va utiliser ces 1000 euros pour ses menus dépenses. Si leur montant parvient à d’autres clients de la banque Bruno, le passif global de la banque Bruno ne change pas.

      Supposons alors que Machin est reconnu en tant qu’escroc. Sa reconnaissance de dettes, au lieu de valoir, à l’actif, 1000 euros, ne va plus rien valoir.

      Le passif de la banque Bruno devra alors être diminué de 1000 euros. Mais comme ces 1000 euros ont pu être utilisés par d’autres clients, il va bien y avoir un trou dans le bilan (au passif) de la banque Bruno, qui va donc devoir inscrire 1000 euros en tant que perte.

      C’est exactement ce qui s’est passé entre la fin 2008 et début 2009 pour les banques françaises.

      Fin 2008, en valorisant les obligations souveraines toxiques à leur valeur de marché (qui était 25% inférieure à leur valeur historique, nominale) , à l’actif de leur bilan, les banques françaises étaient toutes insolvables (en faillite) vu la faiblesse de leurs capitaux propres.

      Par un tour de passe passe comptable, avec l’autorisation de la commission européenne, il a été décidé – alors que c’était interdit depuis 2005, – de permettre aux banques de valoriser ces actifs souverains à leur valeur nominale.
      Aussitôt, les banques sont redevenues bénéficiaires, et en ont profité pour distribuer des dividendes.

      C’est y pas beau la comptabilité créative?

      On peut craindre d’ailleurs que ce tour de passe passe ne continue, si la BCE rachète ces actifs souverains à leur valeur nominale, au lieu de leur valeur historique …

      En espérant avoir éclairci un peu la question.
      Très cordialement

      Bruno Lemaire.

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    • A-J Holbecq dit :

      Un point de vue complémentaire…
      Si une banque X a fait un crédit, une partie de SA monnaie a fuit vers d’autres banques (en fonction de la part de marché des dépôts des autres banques) lors des paiements faits par le bénéficiaire. Les autres banques vont demander à la banque X le paiement de ces fuites en monnaie centrale, monnaie que la banque A doit « acheter » (mais qu’elle ne peut acheter avec sa propre monnaie).
      Ces petits articles pourront sans doute vous éclairer http://monnaie.wikispaces.com/D%C3%A9veloppement+%C3%A9quilibr%C3%A9 et http://monnaie.wikispaces.com/Les+banquiers+vous+diront

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      • Bruno Lemaire dit :

        Salut André-Jacques

        j’aime bien aussi ton explication 😉

        En fait, tu utilises le fait qu’il y a plusieurs banques, et que chacun a sa monnaie, euros BNP, euros CA, euros SG. Les banques se marquent donc « à la culotte » (et gare quand elles n’avancent pas au même pas, comme aurait dit Keynes)

        Mais quand il y a une seule banque?

        A suivre, peut être …

        B.L.

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      • Laurent S dit :

        @ A-J Holbecq

        C’est le grain de sable que j’attendais. Effectivement la banque est redevable auprès des autres banques de l’argent dépensé par son débiteur indélicat. Et comme les autres banques n’acceptent que la monnaie de la banque centrale, elle doit puiser dans ses fonds propres. Alors que si l’emprunteur avait remboursé le crédit elle aurait remboursé les autres banques avec cet argent pour la part dont il soit issu de crédit émis par ces autres banques.

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    • Laurent S dit :

      Si en comptabilité tout va par paire, on peut très bien décider puisque l’actif ne vaut plus rien suite à l’insolvabilité de l’emprunteur, que le passif correspondant est annulé du même mouvement. Ce ne sera pas la seule bizarrerie de la comptabilité des banques.

      Cela ne déresponsabilise par la banque car elle gagne l’argent sur les intérêts. Elle n’a donc rien à gagner à prêter à des gens insolvables. Mais pour éviter les escroqueries on peut aussi décider que les intérêts déjà payés sont aussi perdu si le crédit n’est pas intégralement remboursé. Quant à l’aléea moral, comme votre exemple sur les banques françaises le montre, ce n’est jamais qu’une belle promesse qui n’engage que les naïfs.

      Quant à l’argent que l’emprunteur indélicat a dépensé à gauche et à droite, il ne fait de tort à personne. Au contraire il huile les rouages de l’économie. En cas de généralisation de l’insolvabilité, comme pour les subprimes on risque certes l’inflation, mais la banque centrale arrive très facilement à en venir à bout. Ce qui n’est pas le cas de la déflation actuelle.

      Petite subtilité supplémentaire. Si la banque titrise ses créances pour les revendre à des investisseurs, il va de soi qu’en cas d’insolvabilité ces investisseurs perdent eux tout leur capital placé sur ses produits pourris.

      Autrement il est vrai qu’avec le 100% monnaie ces questions ne se poseraient pas.

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      • Bruno Lemaire dit :

        Cher Laurent, qui écrit:
        Si en comptabilité tout va par paire, on peut très bien décider puisque l’actif ne vaut plus rien suite à l’insolvabilité de l’emprunteur, que le passif correspondant est annulé du même mouvement.

        En comptabilité, la gomme est interdite: il faut laisser des traces (en théorie, pratiquement, il se passe des choses pas très nettes 😉 ). C’est pour cela qu’au passif, sous le 1000 en positif, on va aussi écrire 1000 en négatif.
        Ces « moins 1000 », c’est justement la perte susdite 😉

        B.L.

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  10. BA dit :

    Lundi 12 décembre 2011 :

    Exode des riches Français qui fuient la France vers la Suisse.

    Le directeur de la rédaction de Challenge, Pierre-Henri de Menthon, qui intervient dans la chronique « Les coulisses des entreprises » sur BFM Business, annonce que les Français riches sont en train de quitter la France à vitesse grand V.

    De ce fait, on peut se demander s’il y a un pilote dans l’avion France…

    On assiste à une sécurisation de l’épargne des Français les plus riches qui retirent leur argent des banques spécialisées, une situation similaire à la crise financière de 1929 aux USA.

    Pierre-Henri de Menthon pointe notamment le fait que les Français les plus riches réalisent des retraits et que cela se passe « loin des caméras, à l’abri des bureaux cossus des banquiers privés, ceux qui gèrent le patrimoine des grandes fortunes ! »

    Dans la vidéo ci-dessous, il est précisé :

    « Chez Pictet et Lombard Odier, deux grandes banques privées de Genève, les ouvertures de comptes par les Français se multiplient, des dizaines de millions affluent tous les jours. »

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    • Bruno Lemaire dit :

      Cher BA,

      au risque de paraître faire ouvertement de la politique 😉 je dirais, hélas, que s’il y a un pilote pour l’avion, il n’est plus dans l’avion. S’il existe il est à Berlin ou à Bruxelles: ce n’est plus le triple A que l’on a, mais le double B. Allez, je veux bien en rajouter un, celui de Banque.

      Quelles misère de voir tout cela …

      Bruno Lemaire

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  11. BA dit :

    Pierre-Henri de Menthon pointe notamment le fait que les Français les plus riches réalisent des retraits et que cela se passe « loin des caméras, à l’abri des bureaux cossus des banquiers privés, ceux qui gèrent le patrimoine des grandes fortunes ! »

    Dans la vidéo ci-dessous, il est précisé :

    « Chez Pictet et Lombard Odier, deux grandes banques privées de Genève, les ouvertures de comptes par les Français se multiplient, des dizaines de millions d’euros affluent tous les jours. »

    Nous sommes embarqués dans un grand bateau appelé « ZONE EURO ».

    Or, que voyons-nous ?

    Nous voyons les passagers les plus riches qui sont en train d’entasser leurs richesses dans des canots de sauvetage.

    Nous voyons les passagers les plus riches qui sont en train de fuir le bateau « ZONE EURO », pour aller mettre leurs richesses dans les banques privées suisses : la banque Pictet, la banque Lombard Odier, etc.

    Nous voyons les passagers les plus riches qui s’éloignent du bateau « ZONE EURO », et qui mettent à l’abri leur épargne en-dehors de la zone euro.

    C’est un signe qui ne trompe pas.

    C’est un signe qui montre que le bateau « ZONE EURO » est en train de couler.

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  12. BA dit :

    Mercredi 14 décembre 2011 :

    L’Italie lève 3 milliards d’euros de titres à cinq ans à un taux record.

    Le Trésor italien a levé mercredi 3 milliards d’euros d’obligations à cinq ans, soit le maximum prévu, à des taux d’intérêt qui ont atteint un nouveau record.

    Les taux ont en effet progressé à 6,47 %, contre 6,29 % lors de la dernière opération similaire le 14 novembre, atteignant un nouveau record depuis la création de la zone euro.

    Dépêche AFP.

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