156 – Neuf questions d’un citoyen français…

… aux candidats à la présidence de la République

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Tout ne se réduit pas à l’argent.

Mais à cause de l’argent il nous faut réduire le nombre  de policiers, réduire le nombre d’enseignants, réduire le nombre d’hôpitaux, réduire le déficit et la dette abyssalle qu’il a généré, bref pratiquer la Réduction, pardon la Révision Générale des Politiques Publiques ( RGPP). L’argent ne peut pas tout mais bloque presque tout. Nous avons, aujourd’hui,  le sentiment de subir l’esclavage de l’argent

« Esclavage de l’argent » ?  L’expression serait-elle outrancière ? En 0,27 secondes, Google  trouve 45400 occurrences, en français, pour cette expression. Nous sommes donc quelques-uns à nous percevoir comme esclaves de la finance.

C’est le fil directeur des questions qui suivent. Elles touchent au coeur de notre société.

oooOOOooo

1. Réduirez-vous les écarts de  revenus ? Si oui, comment ?

Dans ma vie d’adulte, sur un demi-siècle ( 1960-2010), j’ai vu cet écart passer, disons, de 30 à 300.  Il continue de croître et semble n’avoir aucune limite. La majorité de nos compatriotes recoivent un salaire mais vous savez que les plus hauts revenus ne sont pas faits que de salaires, que dans certains milieux la corruption rôde.

Faut-il rechercher la transparence sur tous les revenus ? Si oui, comment ?

Faut-il retenir la notion de revenu maximum ? Si oui, comment en gérer démocratiquement le niveau ?

2. Modifierez-vous le système fiscal ? Si oui, selon quels principes ?

Si les écarts de revenus sont énergiquement  réduits, il est envisageable  que chacun accepte de participer proportionnellement à son revenu jusqu’au  niveau du revenu maximal au delà duquel il y aurait reversement entier ( 100 % ). Dans le cas contraire quel serait, selon vous, le niveau    d’imposition de la tranche supérieure ?

Comment traiterez-vous du point de vue fiscal  les patrimoines et les héritages ? Suffit-il de considérer les revenus du patrimoine ? Un héritage est-il à considérer comme un revenu ?

3. Faut-il décourager la spéculation ? Si oui, comment ?

Les revenus tirés de la spéculation semblent souvent dissimulés dans des paradis fiscaux et des banques complices. Qu’est-ce que la spéculation apporte à la société ? Comment lutterez-vous contre ce fléau ?

Envisagez-vous des mesures dissuasives comme par exemple de porter la durée minimale de détention d’une action à une année entière ?

Tous les gains boursiers seront-ils soumis à la fiscalité commune ?

4. Estimez-vous utile de réglementer les taux d’intérêt  ?

La première des règles de modération n’est-elle pas la définition légale d’un taux d’usure  ? Pour les prêts à la consommation ce taux d’usure est voisin de 20 %. Pensez-vous utile de réduire notablement le taux d’usure pour les prêts à la consommation  ?

Approuveriez-vous  la mise en place d’un système de prêts directement accordés par l’Etat à des taux officiels économiquement intéressants pour les emprunteurs, taux destinés à jouer le rôle de taux directeurs pour les prêts sur le marché financier ?

Pour décourager la détention d’encaisses abusives freinant les échanges  et pour encourager au contraire l’activité économique, accepteriez-vous  de soumettre ces encaisses à une taxe communément associée à la notion de monnaie fondante ?

5. Etes-vous satisfait du système monétaire dit «  des réserves fractionnaires » ? Sinon, connaissez-vous le « 100 % monnaie » et qu’en ferez-vous ?

Notre système monétaire actuel est  structuré sur deux niveaux : au sommet la Banque Centrale ou « banque des banques » ( chez nous, la Banque de France agissant pour la Banque Centrale Européenne )  gère les comptes de ces banques et celui de l’Etat ( le Trésor Public) ; en dessous, les banques privées ou publiques  gèrent les comptes des autres agents économiques.

La monnaie de base est délivrée par la Banque Centrale qui accorde des prêts ou achète, contre monnaie de base, des titres de qualité  (« éligibles au refinancement »). Les banques ne connaissent entre elles que cette monnaie de base. Cependant les banques  ne comptabilisent pas de monnaie de base dans les comptes des agents économiques mais de la monnaie bancaire qui est un engagement de fournir, sur demande, la même quantité de monnaie de base, autrement dit « une promesse de monnaie de base ».  En conditions normales, ce système fonctionne correctement quoique le total des promesses de monnaie de base dépasse de plusieurs fois ( 5 à 7  fois selon la valeur du « multiplicateur de crédit ») le total de la monnaie de base existante. Ceci vient du fait, bien connu, que les banques comptent sur les comportements observés de leurs clientèles qui – en conditions normales –  ne réclament jamais simultanément la réalisation de toutes les  promesses qui leur ont été faites.

Ce système est basé sur une réalité soigneusement tenue dans l’ombre comme si elle était inavouable. Il permet surtout aux banques dans leur ensemble de prêter  jusqu’à 5000  à 7000 € alors qu’elles ne détiennent  (en propriété ou par  emprunt) que 1000  €. Même si on doit retenir que les euros de base, s’ils ont été empruntés à la Banque Centrale, amènent des intérêts vers cette Banque Centrale et donc vers ses actionnaires qui sont en Europe des Etats, il n’en demeure pas moins que 4000 à 6000 € prêtés par les banques leur rapportent des intérets sans leur avoir rien coûté si ce n’est quelques dépenses de gestion. Voilà la base systémique des bénéfices considérables constatés dans le secteur bancaire.

Plus encore : si les banques manquent de monnaie de base, il leur suffit de se munir, par exemple,  de titres de la dette publique ou de s’en procurer sur le marché et de les revendre à la Banque Centrale. Ainsi elles se « refinancent » c’est à dire regarnissent leurs comptes en monnaie de base et se donnent les moyens de placer des crédits supplémentaires et donc d’encaisser davantage d’intérêts.

Ce système, dit « à réserves fractionnaires »,  autorise les banques à ne tenir en réserve qu’une fraction ( moins de 20 % ) de ce qui peut leur être demandé. Il a été analysé et discuté depuis près de deux siècles, dès la  querelle du « currency principle » et du « banking principle » en Angleterre en 1810. En effet, il remet de fait aux  banques  la création de la monnaie en usage dans l’économie. On lui oppose le système dit « 100 % monnaie » qui obligerait les banques à ne prêter qu’à hauteur de la monnaie de base préalablement acquise auprès d’une Banque Centrale. Celle-ci aurait ainsi le contrôle sur la quantité et, potentiellement, sur la destination de la monnaie émise, ce qui n’est pas du tout le cas aujourd’hui.

Souhaitez-vous conserver le système « à réserves fractionnaires » ou bien envisagez-vous d’ évoluer vers le « 100 % monnaie » ?  Ce dernier système fut étudié par Irving Fisher aux USA suite à la crise de 1929, et préconisé  par Maurice Allais, éminent économiste français qui vient de décéder. Il est  aujourd’hui exposé, par exemple,  par un universitaire et banquier tel que Christian Gomez.

6. Seriez-vous prêt à dénoncer l’article 1.2.3 du traité de Lisbonne ?

Nous avons vu que, dans notre système monétaire actuel, le Trésor Public est situé au niveau des banques. Celles-ci se refinancent auprès de la Banque Centrale. Si le Trésor Public faisait  de même, il émettrait une dette dont la Banque Centrale, c’est  dire lui-même ( du moins au prorata de sa part du capital de la Banque Centrale ) percevrait les intérêts. Il s’agirait donc d’un prêt à l’Etat à taux zéro ou à taux très réduit.

Ceci fut d’ailleurs pratiqué en France entre le Trésor Public et la Banque de France jusqu’au 3 janvier 1973 date à laquelle fut votée une loi l’interdisant, sous la Présidence de Monsieur Georges Pompidou et Monsieur Giscard d’Estaing étant ministre des finances. Les traités  de Maastricht et de Lisbonne n’ont fait que la reprendre au niveau européen. Or une analyse fine  montre qu’il s’agit là du signal de la fin des Trente Glorieuses et du début de l’endettement progressif de la puissance publique. Le premier choc pétrolier, souvent invoqué, n’intervient qu’un an plus tard.

Dans ces conditions il serait  décisif soit d’abolir l’article 1.2.3 du Traité de Lisbonne au niveau de l’eurozone, article  pénalisant tous les états de cette zone, soit à défaut, de le faire seul au niveau national quitte, si nécessaire,  à  revenir à une monnaie nationale. Ecartez-vous, oui ou non,  cette éventualité ?

7. Que choisiriez-vous entre un retour à l’étalon or et une monnaie garantie par l’Etat ?

La crise financière actuelle  fait resurgir des propositions de retour à l’étalon or. Celui-ci est apprécié depuis toujours ; il ne peut être créé sur demande. Ce serait une base incontestée pour  les monnaies  et donc une source de confiance.

La rareté de l’or peut aussi être vue comme un handicap car que ne feraient pas les Etats  pour s’en procurer ? Cependant chacun sait qu’on peut mourir de faim sur un tas d’or … Ce regain d’intérêt pour l’or constitue une occasion de s’interroger sur la véritable nature de la monnaie.

Sans développer les attributs traditionnels de la monnaie ( unité de valeur, moyen d’échange et possibilité de thésaurisation ),  disons que la valeur d’une monnaie tient essentiellement à sa capacité d’échange. C’est le droit détenu par une personne physique ou morale  de transmettre ce droit à une autre personne physique ou morale contre la livraison d’un bien ou la jouissance d’un service de  valeur identifiée. Cette définition conserve les notions de définition de valeur, de moyen d’échange,  et de persistance dans le temps entre et au cours des  échanges. Mais on y trouve aussi le rattachement  à  une personne de telle sorte que la monnaie peut être gérée en tenant les comptes de monnaie des personnes. La monnaie scripturale est largement la plus utilisée aujourd’hui. Nos moyens techniques permettraient d’ailleurs de supprimer toute la monnaie fiduciaire laquelle,  rattachée à son porteur,  autorise encore trop de transactions inavouables et d’actes de corruption.

On constate que les mesures suscitées par  la crise financière l’ont été, principalement, au niveau des Etats, comme si chaque Etat était le garant de sa monnaie.

Seriez-vous pour la confirmation de cette tendance : chaque Etat est garant de sa monnaie ou bien souhaitez-vous le retour à l’or ou à tout autre matière marchande bien identifiée ?

8. La collectivité qui garantit la monnaie doit-elle en être l’émetteur ?

Si une collectivité garantit sa monnaie ceci ne signifie-t-il pas qu’elle s’engage a tout faire pour conserver son pouvoir d’achat d’abord en interne et éventuellement auprès des collectivités voisines ? Or le pouvoir d’achat d’une monnaie est lié  notamment à la quantité de monnaie qui circule. Il y a deux façons de réguler la quantité de monnaie. On peut en créer et on peut en détruire.

Accepteriez-vous qu’ une collectivité garante de sa monnaie jouisse de manière exclusive  du droit de la créer et de la détruire ?

9. Une collectivité émettrice peut-elle « monétiser » ses besoins ?

Si la nature de la monnaie est essentiellement d’être un droit accordé par l’émetteur, ici une collectivité, à quelles occasions et dans quelles conditions cette collectivité devrait-elle accorder ou  supprimer ce droit ?

La théorie monétaire retient généralement que la monnaie est issue d’un crédit. La banque « monétise » l’engagement de l’emprunteur à rembourser capital et intérêts. Mais il existe une autre façon de créer de la monnaie, en « monétisant » l’achat d’un actif par exemple ou l’acquittement d’une dette, autrement dit en « monétisant » pour les besoins propres de la banque.

La même théorie monétaire fait état de destruction monétaire lors des remboursements des prêts mais aussi lors de la vente d’actifs et lors de la perception de recettes.

Etes-vous conscient qu’un Etat, sous réserve de le faire avec l’intelligence et la mesure exigées par la préservation du pouvoir d’achat – cela s’appelle gouverner – peut « monétiser » selon ses besoins et « démonétiser » selon ses recettes, c’est à dire s’exempter de  tout endettement public ?

oooOOOooo

Ces questions ne définissent pas une politique mais le problème monétaire n’est-il pas  le préalable à régler avant de prétendre proposer de vrais choix politiques ? Actuellement la seule option possible se réduit à : produire et payer. Il nous faut donc, en premier,  nous libérer du carcan monétaire qui, à l’insu  du  plus  grand nombre,  nous retient.

J.J. / Février   2011

Bien évidemment ce document peut être diffusé et éventuellement complété selon vos propositions…

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A propos postjorion

Le blog d'André-Jacques Holbecq
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15 commentaires pour 156 – Neuf questions d’un citoyen français…

  1. Werrebrouck dit :

    Bonjour;
    Concerant la loi 3 janvier 1973, un lecteur du Blog pourrait-il nous dire si de semblables textes ont été promus à peu près à la même date dans les autres pays développés, ou si -ce que je crois – La France constituait déjà une exception que cette même loi allait abolir? Cette question me parait importante pour connaitre l’éventuel état de l’opinion dans les pays de la CEE.
    Pour le reste j’apprécie ce texte même s’il faut constater qu’il dépasse largement le niveau de connaissance des citoyens.
    Je note pourtant qu’il manque un point essentiel concernant l’équilibre des échanges internationaux.

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    • JJegu dit :

      Bonjour,

      Votre commentaire pose une bonne question : comment se situait la loi française du 3 janvier 1973 dans le contexte international ? Une première ou au contraire la chute d’un dernier bastion ? Je ne connais pas la réponse et serais heureux que quelqu’un nous éclaire.Sans doute la situation des banques centrales a-t-elle eu un effet plus ou moins incitateur. La FED n’avait pas le même statu que la Banque de France. Selon ces statuts les intérêts des pouvoirs financiers sont plus ou moins préservés. Aujourd’hui, pourquoi nous a-t-on tellement « vendu » l’indépendance de la BCE ?

      Tout à fait d’accord sur le fait qu’il manque un point essentiel, à savoir comment gérer et piloter l’équilibre des échanges internationaux ? Qui donc nous rédigera une dixième question ! Pour ma part, je pense qu’il vaut infiniment mieux maintenir cet équilibre en passant des accords révisables de taux de change entre pays monétairement souverains ( devises nationales) plutôt qu’en décrétant d’utiliser une monnaie commune et unique. En résumé : monnaies nationales avec unité de compte commune ( dans la zone de coopération ). C’est le point de vue exposé dans le texte « Pour une régulation monétaire mondiale » auquel on peut accéder à partir de

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    • JJegu dit :

      Bonjour,( @ Werrebrouck )

      Votre commentaire pose une bonne question : comment se situait la loi française du 3 janvier 1973 dans le contexte international ? Une première ou au contraire la chute d’un dernier bastion ? Je ne connais pas la réponse et serais heureux que quelqu’un nous éclaire.Sans doute la situation des banques centrales a-t-elle eu un effet plus ou moins incitateur. La FED n’avait pas le même statu que la Banque de France. Selon ces statuts les intérêts des pouvoirs financiers sont plus ou moins préservés. Aujourd’hui, pourquoi nous a-t-on tellement « vendu » l’indépendance de la BCE ?

      Tout à fait d’accord sur le fait qu’il manque un point essentiel, à savoir comment gérer et piloter l’équilibre des échanges internationaux ? Qui donc nous rédigera une dixième question ! Pour ma part, je pense qu’il vaut infiniment mieux maintenir cet équilibre en passant des accords révisables de taux de change entre pays monétairement souverains ( devises nationales) plutôt qu’en décrétant d’utiliser une monnaie commune et unique. En résumé : monnaies nationales avec unité de compte commune ( dans la zone de coopération ). C’est le point de vue exposé dans le texte « Pour une régulation monétaire mondiale » auquel on peut accéder à partir de

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    • JJegu dit :

      Pardon, le lien ne semble pas être accepté. Il s’agit de l’article 144 de ce blog qui permet de télécharger le texte cité.

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  2. Catherine dit :

    La monnaie c’est le sang, l’énergie qui coule dans nos fantomatiques cursives, ombre délétère du miroir cassé de notre sinistre époque, qui vient justifier l’injustifiable de surcroît, aussi, c’est elle qu’il faut regarder de près et c’est elle qu’il faut orienter vers d’autres lieux que ceux dépravés qui font de nos liens sociétaux des liens malades de la peste à force de « mal à dire » ça, nos liens !

    C’est le sang qui fait pulser le coeur et non le coeur qui fait pulser le sang, aussi, c’est lui le flux qu’il faut ré-orienter, changer l’orientation du courant qui doit être absolument, irrévocablement, dirigé vers d’autres lieux, ceux de la vie pour tous dans le respect de l’un et du multiple.

    Abandonnons ce qui nous fait mal et nous verrons bien ce qu’il restera, il se peut que ce reste soit notre bien!

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  3. A-J Holbecq dit :

    Et n’oubliez pas
    http://engagement2012.wordpress.com
    😉

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  4. Catherine B dit :

    Que cette phrase de Lévinas fasse ré-fléchir ceux qui veulent bien s’autoriser à fléchir sur eux-mêmes, pour voir ad-venir les valeurs qu’ils veulent réellement voir advenir, moi y compris bien sûr, et la première!

    Emmannuel Lévinas nous dit :

    « __Pour que je sache mon injustice -pour que j’entrevoie la possibilité de la justice- il faut une situation nouvelle: il faut que quelqu’un me demande des comptes__ »

    Or, si je normalise une action a-normale en ne la relevant pas, si je ne demande aucun compte d’un mécompte qui compte pourtant, cela revient à être d’accord a minima avec ce mécompte, et ainsi, en continuant à jouer à ce jeu a-normal, sans demander de compte à qui que ce soit et en faisant comme si de rien n’était, de peur de passer pour un agressif ou un ceci ou un cela, et bien, rien ne sera jamais mis en conscience, en lumière, et donc si rien n’est conscientisé, aucun changement ne pourra se faire, puisqu’on ne fait pas disparaître quelque chose qui n’existe pas en conscience.

    Et donc merci André-Jacques, merci Post-J

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  5. Hadrien dit :

    Cher AJ,

    J’ai eu un peu de mal à retrouver le site par un détour, mais cela m’a permis de poser une question sur le billet 148.
    Sur le billet présent, j’insisterais volontiers sur un point qui me paraît aussi important que celui de la monnaie elle-même:
    La différence de taxation des revenus du travail et de ceux du capital semble créer une divergence qui est la source d’une aggravation des inégalités en économie libérale, comme l’étaient les privilèges de l’ancien régime féodal.

    En effet, si tout capital a bien été originellement le fruit d’un travail, il ne représente que du « travail stocké » sous forme de rémunération non consommée.
    Tout le capitalisme actionnarial des entreprises actuelles fait appel à la fois au travail et au capital investis. Or, le premier, aprés avoir été fourni, disparait dans le salaire sans autre droit de regard. Le second reste un actif négociable, tout en étant rémunéré en dividendes.
    De sorte qu’à partir d’un certain niveau de capital, le détenteur se transforme vite en rentier et peut même augmenter sa rente en réinvestissant les dividendes non consommés. Parallélement, le travailleur voit son salaire préssuré par la course au rendement qui s’installe pour les investisseurs rentiers vivant ainsi de l’exploitation des premiers. D’où la prétendue « compétitivité » par le bas (réductions d’effectifs et de salaires) ou par le haut (délocalisations d’exploitation).
    On invoque souvent le « risque » de l’investisseur en capital pour justifier cette différence de traitement du travail en continu et du « travail en stock » qu’est le capital. Or, ce risque a aujourd’hui disparu avec les fonds de pension qui reportent le risque sur le cotisant par le système « defined cotisation » sans garantie de rendement, contrairement au « defined benefit ».
    D’autre part, la même remarque s’applique au « capitalisme rhénan » qui fait appel à l’emprunt bancaire, sans risque, pour investir: si le taux d’intérêt versé est supérieur à l’inflation, comme il le devient aujourd’hui, l’investisseur en capital important dispose d’une rente rapidement divergente face au travailleur.
    Donc, le capital ne doit être rémunéré qu’à hauteur de l’inflation si l’on ne veut pas créer cette divergence rédhibitoire entre les pauvres dont le travail est rémunéré une seule fois et les riches qui peuvent le voir fructifier plusieurs fois.
    On comprend pourquoi les Trente Glorieuses, qui ont vu l’euthanasie du rentier, par la pratique d’une monétisation entretenant l’inflation, ont permis l’ascenseur social qui n’a plus cours aujourd’hui.

    NB: J’ai développé ça un peu plus sur le blog de Peyrelevade en incriminant sa « refondation du capitalisme »: on ne voit pas pourquoi un « travaillisme », selon le terme britannique, n’aurait pas tout autant droit de cité (Le travail devrait non seulement donner lieu à participation aux bénéfices, mais également donner droit de propriété partiel sur l’entreprise, ce qui résoudrait tout problème de délocalisation).

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  6. gdm dit :

    1. Non, amha, je ne réduirai pas les « écarts de revenu ». Ce serait violer le droit de propriété. Ce serait aussi violer le droit du contrat. Ce serait du vol. Et le vol cause directement et indirectement de nombreuses destructions. D’une part, les victimes investissent pour se protéger des vols de diverses manières. D’autre part, les voleurs et receleurs dépensent beaucoup pour se partager le butin.

    Il ne faut évidement pas imposer un revenu maximum. Il est absurde d’interdire à quiconque de créer un « maximum » de richesses.

    2. Oui, pour modifier le « système fiscal ». Toute redistribution occasionne des pseudo-investissements pour avoir une partie de cette redistribution. Le montant de ces pseudo-investissement tend vers le montant total des sommes à redistribuer. En effet, pour gagner 100, un investisseur investira 90. C’est pareil pour le pseudo-investissement pour avoir une partie d’une subvention. Le montant total des pseudo-investissements avoisine nécessairement le montant de la redistribution. ces pseudo-investissements ne créent aucune richesse nouvelle. C’est un gaspillage de ressources.

    Ainsi, les véritables bénéficiaires d’une subvention ne sont pas les bénéficiaires désignés. Ce sont les plus chanceux ou les plus malins. Ou alors ce sont ceux qui sont des « facteurs décisifs » de la production subventionnée. Ainsi, c’est les chanteurs lyriques comme Pavarotti qui sont les véritables bénéficiaires des subventions pour l’Opéra.

    3. La spéculation crée de la valeur, crée de la richesse. Tout échange volontaire crée de la valeur pour l’acheteur ET crée de la richesse pour le vendeur. Le droit de propriété est le socle de la civilisation moderne et de la prospérité économique. Toute atteinte au droit de propriété scie ce socle de la prospérité. Chacun est libre d’aller ou il veut. Nul n’est l’esclave de quiconque. Chacun a le droit de déposer son argent dans le lieu qu’il choisit.

    4. Le taux d’intérêt. La monnaie est aujourd’hui un monopole d’État. L’État confie ce monopole à sa Banque Centrale. Le manque de choix des monnaie augmente sa rareté. Et conduit à des taux d’intérêts plus élevés. Comme le demandait l’économiste Hayek, il est nécessaire de privatiser la monnaie. Les taux d’intérêts seront alors plus bas.

    5. le système monétaire « 100% money ». Ce système est le seul aboutissement qui serait logique d’un monopole étatique total sur la monnaie. Il est simple à comprendre. Aujourd’hui, les banques secondaires émettent de la monnaie secondaire avec l’autorisation, sous le contrôle de la banque centrale, et au nom de la banque centrale.

    Mais c’est encore trop. Selon le 100% monnaie », il faut supprimer cette monnaie secondaire. Le statut de fonctionnaire de la banque centrale donne un sentiment de pouvoir d’intelligence suprême de connaitre tous les besoins des populations. Le système centralisé étatique prétend savoir mieux qui quiconque quelle est la masse de crédit que demande le peuple.

    6. Une monnaie unique dans l’euroland fut une hérésie intellectuelle pour tous les connaisseurs de la monnaie. Mais le vrai but de la création de l’euro ne fut pas économique, mais politique. L’euro fut une une première étape vers un gouvernement européen. Un premier pas vers un gouvernement mondial. ce qui limites les défaut d’un État , c’est la concurrence des États voisins. Un État mondial pourrait se vautrer dans ses défauts et das sa corruption sans risquer aucun concurrence.

    7. L’étalon-or est une fausse bonne idée. L’avantage de l’étalon-or n’existerait que dans la cas où les État renoncerait à la frauder. Or, sous les pressions populistes, un État frauderait aussitôt la regle stricte de l’étalon-or. Une loi démagogique transformerait aussitôt un étalon-or en image sans contenu.

    8. C’est celui qui émet la monnaie qui doit en être évidement celui qui en garantit la valeur. C’est un principe de responsabilité essentiel. Une collectivité n’est aucune consistance juridique. Ce concept est, en lui-même, inopérant pour le discours logique ou pour l’action. Et l’État ne représente pas la « collectivité ». Jusqu’au 20e siècle, chaque unité monétaire, chaque billet, était une promesse de la banque. Une promesse juridique précise. La promesse de verser de l’or dans une certaine quantité. Or, la monnaie a existé indépendamment de l’État. L’État n’a aucune légitimité pour exiger le monopole de la monnaie.

    Aujourd’hui, c’est l’État qui garantit la valeur de la monnaie. Et ce sont les banques secondaires qui la créent. Mais la logique de la responsabilité est sauve. En effet, les banques secondaires créent la monnaie sous les ordres de la Banque Centrale.

    En effet, la Banque Centrale reconnait son incompétence a émettre a monnaie pour les agents économiques de toutes tailles. Elle demande donc aux banques secondaires de la faire en son nom. Votre compte bancaire est bien stipulé en euro et non pas en euro-BNP.

    9. Une banque émettrice peut émettre de la monnaie pour ses propres dépenses. Mais alors, il lui faut être très prudente en évaluant la garantie dont elle dispose dans ses comptes. C’est exactement ce que fait une banque Centrale lorsqu’elle émet de la monnaie centrale pour les banques secondaires. Et une Banque Centrale est la mandataire du monopole monétaire de l’État.

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  7. Ping : neuf questions à un citoyen | gidmoz

  8. JJegu dit :

    @ gdm

    Voici devant vous un citoyen ébranlé. Les neuf questions ne s’adressaient pourtant pas à lui, mais c’est bien lui qui les adressait aux futurs candidats à la Présidence de la République. Mais, futur candidat, peut-être l’êtes-vous ?

    Ainsi vos positions ont le mérite d’être claires :

    1. réduire les écarts de revenus, ce serait du vol.
    2. modifier le système fiscal en supprimant, je suppose, toute redistribution éviterait un gaspillage de ressources.
    3. la spéculation crée de la richesse ; spéculons, spéculons. Chacun est libre n’est-ce pas.
    4. privatisons la monnaie ; cela fera baisser les taux d’intérêt.
    5. la Banque Centrale contrôle les banques secondaires qui seules connaissent la masse de crédit que demande le peuple. Alors, osons : supprimons la Banque Centrale sans doute.
    6. Ce qui limite les défauts des Etats, c’est la concurrence ( entre leurs monnaies nationales, je suppose). Alors renforçons la guerre économique avec le moins d’Etat possible probablement.
    7. Pas d’étalon-or. A supposer que les Etats renoncent à la fraude, des pressions populistes ne manqueraient pas de les y ramener.
    8. Aujourd’hui, c’est l’Etat qui garantit la monnaie et les banques qui la créent , mais c’est parfaitement logique car l’Etat a délégué à la Banque Centrale qui délégue elle-même – vu son incompétence – aux banques secondaires. Donc en bout de chaine, les contribuables paient dès que nécessaire ; c’est juste et logique.
    9.une banque peut émettre de la monnaie – prudemment – pour ses propres dépenses. La belle affaire ; la Banque Centrale ne fait-elle pas de même pour le compte de l’Etat ! (Oublions l’article 123 du traité de Lisbonne ).

    Ebranlé, je le suis. Comme si je débarquais sur une autre planète. Comment n’ai-je donc pas vu plus tôt toutes ces évidences.
    Mais, comprenez-moi ; il me faut encore un peu de réflexion pour les assimiler. Aujourd’hui, sûr, pardonnez-moi, mais seriez-vous candidat que vous n’auriez pas ma voix !

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  9. gdm dit :

    @JJegu
    Vous dites qu’en me lisant, vous débarquez sur une autre planète. Je suis libertarien. C’est sans doute la cause du dépaysement que vous exprimez. Un autre libertarien que moi aurait probablement répondu des réponses proches des miennes. Sauf sur l’étalon-or. Vous pouvez aller sur le forum libertarien http://www.liberaux.org. Vous lirez comment raisonnent des libertariens.

    Je me permet donc de dire qq mots sur les libertariens. Le libertarianisme est une manière d’analyser la société et l’économie qui est différente de ce qu’on lit dans les journaux. C’est une théorie politique, c’est un courant du libéralisme. Il est fondé sur le respect du droit de propriété et sur le respect du contrat. Il est aussi fondé sur l’absence de contrainte sur autrui. C’est un principe de non agression.

    Ce que vous retenez de mes neuf points me convient. Sauf le point 6. D’une part, la concurrence entre les Etats ne se limite pas à une concurrence entre les monnaies. C’est aussi une concurrence entre les fiscalités respectives de deux Etats.

    D’autre part, le concept de guerre économique est, pour un libertarien, invalide. L’économie est une analyse des échanges entre des êtres humains. Ces échanges sont fondés sur des consentements mutuels et avantageux. S’il existe une « guerre », il y a violence et contrainte de l’un par l’autre. On n’est plus dans le domaine de l’échange volontaire. On est dans l’échange violent, qui viole le droit de propriété de l’un, qui viole l’autre. C’est du vol, c’est immoral.

    Sur le point 8, le libertarien considère que l’impôt est du vol. L’impôt est donc injuste.

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    • A-J Holbecq dit :

      « l’impôt c’est du vol »
      Ah bon…
      Chacun pour soi et Dieu pour tous… elle est pas jolie la philosophie libertarienne?

      Laisse tomber Jean, tu perds ton temps

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      • gdm dit :

        @A-J Holbecq
        Il n’existe pas, amha, de définition cohérente du vol qui n’inclue pas l’impôt. C’est une raison pour laquelle l’impôt est du vol. Le vol est l’obtention du bien d’autrui sans son consentement. L’impôt est une somme appartenant au contribuable. L’État obtient cette somme sans le consentement du contribuable et sous la menace de l’arme d’un policier.

        Vous dites »chacun pour soi ». Vous insinuez que les libertariens seraient des individus sans générosité. Cette insulte voilée sur la morale me pique au vif! Qui êtes-vous dans votre vie privée pour oser juger de la vie privée des autres, pour oser juger de leur générosité? Votre mépris envers les libertariens n’a d’égal que votre complète ignorance de cette philosophie politique.

        Vous confondez le don et le vol. Le résultat n’est pas le même. Mais celui qui manque de valeurs morales peut les confondre. L’impôt est fondé sur l’idée que nul ne donnera spontanément aux pauvres. C’est vous qui supposez que l’individu n’aurait pas de générosité et ne donnerait pas aux pauvres. C’est vous qui ignorez les diverses formes que peuvent prendre la solidarité. Selon vous, il faudrait qu’un État, supposé généreux, garant des valeurs morales, vole certains pour le donner aux pauvres.

        Les pauvres sont un prétexte à l’intervention de l’État. L’argent des impôts va-t-il aux pauvres? Non évidement! Et vous le savez bien! Lorsqu’un smicard reçoit 1000 euros de salaire, il paye 950 en charges sociales à l’État. Ne prétendez pas que l’État serait un garant d’une distribution équitable. Et les très riches savent éviter l’impôt en vivant dans plusieurs autres pays. Vous êtes un victime de l’illusion fiscale.

        Le cout direct et indirect de la redistribution correspond à une perte de production presque égale au montant de l’impôt. Si une telle « chose » produit tant de destruction de valeur, est-elle morale?

        Vous jugez, sans la connaitre, la philosophie libertarienne. Je vous invite à plus de réflexion sur ce sujet avant de juger. faites « libertarien » sur google. Ce sera un bon début. Vous y trouver qq prix Nobel d’économie et des professeurs d’université.

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      • gdm dit :

        le site du professeur bertrand lemennicier, libertarien
        http://lemennicier.bwm-mediasoft.com/index.php

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