118 – Qui détient la dette de qui? (2)

Ce qui suit est la suite logique de l’article 87: Qui détient la dette de qui?

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A fin mars 2010 la dette de l’État français s’établit à 1206 Md€. La dette totale des Administrations publiques au sens de Maastricht  atteint elle 1535 Md€
( http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=40 )

Nous savons, par les graphiques de l’Agence France Trésor que les non résidents détiennent 62% de la dette de l’Etat en OAT (long terme), et que les 38% restants, détenus par les résidents, le sont pour 18% par les assurances et fonds de pension, 15% pour les établissements financiers , 5 % divers.

Nous pouvons donc, avec une certaine probabilité de ne pas nous tromper, extrapoler et dire que :
1 – En ce qui concerne la dette de l’Etat français elle est globalement (en faisant la proportion résidents et non résidents) détenue pour (18 % + 30%) = 48% par les assurances et fonds de pension, (15% + 25%) = 40% par les banques, et 12% par des « divers », ce qui nous donne:

* 579 Md€ par les assurances et fonds de pension (48% de 1206)

* 482 Md€ par les banques (40% de 1206)

* le solde 145 Md€ par « divers »

Il n’y a pas de raison de ne pas extrapoler au niveau de la dette au sens de Maastricht qui dans ce cas serait détenue à hauteur de

* 737 Md€ par les assurances et fonds de pension
* 614 Md€ par les banques et établissements financiers
* 184 Md€ par divers autres détenteurs.

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Le blog d'André-Jacques Holbecq
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3 commentaires pour 118 – Qui détient la dette de qui? (2)

  1. interobjectif dit :

    Voici la traduction d’un article fort intéressant concernant l’état réel de l’endettement britannique :

    La dette britannique : l’histoire indicible par Sean O’Grady, rédacteur en chef « économie » (The Independent, 14 juillet 2010)

    La véritable dimension de l’endettement national britannique a été mise à nu hier par le Bureau de la Statistique Nationale (ONS) : près de 4000 milliards de livres [env. 4800 milliards d’euros], près de 4 fois ce qui avait été précédemment reconnu.

    Cela mesure le fardeau que devront porter les générations futures et c’est la première tentative de l’ONS d’extraire les dettes « hors bilan » qui ont été accumulées par l’Etat. Ces chiffres impliquent un énorme « transfert intergénérationnel » – largement en faveur de la génération actuelle des « baby boomers » aux dépens des jeunes et des générations futures.

    Cette dette consiste pour l’essentiel au coût du secteur public et des pensions d’Etat, ainsi qu’au paiements promis aux contractants privés en vertu des initiatives financières privées [1]. Elle excède de loin tous les chiffres publiés jusqu’à maintenant pour la dette nationale, dont l’estimation la plus large est actuellement de 903 milliards de livres [env. 970 milliards d’euros]. Et il est prévu que celle-ci atteindra 1.300 milliards de livres [env. 1565 milliards d’euros] d’ici 2015.

    Si la génération actuelle de contribuables voulait supprimer les plus grosses factures à venir pour ses enfants et petits-enfants, elle devrait payer dès à présent environ 30% d’impôt en plus.

    Les données de l’ONS apportent des arguments au gouvernement dans sa tentative de réduire des dépenses de l’Etat.

    L’ONS a détaillé les principales dettes du secteur public :

    * Les paiements futurs pour les pensions vieillesse de l’Etat : 1100 milliards à 1400 milliards de livres.
    * Les retraites non financées du secteur public pour les enseignants, le personnel de l’assurance maladie et les fonctionnaires : 770 milliards à 1200 milliards de livres.
    * Les paiements en vertu des contrats d’initiative financière privée : 200 milliards de livres.
    * Les dettes imprévues (par exemple les garanties des dépôts bancaires) : 500 milliards de livres.
    * Le démantèlement des centrales nucléaires : 45 milliards de livres.
    * L’impact des interventions sur le secteur financier : 1000 à 1500 milliards de livres.

    Mettant de côté la possibilité d’une autre crise financière qui laisserait au contribuable les dettes d’une partie importante du système bancaire, ces chiffres suggèrent que la dette totale réaliste du secteur public pourrait atteindre jusqu’à 3800 milliards de livres [plus de 4500 milliards d’euros].

    Selon l’ONS, s’il reste beaucoup de travail à faire pour construire un « bilan » complet du secteur public comprenant l’actif et le passif, il est clair que le chiffre actuel habituellement cité – « la dette nette du secteur public », familièrement appelée « la dette nationale » – est « tendancieuse » et incomplète.

    Dans une recherche publiée en même temps que les données de l’ONS, l’Institut National de la Recherche Economique et Sociale (NIESR) a dit que les contribuables actuels devraient payer environ 30% de plus d’impôt pour soulager les générations futures de ce fardeau « injuste ». Cela prend aussi en compte les besoins additionnels des baby boomers en matière de santé, alors qu’ils atteignent leurs années automnales.

    L’échec à faire des économies maintenant ou à augmenter les impôts – et la population montre peu de signes qu’elle est disposée à rendre la vie plus facile pour ceux qui ne sont pas encore nés – fera porter aux futurs contribuables un fardeau supplémentaire de 200.000 livres [env. 240.000 euros] chacun, qu’il devront payer au cours de leur vie pour les services publics dont la génération actuelle et la génération précédente ont bénéficié. Même avec le plan actuel de réduction du déficit, la facture fiscale sera tout de même d’au moins 150.000 livres [env. 180.000 euros] au cours de la vie d’un Britannique qui naîtra en 2011.

    Martin Weale, le directeur du NIESR a déclaré : « Car des dépenses qui auraient tout simplement continué au même rythme depuis le budget 2008 aurait conduit à faire porter un très lourd fardeau sur les générations futures ou aurait nécessité une très forte augmentation des impôts. »

    Les baby boomers et leurs parents ont également bénéficié du phénomène dont les futures générations ne bénéficieront probablement pas, incluant : une éducation universitaire gratuite, y compris les bourses ; une réduction d’impôt au taux marginal le plus élevé sur les intérêts des emprunts immobiliers ; les bulles immobilières qui ont vu un transfert massif de richesse depuis les jeunes vers les vieux ; des soins à long terme gratuits pour les personnes âgées ; le produit des privatisations des actifs de l’Etat ; ainsi que la démutualisation et la distribution des réserves des anciennes sociétés d’investissement et de crédit immobilier [building societies] et des institutions d’assurance vie.

    La facture potentielle des retraites non financées du secteur public, comme celles du personnel de l’assurance maladie, a fortement augmenté, passant de 450 milliards de livres en 2004 à 770 milliards de livres en 2008. L’ONS dit que le gouvernement serait également responsable des déficits dans d’autres programmes d’Etat qui sont financés soit par les salariés, soit par les employeurs, comme ceux qui couvrent les employés des collectivités territoriales. Ce déficit est actuellement de 27 milliards de livres.

    La facture annuelle des retraites des employés de la santé, de l’enseignement et des services publics était de 60,7 milliards de livres en 2008, environ le double du budget scolaire. Le paiement des retraites s’élevait à 35,4 milliards de livres en 1998. Cette augmentation est liée à l’amélioration des salaires dans le secteur public par rapport au secteur privé et à l’augmentation du nombre d’employés dans le secteur public.

    Cependant, selon l’ONS, le secteur public est toujours solvable, avec un montant de 317 milliards de livres en 2008, ce qui représente la différence entre ses dettes et ses actifs, allant de ses réserves de change aux nouveaux hôpitaux flambant neufs.

    Joe Grice, chef économiste à l’ONS, a dit que la valeur nette du secteur public a chuté en 2008 pour la première fois depuis 1999 et que le chiffre pour 2009 serait probablement encore plus faible, étant donné l’ampleur des emprunts publics. Il a ajouté que « l’ensemble de la comptabilité du gouvernement », un bilan du secteur public qui n’a jamais été essayé auparavant, serait publié cette année, analogue au bilan d’une entreprise. Ces chiffres seraient préparés selon les critères comptables internationaux.

    [1] L’initiative financière privée (IFP) est une façon de créer des « partenariats publics-privés » en finançant des projets d’infrastructures publiques avec du capital privé. Développée initialement par les gouvernements australien et britannique, l’IFP et ses variantes sont désormais adoptées dans de nombreux pays comme partie du programme néolibéral de privatisation et de financiarisation, mené par les grandes entreprises privées, les gouvernements nationaux et les organismes internationaux comme l’OMC, le FMI et la Banque Mondiale.

    Martin Weale (BoE) évoque un risque de récession en Grande-Bretagne (Reuters – mardi 24 août 2010 09h27)

    La Grande-Bretagne court le risque de tomber à nouveau dans la récession et les prévisions de croissance de la banque centrale pourraient se révéler trop optimistes, estime un membre de la Banque d’Angleterre dans une interview publiée mardi.

    « Je pense qu’il serait imprudent de dire que ce risque n’existe pas », déclare Martin Weale, membre du comité de politique monétaire de la banque centrale britannique, dans un entretien au Times.

    Selon des cambistes, ses déclarations ont pesé sur la livre sterling GBP= qui affiche un recul de 0,6% en début de matinée face au dollar.

    Martin Weale évoque notamment le risque d’une remontée du chômage, d’une baisse des prix de l’immobilier et d’une nouvelle crise dans le secteur bancaire.

    « Il pourrait y avoir une crise de la dette souveraine ou il pourrait s’agir d’une nouvelle crise de liquidités dans le secteur privé », explique-t-il.

    « La leçon globale de la dernière crise mais aussi des précédentes, c’est qu’il y a des périodes de calme et ensuite de nouvelles bulles qui se reforment », dit-il.

    Martin Weale estime que les prévisions de la BoE, qui table sur 2,8% de croissance en 2011 et 3,2% en 2012, pourraient se révéler trop optimistes.

    Il déclare également que la hausse des prix à la consommation devrait repasser d’ici deux ans sous l’objectif de 2,0% que s’est fixé la banque centrale car certains facteurs saisonniers tels que la hausse des prix de l’énergie pourraient montrer des signes d’accalmie.

    « Il est pour moi plus aisé d’anticiper pourquoi la croissance devrait être légèrement inférieure (aux attentes) plutôt que d’imaginer les raisons pour lesquelles l’inflation pourrait être supérieure aux projections », dit-il.

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    • A-J Holbecq dit :

      Je suis tout à fait persuadé qu’aucun pays ne remboursera jamais la dette par des moyens « conventionnels » (les banques centrales pouvant néanmoins, pour rembourser ces dettes sur une longue période utiliser des « moyens non conventionnels » (autre façon de parler de monétisation directe des dettes arrivant à échéance)

      Voir au sujet de la dette française un nouvel article sur http://ecosocietal.wordpress.com/2010/08/25/la-charge-de-la-dette-nourrit-la-dette/

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      • interobjectif dit :

        Démonstration magistrale : tel un ourobouros, la charge de la dette nourrit effectivement la dette !!!

        Nous pouvons donc affirmer que c’est bien globalement le service de la dette qui a nourrit l’augmentation de celle-ci au long de ces 30 dernières années.

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