104 – B. Maris: Seul un protectionnisme sélectif …

… sauvera la zone euro!

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Pourquoi l’Allemagne aiderait-elle la Grèce, franchement ? Comme le disait ce journaliste financier allemand, « non seulement on se gèle sous la pluie, mais il faudrait les payer pour qu’ils se dorent sous leur soleil. » C’est un peu cruel, reconnaissons-le. Pourquoi les riches aideraient-ils les pauvres ? Parce que c’est le seul moyen pour eux de ne pas être ruinés. Autrement dit il est clair que la plupart des pays de la zone euro, et c’est aussi valable, probablement, pour la France, n’arriveront pas à rembourser par des plans d’ajustement. Des plans de rigueur. La rigueur provoquera la dépression et, à terme, la faillite. Les Allemands ont tout intérêt à aider les Grecs, ne serait-ce que parce que les banques allemandes sont plombées par la dette grecque.
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Pour les aider, il y a un point essentiel : accepter la restructuration de la dette. Beaucoup d’économistes commencent à pencher vers cette solution. Mais elle présente un danger : si l’on efface les dettes, les Grecs, les Espagnols, les Français, et les Allemands aussi qui ne sont pas des petits saints, vont se remettre à emprunter comme des malades. Il faut donc échanger la restructuration contre des réformes de compétitivité, et de comptabilité aussi – c’est vrai pour les Grecs, mais c’est aussi vrai pour les Japonais, pour les Américains. Ce n’est pas le cas pour les Français qui ont une comptabilité rigoureuse. Pour restructurer, l’économiste Jacques Delpla a une bonne idée. Il propose de couper la dette des grecs en deux (mais c’est vrai aussi pour les autres pays) : au-delà de 60% du PIB (Maastricht) la dette est rééchelonnée, sur au moins dix ans, et sans intérêt. En échange, on réforme. Si on ne réforme pas, la dette retrouve les intérêts.
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C’est un début, mais pour la Grèce, ça ne suffira pas. Le pays ne va pas se mettre à fabriquer tout à coup des machines outil et des voitures haut de gamme. Les Grecs ont besoin d’un euro faible, notamment parce l’euro fort éloigne fortement les touristes de chez eux. De combien l’euro est-il surévalué pour la Grèce ? sans doute de 100%. Il faudra donc trouver un mécanisme qui fasse que l’euro soit modulable en fonction du pays : fort pour les marchands de machines, faible pour les marchands de tourisme.
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Mais cela ne suffira pas pour la zone euro. Car dans les branches comme l’électronique ou la mécanique, la productivité des chinois se rapproche dangereusement de celle des européens, alors que les salaires sont dix fois plus faibles. A terme, la zone euro, Allemagne comprise – surtout lorsqu’on sait que la population active allemande est très faible – est condamnée. Donc si l’on veut préserver un minimum de niveau de vie et de protection sociale dans la zone euro, il faut se protéger de la concurrence déloyale de pays sans contraintes sociales et environnementales. Il ne s’agit pas de remettre des barrières douanières, mais d’instaurer une protection sélective – et je rappelle que la Chine est un pays très protectionniste pour tout ce qui touche ses propres marchés publics.

Paru dans « Marianne2 » le lundi 14 juin

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Le blog d'André-Jacques Holbecq
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14 commentaires pour 104 – B. Maris: Seul un protectionnisme sélectif …

  1. oppossùm dit :

    Toujours fumeux Maris : les grecs doivent payer ou du moins faire un violent effort parce que ce ne seront pas les riches qui paieront ce qu’ils ne rembourseront pas , mais nous , les autres européens moyens.
    Ou bien qu’ils fassent d’abord leurs riches à eux !

    A moins que Maris ne connaisse le moyen en dehors d’une très improbable révolution à l’intérieur des pays riches de la planète, de faire dégorger l’argent des riches sans ébranler complètement le système à nos dépends.

    Sinon une bonne dose protectionnisme ferait du bien à tout le monde : on perdrait moins d’emplois et on désagrègerait moins le reste du monde.

    C’est vrai que je suis vieux jeu … !

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  2. Catherine dit :

    Imaginez que vous soyez grec Op-possum, la ceinture, vous trouveriez normal qu’on vous la serre pour faire les beaux jours et belles nuits des autrui qui eux ne la feront pas mais se gausseront de vous voir la faire?

    Alors je cherche une image, quelle pourrait-elle être?

    Vous êtes dans le « jeu » si je me souviens bien? Vous êtes metteur en scène admettons, vous voulez mettre en scène une pièce de Shakespeare, ce n’est pas votre registre, je sais, mais admettons, vous y mettez votre énergie, votre foi, votre souffle, vous vous dépensez corps et âme pour que le spectacle soit de qualité et puis l’on vient vous dire que le spectacle n’aura pas lieu, qu’il vous faudra serrer la ceinture car l’argent qui aurait dû servir au spectacle sera tout entier mis au service du remboursement d’une dette contractée par un administrateur peu scrupuleux, trouverez-vous normal alors de rembourser cette dette alors que vous n’y êtes pour rien?

    Alors, vous pourriez me répondre, si, j’y suis pour quelque chose, j’aurais dû aiguiser mon attention et soutenir activement une vigilance de tout instant, certes, c’est vrai, je m’inclinerais alors si vous teniez pareil discours, mais en dehors de cette occurrence-là, est-ce juste de demander à Jacques ce que Paul a dépensé indûment?

    N’y a-t-il pas des voies tierces?

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  3. oppossùm dit :

    Je vais vous répondre en plusieurs étages, Catherine.

    D’abord sur le fond, il me semble qu’on aurait du faire sortir les grecs de l’Euro avec une monnaie leur permettant de dévaluer et en restructurant leur dette c’est à dire en faisant supporter concrètement une partie de perte à nos banques à nous .

    Néanmoins je pense que les grecs sont responsables de leur situation , et bien plus que les espagnols dont le gouvernement a plutôt été vertueux (même si les espagnols quoique travailleurs, se soient individuellement trop endettés, victime du mirage de l’immobilier), alors que les Grecs ont été filous.

    (Je n’en veux pourtant nullement au mode de vie Grec, au contraire, mais il faut le financer sainement et pas , en fin de compte, sur le dos des autres)

    Pour revenir à Jacques et Paul, je pose qu’étant dans la même troupe , ou du même pays, ils sont quelques part solidaires et responsables ensemble . Même si l’un est scrupuleux et l’autre honnête , c’est à eux de se débrouiller , ou bien alors la notion de troupe n’existe plus , ni la souveraineté et l’unité d’un pays.

    Ceci dit , si l’on se sent plus européen que français ou allemands, alors allons plus loin et analysons l’aide sans fin à la Grèce comme une aide semblable à celle qui règne à l’intérieur d’un pays et qui fait que la richesse de certaines régions finance la Corrèze, sans état d’âme !

    Bien entendu, vous pourriez me dire qu’il faut se situer d’un point de vue plus global et analyser les chose en distinguant une solidarité des classes populaires trans-frontières face aux riches apatrides.
    Le problème de cette chanson dont je partage le refrain, c’est qu’en attendant de savoir comment reprendre aux riches ce qu’on leur a laissé contre la fabrication d’une croissance très artificielle, si l’on nie une certaine réalité (comptable,rapport de force,lucidité) qu’on maquille perpétuellement par de l’endettement-miracle , on ne fait alors que s’enfoncer dans une inextricable situation de laquelle on ne sait plus bien sortir.

    Évidemment, il faut relativiser en ce sens que cette crise se passe dans des pays ayant un très haut niveau de vie par rapport au reste du monde que « nos riches » allaient jusqu’à présent « plumer » pour nous en reverser une partie. Le pire étant surtout la destruction de leur culture.

    Voilà , bon je suis un peu péremptoire , Catherine, mais je dis cela cordialement bien sûr !

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    • Catherine dit :

      Je vous réponds ce soir ou demain matin, là je dois partir, merci d’avoir répondu en tout cas, cordialement vôtre of course!

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  4. Catherine dit :

    Bon, alors, puisque vous proposez des réponses à étage, voyons ce qu’ils nous disent ces fameux étages et s’il y a du nouveau sous le soleil.

    Ces étages-là, ma foi, on les connaît pour sûr, c’est la soupe qu’on nous sert tous les jours Oppossum, sans vouloir vous offenser.

    Celle qui nous serine pour notre bien, oui, pour notre bien, car c’est toujours l’argument béton, pour notre bien, moi, je préférerais qu’on me laisse penser à mon bien toute seule voyez-vous, je déteste les gens qui me veulent du bien, parce que ce type de bien qui est censé me faire du bien, a posteriori, je m’aperçois souvent qu’il me fait bigrement mal, chacun vend sa soupe comme il peut me direz-vous, à moi, de ne pas la boire.

    Je reviens donc à nos moutons, ce que cette voix censément prophétique nous dit c’est qu’y’a pas le choix, c’est ça ou tout dégringole, ah bon, tout dégringole??? Y’a encore des choses qui doivent tomber??? là, j’force un peu le trait!

    Qui nous dit ça, de où vient ce propos prophétique qui parle par anticipation avant que la parole ne se pose?

    Pourquoi voudrait-elle qu’on s’oriente dans cette direction -là cette voix-là?

    Est-elle si bien inspirée cette parole, et ne saurait-elle inspirer un autre air que celui-là, un air comme plus oxygéné, plus vivifiant?

    Question?

    Ce type d’alternative me semble un peu rétrécie, il oublie qu’un point de vue est un entrecroisement de points de vue divers et variés, et même pour certains qui ne sont pas encore nés, encore dans la matrice à croître, à mûrir du bon grain de l’ivraie!

    Ce type d’alternative biaisée fait qu’on se laisse enfer-mer dans cette logique qui n’est pas forcément la logique qui sied le mieux à nos intérêts je crois.

    Est-ce que cette alternative suggérée par le « on » impersonnel , qui est tout sauf un « on » im-per-son-nel car il soutient une idéologie qui ne tient nullement du hasard hasardeux de l’impersonnalité, est-ce que cette voix-là ne pourrait pas se réapproprier sa voix et prendre les ailes d’un autre désir que celui qu’on nous pré-fabrique?

    Est-ce qu’elle ne pourrait pas avoir un peu plus d’imagination cette fameuse voix off?

    Ces fausses alternatives, Erikson, vous savez celui qui fait de l’hypnose, très intéressant ce monsieur,il en parle justement comme des portes d’entrée dans la transe hypnotique. L’hypnose comme son nom ne l’indique pas, n’est pas le sommeil, non, c’est un accés à un autre niveau de conscience, celui qui est entre la veille et le sommeil et celui par lequel on accéde par la voie royale du paradoxe, et là, en l’occurrence, c’est paradoxal, ce serait comme de dire, vous voulez mourir à 10 heures aujourd’hui ou demain à onze heures? Dans les deux cas, la mort est au bout du tunnel, le seul choix qui nous reste est un choix fictif qui ne nous laisse aucune prise sur notre finitude.

    Bon, y’a peut-être un au-delà de cette alternative mortifère, une méta-alternative à laquelle on n’a pas encore pensé car y’a comme des rideaux de fer conceptuels qui tombent dès qu’on aborde ce questionnement qui barrent dès lors tout susceptible foisonnement créatif toujours possiblement possible, comme si il y avait crime de la pensée dès qu’on ébauche timidement qu’il peut peut-être se penser autre chose que cette pensée-là, ceci dit sans accent péremptoire, les objections sont les bienvenues, y’a juste que je n’y répondrai que dans une semaine, d’ici là, portez vous bien Oppossum, prenez soin de vous!

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  5. Oppossum dit :

    Hummm, oui Catherine …
    Bon, moi à la limite, je suis bon garçon, et ça ne m’embêterai pas de vouloir tout ce qu’on veut !
    … et donc , entre autre, ce que vous souhaiteriez !

    Mais enfin , les choses étant ce qu’elles sont , et les gens , surtout, comme ils sont (moi probablement y compris …) , je ne vois pas que les choses puissent se passer aussi … magiquement … bon ok-oui-oui … pourquoi pas , on sait jamais, tout est possible, même le meilleur …

    Mais j’ai comme un gros doute : quand on touche un peu trop à l’avoir des gens , sans que ça soit tout de suite la révolution, la générosité rétrécit subitement considérablement son périmètre. Quelque soit l’étage où l’on se situe.

    Je maintiens donc que Marris est fumeux :
    « Pourquoi les riches aideraient-ils les pauvres ? Parce que c’est le seul moyen pour eux de ne pas être ruinés. »

    Qu’entend-il par ‘riches’ ?

    – Les vrai riches ? : avez-vous déjà vu un riche distribuer pour ne pas être ruiné ? , les spéculateurs s’arrêter parce qu’ils précipitent la crise économique ? Les français cesser de faire du déficit , se mettant ainsi à la merci des marchés et se préparant des lendemain de gueule de bois ?
    L’espoir fait vivre, même le mauvais !

    – Les pays riches ? : Marris s’imagine-t-il que les français vont accepter spontanément une baisse de leur niveau de vie pour financer ce qu’il appelle les pays pauvres ? Que nenni !
    Tant que le prix à payer reste en création monétaire qui ne restreint le mode de vie de personne tout ira bien, mais le jour où nos banques sombreront parce que ni les Grecs ni les espagnols ne seront raisonnablement en mesure de payer leur dettes, il faudra alors que quelqu’un endosse la perte et ça sera , comme d’habitude un chacun pour soi pour y échapper un maximum.

    Bien entendu, on peut abolir la loi de la réciprocité et déclarer que le train de vie des Grecs n’a jamais fait mourir personne , et que finalement ceux qui ont prêté n’ont pas besoin de cet argent là pour vivre … mais tout ceci n’est que parole verbale , comme dit l’autre, car lorsque ce seront vos économies qui seront partie en fumée, à ce moment là, vous ne serez plus d’accord pour épargner dans le but de permettre aux Grecs de vivre cool.
    La monnaie est violente, mais la monnaie c’est nous.
    D’ailleurs tout ceci est biaisé : les Grecs ne sont pas pauvres, et tout porte à croire que l’on vit plutôt correctement en Grèce.
    A la limite ce n’est parce parce  » non seulement l’allemand se gèle sous la pluie , mais il lui faudrait payer les grecs pour qu’ils se dorent sous leur soleil  » , que ni les allemands ni les autres ne paieront spontanément, mais parce que , au fond, l’allemand s’emmerde et ne sait pas vivre heureux, alors que le Grec sait le faire !

    Mais à bien relire Maris, même si je trouve ses raisons fumeuses, au fond je suis plutôt d’accord avec lui : restructurer la dette grecques (même à nos dépends), les faire sortir de l’euro et dévaluer leur nouvelle monnaie, leur imposer d’adapter leur bonheur à un train de vie qui ne repose pas , en fin de compte, sur les efforts des autres, et une bonne grosse louchette de protectionnisme pour tout le monde.
    Tout ça aura un prix à payer de toute façon, mais il sera plus sain que la globalisation et la dette keynésienne qui nous met à la merci des riches, des marchés et de la spéculation.

    Et à la base de tout cela, une monnaie saine et maîtrisée.
    Mais enfin , à moins d’un très hypothétique nouveau Bretton-Woods , ou d’une tout autre hypothétique révolution, il faut avouer que je ne vois pas comment on pourrait le moins du monde s’y diriger alors que se joue en fait des luttes géo-stratégiques capitales entre les grands ensembles géo-économiques et culturel , et les nations … qui pourraient nous faire également pau à peu déboucher sur des gouvernements beaucoup plus ‘nationaux’ , dirigistes , nous amenant vers un protectionnisme plus musclé et fortement égoïste celui-là … où il ne sera plus du tout question de venir en aide à qui que ce soit …

    Bon , je ne me relis même pas pour ne pas être horrifié par ce que j’y dit !
    Sinon, j’essaie de prendre de soin de moi, mais vous aussi chère Catherine veillez à vous même !

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    • Catherine dit :

      Quand j’suis allée écouter ce cher monsieur Edgar Morin à Paris, oui, oui, je sais Bruno que vous ne l’aimez guère, il n’y a pas si longtemps, j’ai retenu cette phrase, je ne sais d’ailleurs pas si elle est de lui cette phrase, mais peu importe, l’important est de l’en-tendre, je vous l’offre cher Oppossum, à méditer car vous savez désormais que je vous veux du bien, je rigole of course, je vous souhaite tout le mal possible bien sûr, et bien voilà ce qu’il disait ce monsieur :

       » Si tu n’espères pas l’inespéré, tu ne le trouveras pas »

      Là, franchement, j’dois dire que je suis 100% d’accord avec ce monsieur et un peu moins avec vous Oppossum, quoique j’entende aussi ce que vous dites qui ne manque pas de « logique » certes, mais de cette logique que je n’aime guère, celle qui emprisonne, qui ferme, au lieu d’ouvrir.

      Maintenant , je ne dis pas non plus que passer d’un extrême à l’autre soit possible, non, je ne dis pas cela.

      N’empêche qu’on peut s’essayer à « saisir une ligne faîtière entre deux actions médiocres, surplombant notre couardise », car nous sommes tous couards, vous, moi, tous, absolument tous, à des degrés divers et variés, mais couards nous sommes.

      Cette dernière phrase n’est pas de moi, elle définit la vertu, selon un certain personnage dont on se fiche comme de l’an 40, mais qui a dit une chose fort juste je trouve, c’est pourquoi je la cite, la vertu est la ligne faîtière entre deux actions médiocres qui surplombe la couardise.

      A méditer…

      Rien n’est possible jusqu’à ce que ça le soit!

      Tout s’arrache Oppossum, si on ne va pas chercher les choses que l’on désire, elles ne viennent pas à nous, jamais, nous devons allons les chercher, leur faire de la place, l’espace n’existe que si nous décidons de porter une parole sur cet espace possible, reste à nous de le faire ex-ister pour de vrai, comme disent les enfants!

      Ne prenez aucunement soin de vous, perdez-vous, peut-être est-ce ainsi que vous vous trouverez, et moi aussi d’ailleurs, à bien y regarder perdant nous sommes, gagnants devrions-nous être alors, bof, c’est pas gagné, hein, Andrébien à vous!

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  6. Catherine dit :

    C’est parti tout seul, alors je reprends, c’est pas gagné hein, André-Jacques, bien à vous cher Oppossum!

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  7. oppossùm dit :

    Oui c’est vrai Catherine que j’ai un mauvais petit plaisir à la logique qui emprisonne.
    Alors justement , il m’arrive , par prudence, de ne pas aller jusqu’au bout de ma logique.

    D’autant plus qu’à trop vouloir tout prendre en compte ou bien tout passer au crible, on finit par avoir de la difficulté à hiérarchiser.

    Mais vous avez parlé de Morin et là je suis comme Bruno : une telle accumulation , un tel fatras pluridisciplinaire , me dépasse complètement ou pour tout dire me laisse assez perplexe , même avec une énorme dose de gelée humaniste à la sauce bon sentiment, qui tiendrait lieu de colonne vertébrale cartilagineuse .
    Je suis imperméable à sa logique , mais en morceaux choisis de 3 pages , ça devient digeste à petites doses .
    Mais bon , pardon de mon mauvais esprit ! Je pense néanmoins , pour en avoir lu ça et là, que c’est un esprit fécond , honnête et humain.

    Mais revenons à nos inespérables …
    Enfin !, combien d’inespérés espérés qui ne sont jamais venus , et même au contraire qui ont amené désolation ?

    Même si parfois l’inespéré espéré fait trouver quelque chose, qui d’ailleurs est bien souvent « autre chose », même si c’est précieux.
    Ou peut-être est-ce le chemin , -lorsque par hasard ou sagesse on a su éviter la désolation-, qui était précieux ?

    Bon allez un conclusion un peu empathique : ok pour l’inespérée, à condition que ce soit sur un terrain qui vaille le coup, mais alors souvent on est dans une temporalité qui dépasse notre vie .
    … Et à la condition , également, de ne pas chercher à aller trop vite ! (Oh je suis incorrigible ! à vouloir sans cesse fermer les portes! )

    Viva España !

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    • Catherine dit :

      Vous me tendez une perche Cher Oppossum, que je saisis prestement car vous m’offrez l’occasion de dérouler cette idée de complexité dont parle Morin entre autre, je dis Morin car c’est le plus connu, mais il y en a plein d’autres bien sûr qui en parlent, ceux qui parlent de leur vécu sont des morin-ois!!!!, qui s’ignorent comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, vous même, êtes un morin-ois sans le savoir.

      Mais parlent-ils vraiment ces gens-là, je vous le demande sérieusement, parlent-ils vraiment?

      Moi, pour ma part j’crois pas qu’ils parlent ces gens-là.

      Ils font bien mieux que cela, ils décrivent.La complexité prévaut dans la vie, forcément ils décrivent ce qu’ils voient, le complexe.

      Ils se «  »contentent » » de décrire les phénomènes, les éléments, les événements de la vie, une vraie force la description, une vraie force, j’en suis de plus en plus convaincue.

      Car une idée glisse possible-ment, et possiblement pas, ça dépend, elle n’est tenue que par le surfilage de ce qui la fait être une idée. Une idée qui comme toute idée est diaphane et fragile tant qu’elle n’est pas éprouvée par l’expérience. Sans ancrage expérientiel, c’est une idée sans corps qui peut s’effilocher et qui s’effiloche souvent. Comme mon idée par exemple de renoncer à vouloir payer nos impôts, elle s’effiloche l’idée, car elle n’a pas pris vie dans une actualisation, elle n’est restée qu’à l’état de germe et donc elle n’a que le destin d’une idée sans incarnation, qui est celui de pouvoir s’envoler aussitôt exprimée comme fût la mienne.

      Mais une idée peut avoir un autre destin si nous le voulons suffisamment, celui de s’incarner dans un espace que nous décidons de déployer et alors elle devient un vécu.

      Un vécu qui s’incarne dans une chair personnelle ou sociale qui parle et résonne d’un marquage corporel, il est solide et tenace et laisse des traces quant à lui, c’est toute la différence entre l’idée de ce que peut faire une brûlure, et se brûler pour de vrai, y’a pas photo quand on s’est brûlé une fois, on s’en souvient!

      Aussi à la description de nos vies respectives complexes par définition, le vécu, on ne saurait opposer les barrières d’une logique toujours idéologique, qui semble offrir les apparences d’une logique de simplicité comme plus simple, mais plus fermée aussi, rétrécie, car elle est toujours soutenue par une logique de système, aussi c’est une simplicité qui n’est qu’une apparence trompeuse. Elle offre le masque du simple, mais derrière le masque, c’est le complexe qui travaille. Si c’était aussi simple et plat, car sans surprise, y’a belle lurette qu’on aurait su résoudre moult questionnements, si c’est pas fait et pas même en voie de se faire ni même de se penser, vous en êtes la preuve, c’est que c’est bigrement complexe cette histoire-là. On constate bien qu’on se heurte à des tas de res-istances à commencer par celles qu’on a dans la tête.

      La logique du vivant est bien peu présente dans la trame du tissage qu’on nous propose actuellement, elle est même son parfait contraire, car la logique qu’on nous susurre, c’est l’arrêt du dynamisme. C’est une logique de mort, c’est la condamnation à perpétuité, c’est l’arrêt de la composition à tisser, l’énergie ne passe plus, mais pourtant paradoxe, je vous concède que la logique on ne saurait la balayer d’un revers de la main, je comparerai la logique aux caractères fixes des lettres, et sans les lettres nous ne pouvons écrire les mots qui composeront des phrases et les phrases, un discours. Elles sont donc indispensables les lettres, la logique est comme le gond qui permet à la porte de s’ouvrir ou de se fermer, tiens, c’est un bon exemple ça, je trouve, un gond, mais tout dépend encore une fois, du sens, de l’orientation de la logique, est-ce une logique qui ferme la porte ou une logique qui ouvre la porte, que faisons-nous des lettres qui sont à notre disposition, comment usons-nous de ce gond, pour servir quel mouvement?

      La vie s’inscrit dans le dynamisme des lettres, et le dynamisme c’est le vécu, c’est la façon dont nous allons faire s’épouser, s’unir les petits caractères entre eux, et ces lettres selon la combinaison que je ferai d’elles, tisseront la trame de mon tissage vivant ou mortifère, ou moyennement mortifère c’est selon mon faire justement qui s’unit aux faires des autres dans la marmite du monde.

      Ce que l’on constate, c’est que nous nous enfermons nous-mêmes dans cette logique de mort, chaque instant est soutenue par une certaine logique, mais reste à savoir à quelle logique nous obéissons, toute la question est là, est-ce à cette logique perverse de l’argent avant l’homme, ou est-ce la logique adverse, n’y-a-t-il pas un compromis dépassable? le système dans lequel nous sommes a construit une logique de système, un système qui veut garantir la survie du système qui est le sien, logique,mais c’est la logique de ce système-là, logique dont nous reprenons nous-mêmes le refrain, alors que cette logique n’est logique que pour ceux qu’elle sert, si elle sert à certains, elle dessert le plus grand nombre, mais nous de reprendre quand même le refrain mortifère pensant que cette logique de système est la logique absolue, comme s’il n’y avait pas que des logiques relatives à certains intérêts. Il n’est que de voir ce qu’elle produit cette logique de système actuellement, c’est aux fruits qu’on reconnait l’arbre, sur un abricotier, y’a des abricots, pas des pommes que je sache!

      Je me perds, sans me perdre vraiment, excusez-moi, j’sais pas si vous lirez jusque là, moi, en tout cas, ça m’aide à formaliser, donc pas perdu pour tout le monde, c’est que c’est complexe un tissage!

      Et le complexe c’est quoi? c’est l’imbroglio dans lequel nous sommes à tout instant, imbroglio constitué de fils multiples et variés, aux sonorités, résistances, tensions, forces, places, etc, etc, tout aussi complexes c’est à dire tout aussi composites et hétérogènes.

      Une vie serait-elle aussi simple qu’on puisse la compartimenter dans une case bien proprette où rien ne dépasse, où tout file droit, n’y -a-t-il pas des noeuds dans le tissage, des trous parfois, des surpoints et tout ce qu’on veut, des erreurs de broderie, des ratés plus ou moins voyants, des beaux pans aussi, au fond est-ce si simple que cela qu’à la limite ce ne serait aucunement nécessaire d’en parler de nos tissages sociaux puisqu’ils seraient si simples et uniformes donc sans surprise qu’il ne serait pas la peine d’assembler ces lettres sur le clavier pour tenter d’en tracer les contours gondolants, nous ne serions que simplicité, clarté, uniformité, mais un tel tableau, serait-il alors en justesse avec notre monde vécu?

      Pour arriver au simple, aussi tant est qu’on y arrive un jour, je ne crois pas pour ma part qu’on y arrive sauf en faisant le ménage et en enlevant les mauvaises herbes régulièrement, mais les mauvaises herbes ça repousse et la poussière, ça se re-dépose, donc toujours à refaire le ménage et le jardinage, jamais vraiment tranquille, toujours à devoir aiguiser notre attention, toujours hypothétique et toujours à surveiller la marmite sur le feu, ça peut brûler, ça peut déborder, ça peut être délicieux aussi, sinon ça voudrait dire qu’il y a un plat unique fait à jamais ce serait mortel et terriblement ennuyeux, or, les limites de la carte, c’est nous qui les créons dans la manifestation tangible d’un espace que nous donnons, d’un mot que nous exprimons, d’une perception que nous sentons. Ces limites-là sont notre petit espace de liberté, notre espace de vie et de créativité, ça devrait vous parler ça Oppossum, sans cet espace-là, tout est rétréci, et la vie n’est pas la vie, elle n’est que survie, fade et uniforme, cohérente de fatalisme consenti, logique, mais mortelle la logique d’aujourd’hui.

      Je rêve d’une autre logique.

      Rien de plus complexe que de simplifier, mais rien de plus simple que de complexifier, c’est à la portée de n’importe qui de rendre complexe quelque chose qui a priori est simple, tenez, l’économie, n’est-ce-pas un bon exemple de complexification injustifiée?

      Je ne crois décidément pas que ce soit aussi simple et si l’on butte dans nos vies personnelles et nos vies sociales , ça dit de la complexité du tissage et de la difficulté à dénouer le tissage labyrinthique dans lequel nous sommes, dénouer sa logique propre en quelque sorte, c’est notre boulot, je crois.

      La vie c’est un laboratoire de chimie et tout événement est l’effet d’une combinatoire, dire que la complexité n’existe pas ou n’est pas recevable, ce serait comme dire, la vie est simple, elle est composée d’éléments uniformes, elle ne file que d’un coton, est-ce bien le cas?

      La monnaie et ses multiples dérives n’est-elle pas en soi la manifestation concrète, vécue, de la complexité inhérente à tout phénomène, élément ou événement?

      Car tout phénomène, élément ou événement est un entrecroisement de fils qui se tissent de façons différentes, et la logique qu’elle sous-tend est toujours une logique particulière à laquelle nous pouvons obéir ou désobéir ou offrir comme dit le monsieur dont je parlais il y a peu la ligne faîtière entre deux actions médiocres que surplombe notre couardise, soyons fous, osons, c’est ce qui peut nous arriver de mieux, mais osons calmement et avec discernement, je suis d’accord.

      Et viva la vie!

      Je ne relis pas, c’est trop lourd, ça me fatigue moi même!

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  8. Catherine dit :

    En guise de pluridisciplinarité Oppossum et vous en redonner le goût peut-être, lisez donc le message de concombre masqué et un peu la suite, une illustration de la complexité dans laquelle nous baignons, c’est à partir du message 181 je crois

    http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2009/12/09/104-maurice-allais-lettre-ouverte-aux-francais-contre-les-tabous-indiscutes#c4229

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    • Oppossum dit :

      Humm, oui Catherine je suis allé voir le no 181 du concombre masqué, déchainé, contre la pratique de l’épilation …
      … et ayant l’air de découvrir que toutes les sociétés posent effectivement des stigmates sur nos corps , rien de bien nouveau, et beaucoup de prétention à vouloir y échapper, même si cela peut représenter un progrès parfois.

      Les détails sur les préférences intimes du concombre sont un peu superfétatoires quoique très partagées. Mais chacun ses goûts 😉 .

      Sinon, j’aime bien Allais, sans trop savoir pourquoi, enfin si, ça doit être son audace sur une base très réac à l’origine , qu’il n’a jamais complètement abjurée. 😉

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  9. Catherine dit :

    Ben, oui, c’est tout à fait ça, du baroque plein pot ce Monsieur Allais! et tout compte fait, ce qu’il y a de plus intéressant dans la vie, c’est quand des contraires se rencontrent, ça fait des éclairs, et les éclairs ça pète, ça foudroie, ça fait du 1=1=3, j’adore les orages, c’est là qu’il se passe quelque chose d’intéressant, et la conscience, c’est quoi, si ce n’est cela, de l’orage, une rencontre de deux différences qui donnent une lumière possible, l’éclair qui vient apporter une possible compréhension, bon, 16h30, je sors de table, une copine croisée dans la rue pas vue depuis 20 ans, un moment délicieux, j’ai bu un peu de bière pour faire honneur aux vignobles houblonniers du coin, ceci expliquant cela! j’dis pas par- don, j’dis merci à cet imprévu joyeux!

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  10. Catherine dit :

    euh, c’était 1+1=3

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