67 – Christian Gomez : 100% money

Cet article est un résumé, préparé par A-J Holbecq, d’un article plus complet en téléchargement pdf de Christian Gomez auquel vous pouvez vous référer pour avoir plus de détails. Il est publié avec l’accord de l’auteur.

L’article complet est intitulé : Une « vieille » idée peut-elle sauver l’économie mondiale ?
Un réexamen de la proposition d’une réforme radicale du système bancaire : L’imposition d’un coefficient de réserves de 100%
et a été présenté lors du colloque « LA CRISE : TROIS ANS APRÈS QUELS ENSEIGNEMENTS ? »

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Les banques doivent-elles disposer du pouvoir de créer de la monnaie ?  Non, car une telle possibilité que permet un système bancaire à couverture fractionnaire, induit l’instabilité économique et financière, une mauvaise allocation des ressources et des distorsions injustifiées dans la répartition des revenus…

Le principe actuellement en vigueur est nommé « système de crédit à couverture fractionnaire » est le vice fondamental de nos systèmes bancaires :  la création monétaire qui lui est liée permet aux banques de faire du crédit en promettant de payer à vue des sommes  pour lesquelles elles n’ont en réserve qu’une fraction de ces exigibilités, en jouant sur « la loi des grands nombres » et les compensations entre les entrées et les sorties de fonds.

Ce mécanisme du crédit bancaire considéré comme frauduleux a été critiqué pour:

(1)son caractère structurellement instable, puisque des actifs non liquides sont financés par des dépôts à vue volatiles par essence, d’où les crises financières à répétition,

(2)son extraordinaire capacité à amplifier les mouvements économiques, prix et activité, à la hausse et à la baisse ;

(3)les déformations qu’il engendre dans la structure des taux d’intérêt et dans l’appareil de production,

(4)les distorsions qu’il induit dans la répartition des revenus puisque, par le pouvoir d’achat qu’il crée « ex nihilo », il permet à ceux qui en bénéficient de « prendre sans offrir », détruisant ainsi les équilibres

Les plus grands économistes ont proposé de nouveaux systèmes pour le réformer en cherchant à dissocier la création de monnaie et la  distribution du crédit, afin que l’investissement s’ajuste au mieux à l’épargne et que soit ainsi mis fin à l’instabilité chronique des économies. La plupart d’entre eux sont fondés sur un principe :  la monnaie en circulation doit être couverte à 100% soit par des espèces métalliques [Ricardo (1820), « Currency School » (1844), Walras (1892), Von Mises (1928), Hayek… Rothbard (1962), de Soto (1998)], soit par de la monnaie de base (« groupe de Chicago » (1933), Currie (1932,1934), Fisher (1935), Friedman (1959), Allais (depuis 1947, 1977), le privilège de la création monétaire étant récupéré dans ce cas là par l’Etat.

Le 100% money permettrait de réguler les économies plus efficacement qu’à présent, d’améliorer leur productivité, de donner une solution aux problèmes budgétaires et de dette publique. Elle pourrait être la base d’une refondation d’un nouveau capitalisme. Le « 100% Money », impose aux banques un taux de réserve de 100% sur les dépôts à vue et assimilés.

I – Dissocier la monnaie du credit : l’approche du « 100% money »

But : obtenir une couverture intégrale par de la monnaie de base (monnaie de banque centrale) des dépôts considérés comme des disponibilités monétaires par les agents économiques (les dépôts à vue et assimilés).

  1. A. mise en œuvre

1 – Séparation des banques en 3 types distincts selon les fonctions assurées

– Gestion des moyens de paiement par les banques de dépôts
– Financement par les banques de prêts
– Banques d’affaires

Tout rapprochement des 3 fonctions serait interdit

2 – Couverture à 100% des dépôts à vue par de la monnaie de base dans les banques de dépôts avec le soutien de la Banque Centrale

Les dépôts à vue dans les banques de dépôts devront être couverts à 100% par de la monnaie de base. La banque Centrale émettra autant de monnaie de base que nécessaire sous une forme à déterminer (achat d’actifs, prêt, don)

3 – Le rôle des banques de prêts sera limitée à la seule intermédiation financière
Dans leurs opérations de crédit, les banques devraient trouver des ressources à terme pour les financer

Celles-ci pourraient être levées sous deux formes :

(1) les dépôts à terme d’épargne

(2) des instruments négociables émis  par les banques (du type certificats de dépôts).

Par rapport à la situation d’aujourd’hui, deux points sont à souligner.

(1) D’une part, les ressources à temps des Intermédiaires Financiers ne devraient pas être confondues avec de la monnaie et se différencieraient des caractéristiques de celles d’aujourd’hui soit par une liquidité moindre (Dépôts à terme), soit par des prix de sortie avant l’échéance plus aléatoires (« Debentures »).

(2) La transformation financière doit être interdite

4. La rémunération des services monétaires fournis par les banques de dépôts

Les banques de dépôts n’ayant plus les bénéfices de la création monétaire pour se rémunérer,  les services monétaires seront payants. Les soldes de DAV ne doivent pas être considérées comme une épargne, même temporaire. Elles ont à être traitées comme un « stock-outil » utilisé par les agents économiques pour harmoniser leurs flux d’entrée et de sortie de fonds dans le temps. Elles n’ont aucun besoin d’être rémunérées.

  1. B. Conséquences et Avantages du « 100% Money »

L’application d’une telle réforme permettrait d’atteindre trois grands groupes d’objectifs.

1. Une capacité de régulation économique sensiblement accrue par une maîtrise totale de la masse monétaire.

La quantité de monnaie en circulation deviendrait une variable totalement sous le contrôle de l’Institut d’Emission (Banque Centrale) sans que le comportement des banques (plus ou moins grande volonté de prêter) ou des agents économiques (plus ou moins grande volonté d’emprunter) puisse influer sur elle. Une telle situation présenterait deux avantages évidents

– La  monnaie pourrait être dirigée selon une règle définie a priori

Cela pourrait être la stabilité des prix (Fisher) ou un taux «objectif » de hausse des prix permettant les ajustements «en douceur » de l’économie aux différentiels intersectoriels de productivité (Allais, avec un taux suggéré de 2% s’ajoutant au 2.5% de la croissance en termes réels).

– La monnaie deviendrait de ce fait inélastique aux « humeurs » des agents économiques

La disparition du crédit bancaire « pur », avec la création de monnaie ex nihilo qui lui est liée,  ferait que la quantité de monnaie en circulation, elle, ne pourrait plus varier sans décision de la Banque Centrale. Tout emportement à la hausse ou à la baisse trouverait donc immédiatement sa traduction sur le marché des fonds prêtables par des variations de taux d’intérêt qui le freineraient progressivement. L’ampleur du « Boom » immobilier de la dernière décennie serait quasiment inconcevable dans un système de ce type.

2. Une efficacité accrue de l’économie par le rôle nouveau des taux d’intérêt, une meilleure prise en compte du prix des services et, pour Allais, l’interdiction de la transformation financière.

Aux avantages concernant la régulation économique s’ajouteraient tous les facteurs qui plaident pour une meilleure efficacité de l’économie sous le nouveau régime.

* Des taux d’intérêt véritablement représentatifs des préférences des agents économiques

les taux d’intérêt ne deviendraient sensibles qu’à l’offre et la demande de fonds prêtables (investissement et épargne) dans une économie qui deviendrait monétairement neutre.  Seuls les investissements rentables pour des taux d’intérêt véritablement représentatifs seraient sélectionnés et, donc, les risques d’un mauvais « aiguillage » de l’épargne seraient minimisés.

* Le paiement du prix des services monétaires

cette mesure aurait un objectif utilitaire, équilibrer le compte d’exploitation des banques de dépôts et éviter le gaspillage de ressources.

* L’interdiction de la transformation financière

Pour une échéance donnée, le taux d’intérêt doit égaliser la demande et l’offre d’épargne.

3. La fin des distorsions dans la répartition des revenus

Toute création monétaire ex nihilo donne un droit sur la production qui n’a pas été acquis par un produit ou un service vendu. Elle est par nature un « faux droit », un revenu non gagné, comme le soutiennent Allais et Rothbard, dont la substance s’assimile aux gains qu’obtiendraient de faux monnayeurs qui achèteraient sur un marché avec la fausse monnaie fabriquée ou prêteraient celle-ci contre intérêt.

4  la récupération des gains de la création monétaire par l’Etat.


La récupération des gains de la création monétaire grâce à cette réforme se ferait à travers

(1) de l’affectation de la création monétaire aux ressources de l’Etat, comme une recette budgétaire

(2) de la neutralisation de la dette publique dans le cadre du remboursement du prêt de la Banque Centrale aux Banques

II.  Un réexamen du modele Fisher-Allais

A.        Le contexte actuel et la mise en œuvre du projet

C’est en fait seulement la nécessaire distinction à opérer entre la monnaie et l’épargne qui impliquerait une adaptation du comportement des agents économiques, dans la mesure où elle contrecarrerait la dérive que nous avons connue au cours des deux dernières décennies.

1. Désenchevêtrer les fonctions bancaires : Des nécessités de la Réforme et de la situation présente…

La constitution actuelle de méga-banques est trop problématique pour la société :

(1) aucune preuve de véritables économies d’échelle (Tobin, 1985 et 1987),

(2) obstacles à la concurrence sur les différentes fonctions prises individuellement,

(3) conflits d’intérêt et mauvaise allocation des ressources de l’épargne,

(4) puissance financière déstabilisante sur les marchés de capitaux,

(5) gestion des risques trop complexe,

(6) taille trop importante par rapport aux capacités des Etats (« too Big to fail ; too big to save »)…

2. La pierre angulaire: les « Compagnies de Services Monétaires » (Banques de dépôts)

Eléments clefs de la réforme proposée, les CSM seraient la pierre angulaire de l’ensemble par leur invulnérabilité aux chocs du fait de leur structure et de leurs règles de fonctionnement:

(1) une couverture à 100% des dépôts de leurs clients, ceux-ci étant considérés comme des espèces à garder

(2) un accès au réseau général des paiements,

(3) aucun crédit possible, les paiements se faisant en temps réel en fonction des provisions des clients sur leurs comptes.

En fait, ces CSM seraient des « usines » de haute technologie reliées à une multitude de clients à travers des centres d’appel, des centres de contacts automatisés au niveau local ou via Internet. Elles seraient totalement ouvertes à la concurrence, celle-ci se faisant à la fois sur les prix et la qualité des services.

En effet, en sus de leurs opérations purement « monétaires », elles pourraient développer des services annexes sans risques et  lucratifs comme le courtage (passage d’ordres sur les marchés), la distribution de produits financiers (investissement et assurances), voire des activités de conservation de titres. Aujourd’hui,  il n’y a plus d’obstacles majeurs au développement de ces structures qui existent déjà avec le développement des banques en ligne et d’acteurs comme Fortuneo ou Boursorama… Quant aux populations n’ayant pas accès à Internet ou à des services locaux informatisés (personnes âgées par exemple) et qui nécessitent des services de proximité, ce serait à la discrétion des banques d’y pourvoir si elles y trouvent leur intérêt, sachant que la banque Postale trouverait là une forte justification à son existence.

3. Les organismes de financement comme « purs » intermédiaires financiers (Banques de financements)

Dans le nouvel environnement créé par la réforme, tous les organismes de financement seraient placés sur le même plan (refinancement sur ressources d’épargne), quitte pour eux de se différencier comme ils l’entendent. Du point de vue des différents aspects de leur activité, les points suivants doivent faire l’objet de réflexion.

* Les produits de financement offerts aux emprunteurs : a  priori aucun changement

* La gestion actif-passif : le problème de la transformation financière

*Le cas particulier des SICAV monétaires et autres fonds de placement : une rentrée dans le rang ?

4.  Capital, Contrôle, Supervision : Un changement radical

L’impossibilité de contrôler un système à couverture fractionnaire étant maintenant avérée, un véritable délire règlementaire et prudentiel s’est emparé de la planète politico-financière après la crise. Il s’avère que, dans le cadre du « 100% Money », les solutions seraient remarquablement simples.

* Fin de toutes les garanties d’Etat et responsabilisation de toutes les parties prenantes

A partir du moment où la quantité de monnaie en circulation serait complètement sécurisée par elle-même, car devenant en fait l’équivalent d’un simple  dépôt d’espèces, tout le reste en découlerait : (1) Il n’y aurait pas d’écroulement possible du système comme un château de cartes, à l’instar du système actuel (plus de risque systémique possible), (2) Chacune des parties du système financier pourrait défaillir sans que cela ait de répercussions sur les autres

* Des exigences de capital minimales et, éventuellement, libres

Les propositions de ratios de capital (capital/actifs pondérés par le risque) tournent au gaspillage de capital (10%, voire 15% pour les banques suisses à l’horizon 2013). Dans le cas du régime proposé, ce serait une toute autre approche qui prévaudrait: (1) Les CSM auraient besoin de très peu de capital pour couvrir quelques risques opérationnels, (2) Pour les banques, les exigences en capital pourraient être laissées au choix des banques et… de leurs déposants, avec l’aide des agences de notation, (3) Pour les autres types d’institutions, et en premier lieu la Banque d’Investissement, la liberté totale serait donnée aux acteurs.

* Des instances de supervision et de contrôle allégées

Par rapport à l’appareillage bureaucratique qui se met en place au niveau national et international pour superviser l’activité bancaire et aux coûts induits de plus en plus lourds que subissent les organismes bancaires pour satisfaire à toutes les exigences de contrôle en tous genres requis par ces instances proliférantes, la réforme monétaire offrirait une alternative particulièrement attractive. Les instances de supervision et de contrôle pourraient se transformer en fait en structures très légères dont les objectifs premiers seraient de vérifier que les règles en matière monétaire ne sont pas contournées et que les informations données au marché sont correctes, puisque ce serait à ce dernier, c’est-à-dire aux actionnaires et aux épargnants-déposants-investisseurs, de faire la police à travers les choix qu’ils feraient et les conditions qu’ils exigeraient pour financer les intermédiaires financiers.

B. La transition : un processus transparent sans traumatisme majeur pour aucun acteur

La mise en place de la réforme devrait respecter les trois conditions qui, seules, peuvent la rendre acceptable :

(1) une très grande simplicité dans la mise en œuvre ;

(2) aucun impact sur les relations des banques actuelles avec leurs clients au niveau des opérations courantes, hors le transfert nécessaire des dépôts vers les CSM;

(3) de ce fait aucune perturbation, de quelque nature qu’elle soit, dans les flux de financement de l’économie.

Dès lors, le déroulement du processus, schématisé ci-après, pourrait se présenter de la manière suivante :

1. Première étape : Transfert des dépôts et prêt de la Banque Centrale

A un jour J donné, les dépôts à vue et autres dépôts assimilables à des encaisses devraient migrer vers les CSM. La banque Centrale interviendrait alors sous forme d’un prêt rémunéré aux banques actuelles pour que le transfert s’effectue sans heurt.

=> De facto, les CSM couvriraient les dépôts à vue reçus par de la monnaie de base à 100% et le prêt de la Banque Centrale remplacerait les dépôts à vue au passif du bilan des banques actuelles qui deviendraient des banques de Financement spécialisées.

2. Le remboursement progressif du prêt de la Banque Centrale par les banques et la neutralisation induite de la dette publique

Au fur et à mesure que les crédits faits aux clients arriveraient à échéance, les banques pourraient choisir de rembourser l’emprunt fait auprès de la BC (mais elle pourraient rester débitrices) et de se refinancer à travers de nouveaux dépôts à terme ou l’émission de « Debentures » pour le renouvellement des prêts anciens ou la production de nouveaux crédits .En cas de remboursement, la BC, pour contrebalancer la destruction de monnaie de base liée à cette opération, achèterait des titres publics sur le marché, créant par là même la monnaie de base et des liquidités prêtes à s’investir… dans les « Debentures ».

=>               C’est à travers ce processus que pourrait s’effectuer le « swap » entre la dette publique et la dette privée. Les taux d’intérêt sur les titres publics seraient tirés à la baisse compte tenu de la pression acheteuse qui s’exercerait sur eux de la part de la Banque centrale, tandis qu’il y aurait une grande demande de la part des banques pour collecter des fonds en utilisant leurs propres instruments. Il y aurait nécessairement un « spread » qui se créerait pour équilibrer tous les marchés et ce « spread » ne serait pas nécessairement élevé compte tenu du nouvel environnement ultra-sécurisé. C’est ainsi que s’opèrerait progressivement une neutralisation de la dette publique d’un montant égal au prêt de la BC, lui-même égal à la monnaie en circulation (dépôts dans les CSM)

Une fois, l’activité de services monétaires séparée de l’ensemble, le processus d’exécution serait remarquablement simple et apparaîtrait pour une large part comme un jeu d’écriture entre les acteurs du jeu bancaire sans incidence majeure sur les comportements habituels des autres acteurs. Toutes les conditions préalables seraient respectées et il apparaît bien qu’il n’y aurait aucun risque inflationniste dans la mise en œuvre du « 100% Money » puisque la création de monnaie de base par la banque centrale serait immédiatement gelée par un taux de réserve de 100% de la part des CSM, ce qui revient à dire que la réforme ne conduirait à aucune variation de la masse monétaire en circulation. Par rapport à la récupération de la rente monétaire, il est intéressant de noter que celle-ci pourrait se faire totalement à la discrétion de la Banque Centrale (et donc de l’Etat) et pourrait commencer dès le lancement de la réforme. Il n’y aurait aucun besoin d’attendre la neutralisation de la dette publique, qui prendrait en tout état de cause du temps. Il suffirait de jouer sur les conditions du prêt aux banques pour progressivement mettre les conditions de ce prêt en ligne avec les conditions normales du marché, poussant ainsi les banques à son remboursement.

C. Estimation des ordres de grandeur : Quels sont les enjeux ?

Les quantités à estimer sont les suivantes : le montant d’actifs monétaires susceptibles d’être déplacé vers les CSM, d’où découle le montant du prêt à la banque Centrale et l’ampleur de la dette qu’il serait possible de neutraliser. Dès lors, une estimation de la rente monétaire à récupérer s’en déduira. Dans tous les cas, il ne s’agit que de fournir un cadre de réflexion et montrer l’importance de l’enjeu pour notre temps. La méthodologie est simple et intuitive et peut s’appliquer pareillement à tous les pays.

1. Les principes d’évaluation du transfert vers les CSM et du prêt à prévoir de la banque Centrale

En partant du tableau consolidé de la masse monétaire dans chaque pays, les liquidités sont analysées selon leur composantes en partant de la plus liquide: le dépôt à vue, jusqu’à la moins liquide, en passant par les SICAV monétaires. Pour chacune d’elles, il est attribué un intervalle probable de valeurs pour le coefficient de substituabilité à l’encaisse, suffisamment large pour nous ayons quelques chances que la vraie valeur se trouve quelque part dans cet intervalle. Il est possible d’avoir ainsi des équivalents-monnaie pour chaque composante et de les sommer pour disposer d’une estimation de ce que pourrait être une évaluation basse et haute de la quantité de monnaie dont on peut attendre un transfert vers les CSM. C’est un point capital puisqu’elle commande le prêt de la Banque Centrale et, in fine, le niveau de la dette publique qu’il serait possible de neutraliser à l’issue du processus. Une fois cette estimation réalisée, il suffit de la rapprocher de la dette publique, pour avoir un ordre de grandeur du pourcentage de la dette publique qui pourrait être neutralisé par une application de la réforme. Dès lors, avec ces éléments,  les deux grandeurs qui nous intéressent  peuvent être déterminées :

– L’importance des ressources budgétaires annuelles  liées à la création monétaire, en appliquant le taux de croissance annuel requis  (pour la masse monétaire estimée, soit  4.5%  (2.5% pour la croissance réelle, + 2% pour le taux de hausse des prix objectif),

– L’économie d’intérêt qu’il serait possible de réaliser si la dette publique était absorbée par la Banque Centrale, touchait les intérêts et les redonnait au budget de l’Etat sous forme de dividendes. Il suffit en première approximation de rapprocher les intérêts payés par le Trésor du pourcentage de la dette qui serait neutralisée.

En sommant les deux composantes, l’estimation des gains annuels de la réforme pour l’année de départ se dégage, sachant que la composante « seigneurage » (croissance annuelle de la masse monétaire) croit par définition à un rythme déterminé (4.5%).

2.Application au cas de la zone euro

Tous calculs faits , les gains résultant de la réforme monétaire pour la zone Euro se solderaient en régime de croisière, tous les ajustements réalisés par:
(1) un effacement au 2/3 de la dette publique (sur la base des chiffres 2007),
(2) des ressources budgétaires supplémentaires de l’ordre de € 400 mds soit environ 4.5 % du PIB de la zone euro

En première approximation, l’impôt sur le revenu pourrait être réduit de 50% à l’échelle européenne en régime de croisière, toutes choses égales par ailleurs.

Il ne s’agit pas de prendre ces chiffres au pied de la lettre, bien sûr. Mais, à notre sens, il donne une idée de ce qui est l’enjeu du débat sans compter tous les autres avantages de la réforme. Il ne s’agit pas d’un coup de magicien. Il s’agit tout simplement d’une récupération par la collectivité des gains de la création monétaire.

III – objections au « 100% money » et les réponses apportées.

Comme Phillips (1995) le remarquait, jamais aucun économiste n’a osé produire une réfutation en règle et globale du « 100% Money », soutenu par ailleurs, sous des formes diverses, par une kyrielle d’économistes parmi les plus grands (Ricardo, « Currency School », Walras, Von Mises, Hayek, Knight, Viner, Simons, Fisher, Machlup, Stiegler, Friedman, Allais, et, sous la forme du « Narrow Banking », Tobin et Minsky…).

Cependant, il y a bien sûr des objections et des interrogations qu’il est possible de regrouper en quatre classes.

A         Le soutien au système bancaire classique

* Les banques sont des générateurs de liquidités pour les agents économiques et des « absorbeurs de chocs (de liquidités)

Les auteurs oublient tout le contexte, c’est-à-dire l’instabilité du système à couverture fractionnaire, en négligeant l’origine des dépôts (création monétaire) et la différence épargne-encaisse. Par rapport à l’objection avancée, le « 100% Money » permettrait de faire face aux besoins imprévus de liquidité dans un système complètement sécurisé (les lignes de crédit continueraient à exister, mais elles seraient gérées différemment).

* Il y a asymétrie d’information entre les banques et les déposants, les clients concédant aux banques la sélection de « bonnes contreparties » en échange de la disposition de leurs dépôts

Outre l’absence de tout fondement historique, juridique ou psychologique en ce qui concerne ce traitement du contrat Banque-déposant dans le cas de la banque traditionnelle, il apparaît de manière évidente que l’argument traite plutôt de l’intermédiation financière en tant que telle et ne va nullement à l’encontre du « 100% Money » puisque les banques de financement, dans un tel système, assumeraient cette tâche dans un univers plus sécurisé.

* Les banques mobilisent des liquidités et créent de la monnaie, ce qui permet de financer « plus » d’investissements (actifs illiquides)

Argument couramment avancé, il repose sur le sophisme d’une mobilisation de « ressources » alors qu’il s’agit en réalité d’une création de « ressources » fictives par duplication d’encaisse, le déposant continuant de disposer de son encaisse en vue des transactions qu’il planifie. […]La création monétaire ne crée jamais rien en régime normal mais spolie toujours…

* Contraints par la masse de l’épargne courante, les crédits seraient plus difficiles à obtenir dans un système de « 100% money » par rapport à ce qu’il en est dans le système actuel

Argument également « classique », celui de l’insuffisance de l’épargne. Il n’est pas recevable pour plusieurs raisons, théoriques et pratiques :

(1) dire que la création peut compléter l’épargne est un non-sens économique pour les raisons évoquées plus haut,

(2) il y a une confusion permanente entre la masse de crédits accumulés qui vont continuer à « tourner » (remboursement-renouvellement) et qui sont, dans la transition (qui peut durer), complètement refinancés par le prêt de la BC (avant de l’être éventuellement par substitution de la dette privée à la dette publique), et les nouveaux crédits qui n’en représentent qu’une petite frange.

B.         Le système actuel ne peut-il être amendé afin d’éviter le traumatisme d’une réforme ?

Ces interrogations portent à la fois sur la politique monétaire et sur la politique règlementaire.

(1)Politique monétaire : Beaucoup d’erreurs ont été commises, mais est-il vraiment impossible de trouver un autre système que celui du « 100% Money » qui, lui, suppose la mise en place d’une règle stricte de contrôle de la masse monétaire ?

Le système bancaire à couverture fractionnaire est totalement impossible à contrôler par la politique monétaire comme l’a montré toute l’expérience historique : (1) avant-guerre : Crises de 1929 et 1937 ; (2) Après-guerre : arbitrage impossible entre inflation et chômage ; (3) dernières décennies : crises et « bulles » à répétition. Concernant les politiques monétaires « actives », il faut reconnaître l’impuissance générale à s’abstraire de « l’air du temps » et à anticiper correctement.

(2)Politique réglementaire : Après les systèmes « Bâle 1 » et « Bâle 2 », il devrait être possible de rendre ces systèmes plus sûrs en renforçant les exigences de capital, en limitant le coefficient de levier (rapport total actif/capital), en créant de super-instances de supervision et de contrôle…

Aucun système réglementaire ne peut remplir son rôle car

(1)l’impuissance de la politique monétaire lui enlève toute crédibilité puisque c’est elle qui pourrait combattre le risque systémique en contrôlant les déséquilibres économiques,

(2) ces systèmes sont par nature réactifs et rétrospectifs et, les acteurs  contrôlés jouant avec leurs règles , ils ne peuvent jamais anticiper les désordres à venir ;

(3) ils ont toujours des effets non prévus qui sont toujours pervers ;

(4) Pour tenter de pallier leur impuissance, ils ont tendance à proliférer et à devenir de plus en plus coûteux.

…Dans un système de « 100% Money », tous ces systèmes seraient pratiquement inutiles.

C.       Un système de « 100% Money » est-il réellement faisable dans le monde actuel ?

* Par rapport au système financier international, comment la réforme se positionne-t-elle ?

Il y a deux aspects à la réponse.

D’un côté, il nous parait  possible de dire qu’il ne devrait pas y avoir de problèmes majeurs.

(1)Liberté des mouvements de capitaux dans un régime de changes flottants,

(2) fonctionnement comme par le passé des marchés de fonds prêtables sur toute la gamme des maturités.

D’un autre côté, des scénarios sont à étudier, comme la possibilité de recréation « off shore » d’un système bancaire à couverture fractionnaire en euros, mais les hypothèses que nous pourrions envisager aujourd’hui ne nous permettent pas d’entrevoir comment un tel système, plus risqué par définition que le système « officiel » de la zone euro, pourrait être plus compétitif et se développer d’une manière autonome.

* Le système du « 100% Money » est-il antinomique de l’esprit d’innovation en matière de finance ?

En dehors des « innovations » visant à gommer les frontières entre l’encaisse et l’épargne et heurter ainsi, à la manière de « faux monnayeurs », les intérêts de la collectivité, tout est libre dans le système proposé

(1)pour les CSM, il s’agirait d’apporter aux clients les meilleures solutions en matière de « cash pooling », « cash management », tenue de compte, passage d’ordres, etc…

(2)Pour les autres Intermédiaires financiers et institutions, il n’y aurait aucune limite à l’imagination et toutes les techniques modernes de financement pourront être utilisées.

D.        Qu’apporte le nouveau système en matière de régulation ? N’a-t-il pas lui-même ses limites ?

Le nouveau système permettrait un contrôle total, au moins en première approximation, de la masse monétaire d’où une meilleure maîtrise de la conjoncture économique. Des questions se posent cependant.

* Les Etats ne pourraient-ils pas être tentés d’utiliser leur pouvoir pour faire marcher « la planche à billets » ?

Dans le « 100% Money » l’Etat récupèrerait les gains de la création monétaire mais pas le contrôle. Celui-ci serait confié à la Banque Centrale agissant sous un mandat impératif protégé par la Constitution.

* Toutes les fluctuations économiques pourraient-elles être maîtrisées ?

Les fluctuations de la demande de monnaie (vitesse de circulation) seraient toujours possibles, mais il y aurait deux effets stabilisateurs dans le « 100% Money » : (1) Aucune élasticité de la masse monétaire et rôle régulateur des taux d’intérêt, (2) coût des encaisses conduisant les agents économiques à conserver ce qui est strictement nécessaire pour leurs transactions (fonds de roulement)

* Qu’en est-il des mouvements boursiers ?

Ils seraient inévitables avec des emballements et des « déprimes » possibles, car la vitesse de circulation de l’argent investi en bourse est incontrôlable. Il y a cependant deux remarques importantes à formuler : (1) En l’absence de création monétaire, le « margin trading » ne pourrait être financé que sur les fonds disponibles et l’épargne courante, de telle sorte qu’un emballement spéculatif entraînerait immédiatement une montée des taux d’intérêt, (2) Les fluctuations violentes de la bourse n’ont que peu d’impact sur l’économie  si elles ne déstabilisent pas le système financier, ce qui serait le cas dans le « 100% Money ».

* Pourrait-il être possible d’agir directement sur les encaisses détenues par les agents pour contrer une vague de pessimisme ?

Il est effectivement possible de se demander si une « taxe spéciale » sur les encaisses pour financer un programme d’investissement ne serait pas susceptible dans ce cas de jouer un rôle positif. On aborde là un champ exploré par Silvio Gesell (1906) et, de manière allusive, par J.M Keynes (1936).

E.         La réforme proposée n’est-elle pas contradictoire avec le libéralisme et l’économie de marché ?

Une telle interrogation montre la régression qu’a connue la pensée économique au cours des deux ou trois dernières décennies. Elle a deux aspects.

* Est-ce une remise en cause du mouvement de dérégulation ?

Le secteur bancaire n’est pas une industrie comme les autres car son fonctionnement produit des « externalités » qui peuvent être dommageables pour les autres secteurs (Tobin, 1987, p. 179) et la création monétaire n’est pas un produit comme les autres car elle a un pouvoir déstabilisant et spoliateur. De plus, le système de paiements et l’intégrité du moyen d’échange sont des biens publics essentiels. Il est dès lors normal que la société dessine le système de paiement et de financement le plus sécurisé et le plus efficace possible tout en s’appropriant les gains de la création monétaire, ce mécanisme générateur par nature de « faux droits » sur la production. Il y a des dispositions législatives pour garantir les libertés, la sécurité et la santé publiques, la liberté du Commerce, les règles de la concurrence, etc… Le contrôle de la monnaie doit faire partie de cet arsenal de protection des intérêts des citoyens.

* Est-ce compatible avec les règles de fonctionnement d’une société libérale ?

Une seule réponse : tous les grands libéraux ont soutenu totalement un système de couverture intégrale des dépôts, soit par une encaisse métallique (Ricardo, Walras, Von Mises, Hayek, Rothbard…), soit par de la monnaie de base (Les économistes de Chicago, Currie, Fisher, Friedman, Allais…). Dans une société libérale, tous les secteurs doivent être libres sauf un : la production de monnaie. Sans ce contrôle, l’économie de marché secrète en elle-même les germes de son autodestruction.

CONCLUSION

A l’issue de cette revue de quelques projets, parmi bien d’autres, de restructuration du système bancaire, un enseignement apparaît avec clarté : Le système bancaire à couverture fractionnaire reste pour le bon fonctionnement de nos économies de marché un problème qu’il faut résoudre. […] La crise que nous venons de traverser apparaît comme un rappel aux réalités de nos économies et  aux expériences de l’histoire : problème majeur hier, le fonctionnement des banques est un problème aujourd’hui et, si rien n’est fait, il le sera demain car il repose sur une faiblesse qui est un vice fondamental et incurable, la confusion entre la monnaie et le crédit.

[…] les replâtrages sans avenir des structures branlantes du présent ne suffisent plus. Il faut trouver autre chose et peut-être que la solution est-elle de renouer avec cette tradition, illustrée par les plus grands économistes, qui a de tout temps dénoncé le caractère fondamentalement vicié du fonctionnement d’un système bancaire qui produit la monnaie dont nos économies ont besoin en émettant des crédits. Comme le soutient notre étude, toute véritable solution aux problèmes contemporains doit passer par la reconquête du Pouvoir Monétaire par la société, à travers une réforme radicale du système bancaire fondée sur la dissociation entre la monnaie et le crédit, autrement dit la réforme qui est restée dans l’histoire sous le nom du « 100% Money ».

Cette réforme permettrait d’atteindre, pour un coût finalement minimal, la plupart des objectifs auxquels il est possible d’aspirer aujourd’hui : meilleure régulation économique à travers un contrôle strict de la monnaie, plus grande efficacité dans l’allocation des ressources avec, donc, un impact positif sur la croissance à long terme ; capture par les Etats de la rente liée à la création monétaire ce qui permettrait de dégager des marges de manœuvre budgétaires très significatives.

Mais, peut-être, au-delà de tous ces bénéfices, une telle réforme pourrait devenir la pierre angulaire d’une nouvelle refondation du capitalisme, dont on parle beaucoup sans jamais être capable de lui donner un contenu réel. Au cours des deux dernières décennies, un esprit d’ « agiotage », pour reprendre l’expression si juste de Walras, s’est répandu comme une gangrène, avec pour principale source d’alimentation une création monétaire débridée à l’échelle mondiale. Même si d’autres réformes au niveau du fonctionnement des marchés capitaux sont aussi nécessaires, cette réforme serait une étape indispensable si on veut pouvoir changer l’état d’esprit régnant. En effet, en contrôlant la masse monétaire et en réservant ses gains au seul Etat, elle ferait cesser ce scandale de pouvoir « se servir sur le marché sans offrir ». Elle fermerait le robinet des « faux droits » et ouvrirait le champ libre aux véritables facteurs de richesses à long terme : L’épargne et l’initiative entrepreneuriale. […] Elle signerait le commencement de la fin pour les profiteurs de ce système né d’une fraude et qui a toujours été le cancer des économies de marché et des sociétés libérales : Le système bancaire à couverture fractionnaire.

___________________

Complément inséré le 4 mai 2011

PRÉCISIONS DE CHRISTIAN GOMEZ

Sur la substitution dette publique/dette privée

1) Lors de la mise en place de la réforme, les banques ont bien besoin de se procurer de la monnaie de base pour satisfaire à leurs nouvelles obligations de réserves (100%). Donc la Banque Centrale prête aux banques cette somme qui est donc égale aux nouvelles réserves obligatoires des banques ( prêt = monnaie de base requise = M )

2) Quand les banques vont rembourser ce prêt à la Banque Centrale, il va y avoir nécessairement une destruction de monnaie de base et donc, si rien est fait, une destruction de monnaie (c’est ce qu’il faut éviter), puisque dans le nouveau système M (masse monétaire) = monnaie de base

3) Pour recréer cette monnaie de base détruite par le remboursement du prêt aux banques, afin d’éviter une baisse de la Masse monétaire qui ne pourrait avoir que des effets défavorables, la Banque Centrale doit donc regonfler son bilan en prêtant à nouveau ou en achetant des actifs sur le marché , ces actifs pouvant être la dette publique existante: donc en faisant cela, pour maintenir la monnaie de base à son niveau initial, la BC va donc substituer au prêt fait aux banques un prêt fait à la puissance publique (en devenant le créancier de l’État, suite au rachat de la DETTE EXISTANTE).

CELA NE MARCHE QU’UNE FOIS…

A propos postjorion

Le blog d'André-Jacques Holbecq
Cet article a été publié dans Allais, Article invité, Banques, Compléments de "postjorion", Débat monétaire, Dette publique, Propositions. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

47 commentaires pour 67 – Christian Gomez : 100% money

  1. A-J Holbecq dit :

    Si vous voulez donner un lien sur cet article de Christian Gomez et que vous ne souhaitiez pas citer « posjorion » pour de quelconques raisons 😉 , vous pouvez donner l’un de ces deux:
    http://osonsallais.wordpress.com/2010/02/22/christian-gomez-100-money/
    http://monnaie.wikispaces.com/Proposition+C.+Gomez

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  2. NingúnOtro dit :

    Une chose qui m’a manqué… puisque on accepte que le « fractional reserve banking » à été une escroquerie et est incontrôlable, pourquoi est-ce que le mécanisme de transition accepte d’en consolider les résultats actuels au lieu de demander des dédommagements pour les dégâts causes par celui-ci en faveur surtout des anglo-saxons et en détriment de tous ceux qui se sont vus spoliées en voyant achetées leurs ressources par la monnaie de singe produite et leurs productions concurrencées par la production ainsi subventionné des premiers?

    Puisque ils ne vont jamais accepter l’addition… n’est il pas plus sage de laisser tout s’effondrer, pour repartir tous avec des matières premières, des mains et de l’intelligence, mais sans l’argent existant qui est l’accumulé de la spoliation?

    En abandonnant l’argent existant… ceux qui n’en ont pas ne perdent pas grand chose, et ceux qui en ont trop en perdent trop (ceux qui n’en ont pas s’en foutront).

    Autre chose… ceux qui ont échangé de l’argent liquide contre des actifs tangibles ces derniers mois… du moment qu’on conserve l’argent paieront avec cet argent de singe le maintien de leurs propriétés. Seulement si aucun argent ne vaut plus rien ils devront trouver quelque chose de plus équitable pour acheter la main d’ œuvre nécessaire pour le maintien de ces propriétés. C’est à dire les partager sur des bases saines ou voir comme elles sont saccages faute de pouvoir payer des gardes ou périment victimes des inclémences du temps.

    Plus j’y pense, et plus je viens à conclure que l’argent existant doit tout simplement être déclaré hors cours légal SANS contrepartie. Cela éliminerait d’un trait aussi tout celui qui restera introuvable dans les paradis fiscaux soient-ils des îles paradisiaques ou des comptes en banque suisses virtuelles. Et rétablirait la valeur de la ressource travail.

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    • Bruno Lemaire dit :

      Tout dépend de l’objectif.

      Si le but est de punir ceux qui se sont enrichis , voire goinfrés, sans cause, vous avez raison. Mais ils vont se défendre

      Si le but est de faire en sorte que le système nouveau soit plus juste et plus efficace, je pense que, si on croît au « 100% monnaie », la méthode proposée peut marcher.

      Donc: vengeance pour le passé, ou justice pour le futur, il faut peut-être choisir.

      Amicalement, Bruno.

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      • Oppossùm dit :

        NingunOtro, je m’associe à l’ami Bruno : « ils vont se défendre » …
        … sachant que ce ‘ils’ aura et a déjà bien des alliés

        D’ailleurs, ils n’ont même pas à se défendre en ce sens que beaucoup de belles idées (même les miennes parfois) se heurtent tout bêtement aux choses en places, et à nous même.

        Parce que certaines mesures provoqueraient dans un premier temps une telle pagaille , et à un coût économique tel que même les supposés bénéficiaires à long terme, n’en voudront même pas.
        Et de plus ce sont souvent des mesures qui mènent plutôt à de la répression et là aussi ça m’étonnerait , surtout en France où la notion d’interdit passe très mal, que cela soit accepté.

        Bref, le problème de la nécessaire ‘radicalité’ passe par un réalisme difficile à définir : et la crise est à la fois le symptôme et l’opportunité de changer un certain nombre de choses .

        MAIS le problème est que malgré son ampleur , à la limite , il n’y a pas assez de dézinguage pour provoquer un électrochoc réel. On dirait même que les tentatives de style keynésienne basées sur le « on ne peut pas laisser l’économie réelle , celle des vrais gens, se dégrader ainsi » , finalement permettent au système de mettre en place les mécanismes d’une mutation … qui préserve pas mal d’intérêt !
        !
        Faut-il alors souhaiter une politique du pire ?

        De plus , à trop vouloir pousser loin l’indignation , on finit par buter sur la réalité d’un niveau de vie global , en France et dans le monde occidental (malgré tout ce qui pourrait être amélioré à l’intérieur) qui est basé sur un partage extrêmement inégal avec le reste du monde (sans parler des dégâts culturels). Nos réformes se heurteront donc à cette contradiction , et à un moment donné, nous nous retrouveront donc à ‘penser’ dans un cadre égoïstement national ou de ‘grande zone régionale’.

        Mais je dérive un peu. En attendant cela, avec des idées claires , des alliances sans préjugés, à un moment précis, il y aura des occasions … d’améliorer quelques fondements en changeant quelques principes paradigmatiques assortis du minimum de réglementation indispensable.
        Bon, ce n’est qu’un avis … commentaires bienvenus !

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      • gdm dit :

        @Bruno Lemaire
        Vous avez raison de dire que ceux qui sont taxés se défendent. Leur défense est coûteuse pour eux et pour la société. Il en résulte un manque à gagner pour la société.

        Appliquons le raisonnement de l’équilibre général au coût de cette défense de ces contribuables taxés. Un tel raisonnement enseigne que ce coût pour la société sera égal au montant de l’impôt. Comme tous les raisonnements à l’équilibre, il s’agit d’une tendance et non pas d’une égalité nécessaire.

        Néanmoins, cette tendance montre que le coût social du prélèvement de l’impôt tend à être égal au montant de l’impôt lui-même. C’est une loi économique, dite « loi de la destruction totale ». Elle est purement théorique, mais incontestable en logique de l’équilibre économique.

        Une des manières du contribuable pour se défendre est de déménager de 500km. La richesse, les investissement et les dépenses du riche quittent alors la France. C’est très exactement ce qui se passe quantitativement en France pour les plus riches. Ainsi, pour les hauts revenus, cette loi de destruction totale est exacte.

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        • A-J Holbecq dit :

          Ahhhhh la fameuse « loi de la destruction totale »
          http://fr.liberpedia.org/Loi_de_Bitur-Camember
          issue elle même de préalables métaphysiques…
          🙂

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        • A-J Holbecq dit :

          @gdm
          Entre nous on se fiche pas mal que les plus riches quittent la France, c’est plus ennuyeux quand ce sont les plus compétents 😉

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        • gdm dit :

          @A-J Holbecq
          Les clients et les fournisseurs d’un citoyen profitent d’un citoyen. S’il est compétent, il vend son travail et son employeur en profite. S’il est riche, il dépense un peu et il investit beaucoup. Ses fournisseurs en profitent. Ses salariés en profitent. Et ainsi de suite dans la chaîne des échanges inter-personnels. A la louche, je dirai qu’un riche apporte plus qu’un salarié compétent à la société française.

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    • A-J Holbecq dit :

      Ça c’est la révolution assurée.:)
      Je pense qu’il vaut mieux suivre la proposition de Christian Gomez: il y a d’autres moyens de « punir » ceux qui se sont goinfrés, en particulier la suppression du « bouclier fiscal », une augmentation du taux de l’impôt sur le capital (en y incluant les actions) et la taxation forte de toutes les plus values

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  3. Cet article est très long mais il m’a intéressé car il est très documenté, je travaille dans la banque et je l’ai bien apprécié.

    Merci.

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  4. Bravo!!! Vraiment bravo!! C’est BON, c’est une vraie – dégustation -.

    Voici un écho MAJEUR de ce pourquoi les deux associations, auxquelles je participe avec des moyens très modestes, travaillent sans relâche, l’une depuis 13 ans, l’autre depuis 76 ans. Les qualités de l’auteur de cet article, article à classer comme une référence, une pierre blanche dans un océan de trompe l’œil, de chausse-trappes et de vide-bourses que constitue la « politique du crédit » (expression galvaudée qui veut tout dire et son contraire) et la « politique monétaire » des banques, véritable combinatoire absconse aux résultats sociaux et économiques calamiteux, parfaitement bien cernée ici par un très grand professionnel de la banque Christian GOMEZ.

    L’Association pour les Droits Économiques et Démocratiques A.D.E.D. qui préconise depuis le début le système à 100%-monnaie trouve ici une recension majeure des possibilités offertes par cette couverture monétaire à 100%. De même que les critiques du fonctionnement monétaire actuellement en pratique, et ce, pour les difficultés de tous et le malheur du plus grand nombre d’entre nous.

    De même, l’association historique du Mouvement des Créditistes du Canada,
    http://www.versdemain.org
    présente maintenant sur les cinq continents, fondée en 1934 (officiellement en 1939) par Louis EVEN (1885-1974), continuateur et développeur pugnace du Crédit Social (qu’on peut très bien nommer Argent Social c’est la même chose) découvert expérimentalement par le major Clifford Hugh DOUGLAS (1879-1952), ingénieur et économiste, qui fut directeur d’industries et dans les travaux publics en divers endroits du monde et qui fut un praticien de l’économie sur le terrain, ce qui fait que le Crédit-Social (alias Argent-Social) ne doit rien à la théorie sinon à la pratique. Dans le système du Crédit Social donc, c’est la couverture à 100%-monnaie qui est la base monétaire, le substrat sur lequel s’opère les mouvements et transactions. La question centrale des intérêts bancaires, de leurs modalités, comme de leur absence ou suppression, est en tout point compatible avec toutes les descriptions, propositions et critiques faites ici.
    Un très grand merci à Christian GOMEZ qui, par ses qualités professionnelles, vient d’apporter une lumière nette, élucidante et archi féconde sur la vérité monétaire, financière et bancaire dans son rôle sain et sécurisant pour tous.
    Encore MERCI Monsieur GOMEZ !!
    Renaud L a i l l i e r

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  5. Oppossùm dit :

    Question à AJ.H.

    « une couverture à 100% des dépôts de leurs clients, ceux-ci étant considérés comme des espèces à garder »

    Bref , elles se contentent d’être des porte-monnaie mort ? des structures tenant juste une compta ?

    C’est pour cela que Gomez se voit leur rajouter les activités annexes (« courtage (passage d’ordres sur les marchés), la distribution de produits financiers (investissement et assurances), voire des activités de conservation de titres ») ????

    Cordialement

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  6. Bankster dit :

    Heureusement qu’il (gomez) est là, debout et décidé !
    Ca fait du bien !

    1) 100% monnaie comme le préconise Allais/Gomez

    et

    2) abolition art104 M / 123 L

    Parce qu’un Etat doit pouvoir fonctionner sans banque. Indépendance légitime oblige.

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  7. RST dit :

    Texte tout à fait intéressant à bien des égards.
    Merci à AJH d’en avoir fait plus qu’un simple résumé mais une sorte de « traduction » plus intelligible pour le commun des mortels.
    Le passage le plus spectaculaire reste celui où l’on estime que la dette peut-être réduite aux 2/3 et les impôts réduits de 50 %. Il me semble qu’avec un tel programme même xxxxxxx pourrait être élu Président de la République !
    Il reste néanmoins, pour le profane que je suis, des zones d’ombres, notamment lié au processus de transition. Elles s’éclairciront, je l’espère, à la relecture.

    Un point de détail que j’ai relevé : compter sur la discrétion des banques pour assurer des services de proximité. Cela me parait tout à fait illusoire. Il faudra les contraindre.

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  8. RST dit :

    PS : Je l’ai signalé chez moi

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  9. A-J H dit :

    Important débat sur le blog de Peyrelevade. Je vous suggère particulièrement les réponses de Christian Gomez et spécialement la dernière, aujourd’hui à 17 h 26
    http://peyrelevade.blog.lemonde.fr/2010/09/08/critique-dun-prix-nobel/#comment-2428

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  10. A-J H dit :

    Copie de cette réponse de Christian Gomez

    NON, MAURICE ALLAIS ET LES PARTISANS DU „100% MONEY“ NE SE SONT PAS TROMPES!

    Bien que la forme blog me mette un peu mal à l’aise, je me sens obligé de répondre au fond à cette attaque en règle contre Maurice Allais car je crois qu’elle est injuste et, par dessus tout, erronée de bout en bout. Ceci dit, sans acrimonie aucune vis à vis de l’auteur (appelé ici JP par commodité et sans attenter aux règles de la courtoisie, de la politesse et du respect) que je remercie d’exprimer ses vues avec clarté pour qu’elles soient discutées, ce que je m’efforcerai de faire en tentant de maintenir le niveau de discussion.

    Je voudrais simplement dire en préambule que je partage avec JP une certaine prevention contre ceux qui utilisent Allais en pensant que ses vues autorisent tous les délires et vont permettre demain de “raser gratis” en imprimant du papier. Cela, je dois dire, est aux antipodes de la pensée du Maitre dont l’objectif a toujours été de faire fonctionner au mieux les économies de marché en corrigeant les désordres monétaires. Un point , c’est tout. Je me sens personnellement totalement dans cette ligne et ne veut rien avoir à faire avec les dérives “socialisantes” pour lesquels je n’ai aucune sympathie ni affinité.
    Ceci dit, voici quelles sont mes objections au papier de JP.

    • Erreur sur le projet

    L’objet de la réforme proposée est de faire financer le crédit par l’épargne (en dehors de toute création monétaire), d’améliorer l’efficacité économique ( en évitant les distorsions de taux d’intérêt liées à la création monétaire) et de redresser la répartition des revenus distordue par la création monétaire. Le papier de JP ne traite que du 3éme point (ce qui est son droit, mais n’est pas le plus important dans toute la littérature sur le sujet) et fait une erreur sur le principe même de la réforme en laissant croire que la réforme suppose que le crédit dépendra de la BC sans distinguer la période de transition du “régime de croisière”. La BC ne soutient les Banques de Financement que le jour 1 de la mise en oeuvre de la réforme. Au jour 2, elles se débrouillent toutes seules pour trouver des fonds prêtables sur le marché….

    • Du point de vue allaisien, il n’y a aucune erreur sur l’équilibrage des comptes des différentes institutions (Banque Centrale, banques de financement, banques de prêts que je préfère appeler les CSM, Compagnies de Services Monétaires).

    Pour la BC (Actif = prêt aux BF (transition) ou titres public (régime de croisière) contre Passif=comptes des CSM non rémunérés)  aucun problème. Pour les BFs, la situation ne sera pas différente des Organismes de Crédit non bancaires du type OSEO, Crédit Foncier, Cetelem, aujourd’hui…..  aucun problème. Pour les CSM, ce sont de simples companies de haute technologie vendant des services bancaires pour les dépôts qu’elles ont en garde (point important) et que leurs clients détiennent dans un but transactionnel ( il faut complètement changer la perspective par rapport à aujourd’hui, les CSM devant être vues comme les “shurgard” de la monnaie). Elles génèreront donc un chiffre d’affaires, d’autant plus que leur position leur permettra d’être des canaux de vente de premier ordre pour tout un ensemble de produits financiers, même pour des prêts (à condition qu’ils ne soient pas “bookés” dans leur bilan).

    • Le paralogisme du raisonnement propre à JP.

    JP part d’une autre hypothèse que celle de Maurice Allais: Il est impossible de faire payer les services bancaires à ceux qui les utilisent ( c’est très explicite dans son texte) et, à partir de là, il en tire les conséquences:

    – Il faut que les comptes des CSM à la BC soient rémunérés
    (appelés par lui très improprement “Réserves Obligatoires”, ce qui nous rappellent de vieux souvenirs, à JP et à moi, mais n’a plus rien à voir avec la question- il faut se méfier des faux amis);
    – L’actif de la BC doit donc dégager un rendement adéquat qu’assure dans la phase de transition le prêt BC aux BF et en régime de croisière les titres publics qui viennent en substitution à ces derniers;
    – Toute nouvelle avance au Trésor Public aura donc un coût pour ce dernier ( un rendement pour le prêteur) et il est illusoire de penser pouvoir disposer de financement à coût nul (“l’ânerie des altermondialistes, si je comprends bien- Altermondialistes que je ne lis jamais….).

    JP a le droit de prendre cette hypothèse et d’en tirer les consequences qu’il veut, mais il n’a pas le droit de dire que quelqu’un (M.A en l’occurence) se trompe parce qu’il fait un raisonnement en partant d’un autre point de vue qui se défend lui aussi dans une logique différente. D’autant plus que l’hypothèse de JP n’est pas aussi évidente qu’il le dit.

    • L’impossibilité de faire payer les services bancaires, une hypothèse hautement contestable et anti-économique.

    C’est une évidence pour JP selon lequel ““Sauf à faire payer ce coût par les déposants eux-mêmes, ce qui constituerait un intéressant transfert de charges que personne ne s’est jusqu’à présent risqué à recommander ou même à suggérer”. Elle rejoint un courant assez important dans la littérature selon lequel il faudrait en fait non seulement payer ce coût mais, en plus, rémunérer les dépôts à vue, le tout sur le dos de la collectivité, d’abord parce que les gens y sont habitués et, ensuite, pour éviter la fuite vers la quasi-monnaie que pourraient offrir les BFs (voir mon article). Pour moi, si le second aspect (“near monies”) est un vrai débat (cf mon article), les autres aspects sont datés et sans objet:

    – D’abord parce que les agents économiques paient déjà leurs services bancaires (tenue de compte, virements, cartes bancaires, Cash management / cash pooling pour les entreprises…) , ce qui n’était pas vrai du temps de JP et à mes débuts car les banques utilisaient cet argument pour attirer les dépôts chez elles ( faisant bénéficier ainsi les déposants d’une rémunération implicite résultant de la création monétaire).
    – Ensuite , parce qu’il est anti-économique et contraire aux conditions d’efficacité maximale d’une économie de marché de ne pas payer à leurs coûts réels les services rendus à ceux qui les utilisent et, ce, d’une manière explicite;
    – Enfin, dans la logique du système, il est capital de construire une frontière claire entre les actifs monétaires (détenus pour équilibrer les flux d’entrées et de sorties de fonds au cours du temps) et les actifs d’épargne (correspondant à un véritable engagement pour le futur). Si les agents économiques veulent réduire ces coûts d’encaisse, il faut qu’ils minimisent le rapport M/D (encaisse/dépenses) et placent un maximum dans des instruments d’épargne, ce qui est bien l’objectif recherché ( la notion d’épargne monétaire, que j’ai vu dans certaines contributions, est une notion hautement critiquable- voir mon article sur la monnaie)

    A un niveau plus avancé, je dirais qu’en instituant explicitement un coût des encaisses, on impose une espèce de taxe sur la thésaurisation, réalisant ainsi d’une manière élégante et réaliste( simple) un vieux rêve qui a traversé de nombreux courants économiques: de silvio Gesell à JM. Keynes…. De ce fait, la vitesse de circulation (inverse de l’encaisse désirée relative M/D) devrait devenir plus insensible aux taux d’intérêt et converger vers une valeur maximum (Vmax), dépendant uniquement des habitudes transactionnelles des économies considérées et de l’état de la technique (d’où une régulation facilitée de la conjoncture par l’intermédiaire de M).

    • Il y a une incompréhension de fond de la réforme car les BFs n’ont aucun rapport avec la BC dans le fonctionnement normal du système et dans l’offre de credit.

    Pour JP, il y aurait compétition entre le Trésor et les BFs dans l’allocation de la monnaie de base chaque année et, donc, dans l’alimentation de l’économie en liquidités. Non, le schema n’est pas celui-ci. Il faut le voir d’une autre manière:

    – L’injection de monnaie de base, égale par definition à l’accroissement de la masse monétaire (100% oblige), se fait dans la proposition Allais par le financement dépenses publiques ( boutade: “cela pourrait se faire en utilisant l’hélicoptère de Bernanke…”). A partir de ce moment, le schéma est:
    M–>D(dépenses)–> Revenu–>consommation +épargne–>emprunt (banques ou marché)/investissement

    – Les BFs répondent à la demande de credit en cherchant des ressources soit sous forme de dépôts d’épargne, soit sous forme de “debentures” plus facilement mobilisables par leurs détenteurs ( mais avec des pertes en capital possibles), sur toutes les échéances nécessaires. IL N’Y A PLUS DE CREATION MONETAIRE DANS LE PROCESSUS DE CREDIT.

    Ce point est d’autant plus important que son incompréhension conduit à une autre incompréhension concernant les taux d’intérêt:

    – Aujourd’hui, l’offre de monnaie interfère avec l’offre de fonds prêtables et distord les taux d’intérêt d’une manière totalement arbitraire, poussant à des décisions d’investissement sans lien avec les véritables préférences des agents en matière d’épargne ( voir sur ce point capital, les critiques des “autrichiens”, en particulier Mises et Hayek).
    – Dans le nouveau système, la fixation des taux d’intérêt devient monétairement „neutre“ (alors que dans l’interprétation de JP, ce n’est absolument pas le cas).

    • Finalement, une conception biaisée de la création monétaire

    JP apparait outré de cette création monétaire “ex nihilo” qui viendrait ainsi payer des dépenses publiques (dans une certain mesure car contrôlée par des règles constitutionnelles strictes). Mais, la création monétaire par les banques, avec un stylo ou du “thin air” (comme disent les anglo-saxons) ne lui crée pas la même répulsion en dépit de tous ses méfaits historiques, de l’invention de la banque au XVIème siècle jusqu’à la crise d’aujourd’hui). La raison en est que les méfaits liés à la création monétaire ne paraissent pas clairement perçus:

    – Toute création monétaire est une ponction indue sur la production, car celui qui en bénéficie peut prendre (sur la production) sans avoir au préalable offert l’équivalent (par d’autres produits fabriqués ou des services rendus). Pour bien comprendre ce point, il faut avoir en tête toute la thématique du “faux monnayeur” introduite par Murray Rothbard et amplifiée par Allais ( il n’y a pas de différence d’un point de vue économique entre une banque et un “faux monnayeur”)
    – L’idéal serait que la masse monétaire soit constante et que tous les ajustements au volume des transactions (croissance) se fassent par baisse du niveau des prix. C’est la position des “autrichiens” qui prônent aussi un “100%” mais un “100% OR” (voir Rothbard)
    – Comme le point précédent parait difficilement envisageable aujourd’hui (trop grande rigidité des prix et des salaires), des auteurs comme Allais acceptent une augmentation de la Masse monétaire selon un rythme déterminé (4.5%) mais en en réservant les bénéfices à la collectivité pour en atténuer le caractère nocif.

    ********************

    Voilà les points que je voulais évoquer en réponse aux critiques de JP, que je remercie encore d’offrir cet espace de discussion. Je m’aperçois que j’ai été bien long. Je m’en excuse. Je m’arrête donc là. Ceux qui sont intéressés par ces questions peuvent “downloader” mon article sur la réforme et trouver mon article sur la monnaie dans le bouquin (Maurice Allais et la Science Economique, aux editions Clément Juglar). Ils y trouveront toute la bibliographie nécessaire pour les approfondir.

    Merci de votre attention… et de votre patience
    Rédigé par : Christian Gomez | le 15 septembre 2010 à 17:26 | Alerter

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    • A-J H dit :

      J’ai eu un doute affreux (sur mes capacités intellectuelles 😉 )en lisant

       » Toute nouvelle avance au Trésor Public aura donc un coût pour ce dernier ( un rendement pour le prêteur) et il est illusoire de penser pouvoir disposer de financement à coût nul  »

      je lui ai donc posé la question suivante

      Nous sommes bien d’accord, je pense, qu’une avance au Trésor Public dans cette hypothèse est le fait de la Banque de France. Or (je sais que ce n’est pas le cas de toutes les Banques Centrales) la BdF est à 100% propriété de l’Etat français. Donc, si je ne me trompe pas, un coût pour le Trésor Public est une recette pour la BdF donc une recette qui annule le coût pour le trésor Public (si l’on prends l’exemple d’intérêts payés par le T.P., ils seraient « restitués » sous forme de dividendes ou d’impôts sur les bénéfices)… non ?.

      Ouf, sa réponse m’explique ce pour quoi je suis d’accord: les services bancaires ont un coût de gestion (payé par les déposants ou par la collectivité); c’est ce qu’il voulait signaler.

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      • Bruno Lemaire dit :

        « La société ne devrait donc pas être forcée de payer des intérêts perpétuels aux créateurs de l’argent. Elle paie tribut à des comptables qui ne font qu’enregistrer une valeur de production qui lui appartient, à elle, la société. »

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      • Bruno Lemaire dit :

        en complément:
        De plus, la société est forcée de payer ce tribut, non pas en produits qu’elle peut faire, mais en argent qu’elle ne fait pas.
        Le banquier exige, comme tribut, une chose que lui seul a le droit de faire. Le banquier seul fait l’argent. Or il
        ne fabrique que le capital, mais il demande de lui rapporter le capital qu’il a créé, plus l’intérêt qu’il n’a pas fait et que personne autre n’a le droit de faire.

        Magique (ou obscène, suivant les points de vue) …

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      • Bruno Lemaire dit :

        Monnaie de crédit et monnaie de dette.

        Nous sommes vraiment tous des nains, qui oublions de nous percher sur les épaules des géants qui nous ont précédé, par vanité, orgueil ou oubli.

        Comment peut-on encore nier que ce sont essentiellement les « dettes qui font les dépôts », quand on relit cela:

        Qu’on se débatte tant qu’on voudra, tant que la monnaie sortira de sa manufacture [les banques privées, B.L.]à l’état de dette envers le
        système bancaire, nous serons les esclaves du système bancaire. Colbourne remarque: «La perversion a envahi même notre vocabulaire. On dit qu’une banque vous
        octroie un crédit alors qu’elle ne fait rien de ce genre, c’est une dette qu’elle vous passe! »
        Voilà bien de quoi
        s’inquiéter: la presque totalité de notre monnaie est une monnaie de dette, créée par le système bancaire qui base cette dette sur les ressources du pays
        [si encore c’était le cas, ce serait un moindre mal, B.L.], sur sa capacité de production.

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        • Bruno Lemaire dit :

          en complément.

          Lire, relire et faire circuler: http://www.michaeljournal.org/Larkin_fr.pdf

          Bonne lecture, Bruno Lemaire

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        • gdm dit :

          @Bruno Lemaire
          La monnaie est créée en contrepartie de reconnaissance de dette. La valeur de chaque reconnaissance de dette est supérieure à la masse monétaire émise. Sinon, la banque ne prêterait pas. Les dettes ont de la valeur car chacune promet une production de valeur supérieure.

          Votre inquiétude est donc mal fondée. La dette correspond très précisément à la capacité d’une production de richesse égale ou supérieure.

          La seule dette inquiétante est celle d’un Etat qui augmente sa dette sans produire de richesse.

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        • gdm dit :

          @A-J Holbecq
          Votre résumé de l’article de Gomez sur le 100% money dit « Il s’agit tout simplement d’une récupération par la collectivité des gains de la création monétaire ».

          Il est facile d’évaluer le nombre de milliards d’euro récupérés par le 100% money. Il suffit de multiplier la masse monétaire en circulation par le futur taux directeur des prêts aux banques secondaires. Quel est ce nombre de milliards?

          Ensuite, dans le système actuel, selon cette théorie du 100% money, ces milliards augmentent indûment le bénéfice des banques secondaires. Il est possible alors de faire une évaluation du gain des banques secondaires induit par le prêt des monnaies secondaires.

          Il est prévisible qu’il existera une grande différence entre ces deux évaluations. Le gain de la banque commerciale sera bien supérieure aux prévision de gain d’une BC 100% money.

          A votre avis, d’où viendra cette grande différence? A mon avis, cette différence proviendra du savoir-faire de la banque commerciale qui sait créer de la valeur mieux qu’une Banque Centrale.

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        • A-J Holbecq dit :

          @gdm

          Vous confondez accroissement de la masse monétaire (« création monétaire ») et « stock » de la masse monétaire (masse monétaire existante, environ – de mémoire pour la France – 900 Md€ en M1 et 1900 Md€ en M3) .

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        • gdm dit :

          @A-J Holbecq
          Je parle de stock. Je ne parle pas d’accroissement. Ce qui est logique puisque ma question porte uniquement sur l’évaluation du gain de la Banque Centrale en 100% money.

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        • A-J Holbecq dit :

          @gdm
          Gomez est pourtant très clair

          […] En sommant les deux composantes, l’estimation des gains annuels de la réforme pour l’année de départ se dégage, sachant que la composante « seigneurage » (croissance annuelle de la masse monétaire) croit par définition à un rythme déterminé (4.5%).

          2.Application au cas de la zone euro

          Tous calculs faits , les gains résultant de la réforme monétaire pour la zone Euro se solderaient en régime de croisière, tous les ajustements réalisés par:
          (1) un effacement au 2/3 de la dette publique (sur la base des chiffres 2007),
          (2) des ressources budgétaires supplémentaires de l’ordre de € 400 mds soit environ 4.5 % du PIB de la zone euro

          .. oublions le « on shot » de la dette publique.
          Chaque année la masse monétaire croit dans cette hypothèse de 4,5% de 9000 Md€ (M3), soit 400 Md€ / an pour la zone euro , c’est à dire # 80 Md€ / an pour la France (même si dans les années passées le delta de création monétaire annuel par les banques commerciales a été plus proche de 10%. Si nous prenions ce chiffre, le gain de seigneuriage pour la France aurait été de # 160 Md€ par an entre 2002 et 2008 )

          Je ne vois pas de quels gains vous voulez parler pour la Banque Centrale: le gain est pour la collectivité qui ne devra pas payer d’intérêts sur l’émission monétaire des banques commerciales (les emprunteurs continueront d’en payer aux préteurs, mais il ne s’agit plus de création monétaire: seulement de transferts de monnaie existante)

          Manifestement vous n’avez pas tout à fait compris le système : lisez l’article complet téléchargeable en pdf.

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        • gdm dit :

          @A-J Holbecq
          J’ai mieux lu. Ainsi selon cette théorie, il existerait plusieurs sources de gain
          gain1=prêt aux banques secondaires
          gain2=prêt moins cher pour les emprunteurs non financiers
          gain3=augmentation de 4,5% de la masse monétaire au profit de l’Etat.
          gain4=effacement des 2/3 de la dette à la BC.
          ai-je bien compris cette théorie de Gomez?

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        • A-J Holbecq dit :

          @GDM
          3 et 4 sont justes
          1 et 2 : je pense qu’il vous faut relire l’article de Gomez et différents articles sur le 100% monnaie .. vous les trouvez sur http://osonsallais.wordpress.com/

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        • gdm dit :

          @A-J Holbecq
          ok pas de gain1, pas de de gain2. Donc, pas de prêts aux banques commerciales. Donc, pas de création monétaire hormis la création monétaire pour les dépenses de l’Etat. Cette création monétaire étant de 4,5% annuelle de la masse monétaire. J’ai bon?

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        • gdm dit :

          @A-J Holbecq
          Les gains de la Banque Centrale reviennent à l’Etat. Les intérêts versés par l’Etat à la BC reviennent ensuite à l’Etat. Vous voudriez que l’Etat cesse de payer des intérêts à la BC. Cette opération est neutre, donc inutile.

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        • A-J Holbecq dit :

          @Gdm:

          @A-J Holbecq
          ok pas de gain1, pas de de gain2. Donc, pas de prêts aux banques commerciales. Donc, pas de création monétaire hormis la création monétaire pour les dépenses de l’Etat. Cette création monétaire étant de 4,5% annuelle de la masse monétaire. J’ai bon?

          Oui, sauf que pour ma part je remplace Etat par le terme collectivité (l’Etat est une Administration qui redistribue tout.. dans ce cas l’Etat est le donneur d’ordre de l’utilisation collective de la monnaie créée… )

          @A-J Holbecq
          Les gains de la Banque Centrale reviennent à l’Etat. Les intérêts versés par l’Etat à la BC reviennent ensuite à l’Etat. Vous voudriez que l’Etat cesse de payer des intérêts à la BC. Cette opération est neutre, donc inutile.

          Dans le cadre 100% monnaie la BdF émets la monnaie nouvelle , point, sans ou avec « obligations », c’est sans importance si ce n’est comptable.

          Dans le cadre actuel, c’est tout à fait exact; il est inutile que l’Etat (nous) payons des intérêts à la BdF. Mais s’est aussi posée la question (programme Hulot) de savoir si la monétisation serait une dette envers la BdF ou un don de celle ci?
          Pour ma part je préfère ne pas trancher et donc parler « d’avances de trésorerie » de la BdF à la collectivité.

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        • gdm dit :

          @A-J Holbecq
          Le mot « Etat » est plus précis que « collectivité ».
          Je suis d’accord que la seule différence est comptable entre un prêt avec ou sans intérêt. De même, la filiale(100%) d’une société peut prêter avec ou sans intérêt à la société mère. Les deux formules sont fiscalement et comptablement autorisés.

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        • gdm dit :

          @A-J Holbecq
          L’utilisation du mot « Etat » est un constat juridique, objectif et incontestable. Chacun en sera d’accord. L’Etat existe. Il se définit de plusieurs manières juridiques non contradictoires.

          Mais votre remplacement du mot « Etat » par le mot « collectivité » est contestable. Il faut un lourd préjugé métaphysique pour soutenir que l’Etat s’identifierait à la « collectivité ». idem pour le « nous ». Vous pouvez le soutenir. Mais alors, il vous appartient de démontrer cette thèse. Et ce sera très difficile.

          D’une part il est impossible de définir juridiquement une « collectivité » de manière cohérente. Ensuite prétendre qu’un homme pourrait parler « au nom de » cette collectivité viole la loi de Condorcet et le théorème d’impossibilité de Arrow. Il est encore plus difficile de soutenir que le « nous » serait un terme équivalent à l’Etat.

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        • A-J Holbecq dit :

          @Gdm
          Vous confondez « Etat » avec « Gouvernement »

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        • gdm dit :

          @A-J Holbecq
          Un gouvernement change souvent. L’Etat perdure quelque soit le régime, quelque soit le gouvernement. Le gouvernement est un groupe d’hommes qui dirigent l’Etat. Un serviteur de l’Etat servira indifféremment chaque gouvernement successif, quel que soit sa couleur politique.

          L’Etat a un numéro de Siret. C’est une organisation juridique bien identifiée. On peut traîner l’Etat devant un tribunal pour un litige. Un Etat paye, perçoit de l’argent, est responsable devant un tribunal, s’exprime par la voix de son porte-parole. En ce sens, il est une personne morale. De même une société commerciale, ou une association, est une personne morale.

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  11. Je suis assez d’accord

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  12. Transformer le modèle monétaire de Maurice Allais

    L’analyse qui suit développe des propositions inspirées du modèle 100% monnaie qui permettraient de réévaluer le prix réel des dettes publiques et privées, de recapitaliser le système financier, de rétablir un équilibre des échanges internationaux et de stabiliser les monnaies et la croissance. Ce modèle financier reprend les trois rôles fondamentaux qui rendent la monnaie liquide sans fongibilité dans le crédit ou le capital. Ce modèle monétaire peut structurer un système de compensation internationale qui rende les zones monétaires politiquement indépendantes les unes des autres. Ainsi l’Union Européenne peut adopter son propre système de régulation monétaire et financière compatible avec n’importe quel choix politique des autres économies nationales.

    (source: PierreSartonDuJonchay.over-blog.com)

    Le 100% monnaie dans le non-système actuel

    Permettez-moi à partir d’une analyse du modèle de Maurice Allais et de votre proposition du 100% monnaie d’intégrer la monnaie dans une représentation qui définisse une transition de l’actuel désordre. En explicitant toutes les dimensions théoriques et pratiques de la monnaie, il est possible de décrire la monnaie en acte telle qu’elle se manifeste dans la crise actuelle et la monnaie en puissance telle qu’elle deviendra après les réformes. Des réformes qui doivent être mises en œuvre dès maintenant si l’on veut éviter une nouvelle phase de décomposition de la civilisation humaine comparable à celle qui a précédé la seconde guerre mondiale.

    L’apport innovant fondamental de Maurice Allais est d’identifier un minimum de trois rôles financiers distincts pour faire exister la monnaie. La non-distinction organique de ces rôles produit l’instabilité monétaire non gouvernable entre l’inflation et la déflation et la cyclicité de la croissance économique. Le Glass Steagall Act a échoué à stabiliser le dollar après la deuxième Guerre à cause d’une distinction entre la spéculation et le crédit qui n’intégrait pas la séparation entre création monétaire et crédit. Dès la guerre avant la réforme monétaire internationale de Bretton Woods, la spéculation a pu créer de la monnaie en jouant sur des opérations de hors-bilan avec les banques de crédit qui pouvaient ainsi accroître leurs emprunts auprès de la Réserve Fédérale.

    Maurice Allais réclame une distinction transparente dans le statut des opérateurs financiers entre l’activité de paiement-compensation par de la monnaie centrale et l’activité de crédit. L’interdiction faite aux banques de crédit d’ouvrir des comptes de dépôt à vue doit bloquer le financement des prêts par de la monnaie qui nourrit des dépôts à vue qui refinancent directement de nouveaux prêts. De même l’interposition des banques de crédit entre les banques d’affaire et les banques de monnaie doit interdire le financement des investissements ou des achats spéculatifs par des dépôts à vue. En vision statique de la monnaie, la séparation des activités discrimine le rôle d’anticipation des prix, du rôle de financement des prix à terme par l’épargne et du rôle de règlement comptant des transactions par la monnaie.

    Comptabilité financière idéologique

    La discrimination des décisions est essentielle pour éviter de déformer dans une même décision le prix à terme des investissements par l’intérêt au crédit et le prix du crédit par l’intérêt à la liquidité monétaire. Dans le système financier actuel, la rentabilité des investissements et l’équilibre des prix à terme sont déformés et donc illisibles à cause de la compensation à l’intérieur des mêmes bilans des décisions d’investissement et des décisions de crédit. De même l’adossement autorisé au sein d’un même opérateur des dépôts à vue à des portefeuilles d’investissement et des portefeuilles de crédit permet une création monétaire libre de toute régulation objective de la banque centrale et du régulateur du crédit.

    Sans la discrimination réclamée par Maurice Allais, les ratios de liquidité et de couverture des bilans financiers par les fonds propres sont inopérants. Quand une banque polyvalente manque nominalement de liquidité, elle revend ses engagements de crédit en les garantissant par des opérations de hors-bilan plus ou moins explicite. Ou bien encore elle vend des engagements de hors-bilan sur lesquels elle touche des primes de crédit qui font sa liquidité. Les mêmes opérations librement contractualisables permettent d’afficher ou de faire disparaître des fonds propres. La polyvalence financière à l’intérieur d’un même bilan bancaire offre de fait une totale liberté à l’opérateur financier de qualifier en risque, en crédit et en liquidité le prix dans les contrats.

    Tout contrat financier contenant une distribution de flux monétaires dans le temps à la fois partiellement certains et partiellement incertains offre à l’opérateur actif en même temps sur le présent et le futur, sur le certain et l’incertain, sur le prêt et l’emprunt de capter la valeur selon son seul intérêt propre. Les flux de hors-bilan simulent ou dissimulent l’incertain ; les flux de crédit simulent ou dissimulent les échéances certaines de monnaie ; et les opérations de capital financier, donc de prime de risque, simulent ou dissimulent l’anticipation financière de la rentabilité. L’opérateur financier polyvalent maîtrise unilatéralement l’affichage de la création monétaire en contrepartie de la valeur réelle qu’il achète, vend ou produit par lui-même.

    Révéler l’intention d’origine

    La norme financière et la comptabilité d’engagement contractuel ne suffisent pas à qualifier la nature monétaire d’un actif et d’un passif. Il faut connaître l’intérêt du gérant financier à rechercher la plus-value soit sur le prix à terme, soit sur la transformation dans le temps de l’épargne en crédit, soit encore sur le service de paiement entre acheteurs et vendeurs. Si le gérant financier n’est pas spécialisé sur l’un des trois rôles d’intermédiation de l’investissement, ou du crédit, ou de la compensation des paiements, il requalifie en permanence ses finalités pour s’assurer le prix de sa prestation et demeurer toujours solvable et rentable. La conséquence très visible de cette liberté est que la monnaie n’est pas crée pour anticiper l’équilibre des prix futurs, ni pour garantir la valeur de l’épargne ni pour assurer la liquidité présente des transactions mais pour garantir quoiqu’il arrive les plus-values bancaires et financières.

    La création monétaire est une dynamique d’anticipation réciproque du présent par le futur. Si la séparation des rôles peut permettre d’identifier qui anticipe quoi, elle ne prouve pas en soi le sens réel des intérêts pris par les intermédiaires financiers dans la réalisation des anticipations de liquidité, de crédit et de plus-value. Comment dissuade-t-on une banque d’investissement de faire crédit ou de créer de la monnaie sans le dire ? Une banque de crédit d’investir son propre crédit pour créer de la monnaie pour elle-même ? Une banque de compensation de prélever dans la liquidité de la monnaie pour capter l’intérêt du prêt ou de l’investissement ? La séparation nominale des activités doit être complétée par la ségrégation des actifs dans le temps entre leur liquidité, le crédit qu’ils génèrent et la plus-value qu’ils rapportent. Un même actif doit être évalué par l’investisseur pour la plus-value qu’il contient, par le prêteur pour le crédit qui finance sa production et par le dépositaire de la liquidité qui règle les échanges.

    Le modèle d’Allais et le 100% monnaie reposent sur une hypothèse de rationalité identifiée à l’origine des opérations financières. Chacun sait en soi-même que la détention d’encaisse de monnaie exprime un choix de non-choix. Le motif d’une encaisse est l’accumulation de pouvoir d’achat provenant du passé dont on souhaite conserver le prix sans en avoir défini ni l’objet, ni l’échéance futurs. L’utilité de la monnaie est bien de compter la puissance. C’est à dire de faire exister le prix avant l’acte qui réalise l’objet final de valeur dans l’espace et le temps. De même l’épargne non liquide est un prix dont le titulaire n’a fixé qu’une date potentielle de dépense à l’échéance d’un objet concrètement indéterminé. Et le titre d’investissement est un potentiel de plus-value dont la réalisation est confiée à un investisseur sur un objet et une échéance cédés par l’acheteur du titre contre une simple promesse assise sur la confiance rationalisée. Pour que l’hypothèse de rationalité financière soit vérifiable en effet, il faut constater la livraison de l’objet final de l’anticipation du prix.

    Intégrer le 100% monnaie dans la responsabilité libre

    L’analyse de la substituabilité monétaire des actifs financiers vise à modéliser le prix, l’échéance et la certitude de la valeur à terme des actifs en monnaie présente. Cette analyse reste probabiliste. Elle ne définit pas la réalité mais un modèle de réalité des possibles. Les agents économiques utilisent la monnaie pour rationaliser leurs décisions face à différents futurs possibles entre lesquels ils vont faire leur choix. La monnaie ne peut pas être un modèle présent exact des prix futurs mais seulement un modèle de génération future des prix. Il est impossible de tirer un modèle de la masse monétaire future effective à partir d’un moteur de rationalité financière. Le plan d’un moteur n’est pas le moteur qui fait avancer. Ce sont les décisions libres des agents économiques que personne ne peut connaître avant qu’elles soient prises qui fixeront la structure effective à terme de la masse monétaire. Supposer la rationalité des agents économiques n’infère pas l’équilibre futur de cette rationalité entre ses sujets autonomes.

    L’observation de l’économie financière réelle oblige à tenir pour théorique l’hypothèse de la rationalité humaine. Autrement dit, cette rationalité n’est pas d’une seule nature déterministe mais de trois : déterministe, logique et morale. Les sciences dures explorent le réel par la rationalité matérielle objective. Les sciences dites humaines explorent la réalité subjective par les concepts qu’elle contient et par les finalités qu’elle élabore. La science économique est morale et politique : elle ne peut pas élaborer de concepts déterministes sous peine d’être perpétuellement contredite par les faits ou bien de ne rien dire de la réalité objective. Le 100% monnaie s’inscrit bien dans une rationalité morale et politique mais ne contient pas en l’état de processus d’appréciation des finalités économiques qui donne le sens de la dynamique monétaire et financière. Il en résulte que le passage du système actuel au 100% monnaie demeure incertain dans sa logique et ses effets ; que le 100% monnaie ne tolère pas de système alternatif propre à une économie ouverte ; que le défaut d’unanimité mondiale sur sa pertinence interdit de fait sa mise en œuvre.

    Pour rendre le 100% monnaie immédiatement opérationnel en résolution de la faillite du système actuel, il faut lui ajouter une rationalité de la finalité économique libre. Le 100% monnaie doit informer les agents économiques libres des risques qu’ils assument en se mettant en dehors de sa logique. Il existe une solution : le 100% monnaie optionnel. Au lieu de modéliser a priori la structure décisionnelle de la masse monétaire, il convient de livrer aux agents économiques une méthodologie décisionnelle qui leur permette de vendre ou d’acheter le 100% monnaie ; et d’engager leur décision dans la logique du 100% monnaie qu’ils achètent librement. Cela revient à interfacer le 100% monnaie avec le non-système actuel où la monnaie, le crédit et le risque sont fongibles et non intelligibles.

    Un système produit par son utilisation

    La solution est un marché commun mondial d’option qui soit en lui-même une option. Pour créer l’option de marché, il faut utiliser une monnaie spécifique qui discrimine l’application du 100% monnaie de sa non-application. Les monnaies actuelles qui ne se convertissent pas au 100% monnaie doivent être convertibles sans destruction de valeur. La monnaie spécifiant le 100% monnaie doit être l’expression matérielle de la règle de marché dans les prix qu’elle exprime convertibles en n’importe quelle monnaie. En utilisant la ou les monnaies 100% monnaie pour régler, apprécier ou conserver la valeur, l’agent économique dois être ipso facto soumis aux règles qui font le 100% monnaie. En n’utilisant pas la monnaie 100% monnaie, l’agent économique exerce la liberté de s’exclure du système et de ses bénéfices.

    Le 100% monnaie optionnel génère son propre droit par le contrat à partir de n’importe quel système économique de monétisation d’un droit national. La règle unique fondamentale est la garantie de tout prix nominal par une prime réglée en unité monétaire 100% optée (UMCO). L’application libre de la règle 100% est rendue visible par la négociation transparente sur un marché délimité par l’utilisation exclusive de la nouvelle monnaie à l’intérieur de son marché. La transparence de marché repose sur l’identification visible de tout négociateur et de la responsabilité de tout objet négocié quant à la réalité livrable, au prix nominal et au prix réel à la livraison. Le marché UMCO a pour but de produire une évaluation rationnelle de tout actif y compris monétaire et juridique par la mise en œuvre de la règle du 100% monnaie. L’ensemble des opérateurs en UMCO est solidaire de l’application du 100% en étant systématiquement engagés sur la livraison d’un nominal ou sur la garantie du prix négocié du nominal.

    N’importe quel actif sous droit national peut être monétisé en UMCO à condition d’être préalablement déposé dans le marché. L’UMCO se définit alors comme unité de compte sous-jacente à n’importe quel prix négocié en nominal d’option d’un objet juridique déposé, réellement livrable. La réalisation du prix nominal en UMCO est totalement garantie par une livraison physique vérifiable d’un objet de droit. Si la livraison à terme en contrepartie du paiement du prix nominal n’est pas conforme à la promesse négociée, l’acheteur du réel est indemnisable par la prime d’option du prix. Tout acheteur de nominal au présent vendu à terme s’engage à livrer une réalité dans le futur. Tout vendeur de nominal au présent verse une prime à un vendeur de garantie de la réalité du prix par la livraison vérifiable dans le marché.

    Le marché commun d’option généralisée du prix

    Le marché délimité par l’UMCO permet d’engager des crédits et des paiements dans les monnaies actuelles quelle que soit la proximité au 100% monnaie des systèmes financiers sous-jacents. Les monnaies nationales, les paiements dans ces monnaies et le crédit des émetteurs nationaux de monnaie sont déposés comme objet de négociation en UMCO. La valeur des monnaies peut alors être cotée en 100% monnaie par la prime d’option de change en UMCO. Les paiements en monnaie nationale sont cotés par la parité à terme en UMCO. Les émetteurs nationaux de monnaie sont cotés par la prime de leurs options d’achat de crédit en UMCO. Le marché en UMCO est un moteur de liquidité du crédit par la négociation transparente de tous les objets sous-jacents à la monnaie.

    L’UMCO est émise par le marché à proportion des primes en cours et des nominaux vendus à terme. L’UMCO se crée à proportion des transactions à terme, se détruit par le règlement des livraisons. La variation du prix des primes détermine le volume et le prix des nouvelles transactions. L’intermédiaire de marché dépositaire du contrat est une banque de dépôt. Elle arbitre l’évaluation des litiges et le versement des indemnités sur les primes qui garantissent les prix. La compensation de marché ne porte donc pas seulement sur les paiements en UMCO, mais sur la régularité des livraisons et sur l’indemnisation des pertes nominales couvertes par les primes.

    La monétisation d’un actif en UMCO implique l’identification de son vendeur. Le vendeur paie à l’intermédiaire de marché qui va coter l’actif, une prime qui garantit la régularité juridique de l’exécution des transactions. A chaque négociation, l’intermédiaire confronte la totalité de l’offre à la totalité de la demande et exécute les paiements concomitamment aux livraisons. La banque de dépôt est banque de marché compensatrice des flux monétaires par les flux réels. La compensation centrale de tous les mouvements entre banques de marché a pour résultat d’indexer la masse des paiements en monnaie sur la réalité des flux de valeur ; d’indexer les encaisses UMCO sur le volume effectif des transactions en prix nominal rapporté à des primes.

    Une cause de création monétaire par rôle financier

    Les banques de marché UMCO (Compagnies de Services Monétaires dans le 100% monnaie) maîtrisent une seule des trois causes fondamentales de la création monétaire : la légalité objective des transactions. Les banques de crédit qui collectent l’épargne pour la recycler en prêt maîtrisent la cause temporelle de la création monétaire : elles adossent les échéances de l’épargne aux échéances du crédit. La compensation de l’épargne par le crédit génère le prix de la liquidité sur toute la courbe des taux selon l’équilibre des échéances entre prêts et emprunts. Tout crédit implique la vente de la prime de crédit de l’emprunteur. C’est la troisième cause fondamentale de création monétaire. La prime de crédit achetée par des investisseurs est intermédiée par les banques d’affaire ou d’investissement.

    Le moindre défaut d’un emprunteur est couvert par la prime de crédit enregistrée chez la banque de marché. L’intermédiaire de marché est dépositaire de l’identification de l’emprunteur, de ses comptes financiers et des contrats vendus à terme en sous-jacent du crédit. Le prêt d’une banque de crédit donne lieu à l’émission d’un certificat d’investissement. L’intermédiaire du crédit émet de la monnaie au nom de l’emprunteur à hauteur du prix de vente à terme de l’objet du crédit. La monnaie d’un crédit UMCO ne peut pas être livrée sans l’achat à terme effectif de l’objet du crédit déposé dans une banque de marché. Le certificat d’investissement est adossé à un dépôt à vue au nom de l’emprunteur dans la banque de marché. Les banques de crédit se refinancent par la vente de dépôts à terme et de titres de créances émis à leur nom par les banques de marché qui en restent dépositaires.

    Une banque de crédit est une chambre de compensation des prix à terme dont tous les actifs et passifs sont déposés dans des banques de marché. Le risque de compensation induit par le décalage résiduel entre échéances prêtées et échéances empruntées est couvert par le capital de la banque de crédit. Le capital coté est entièrement vendu à des investisseurs par les banques d’affaire dédiées exclusivement à l’anticipation de la rentabilité des investissements. Le capital est coté dans les banques de marché dépositaires des certificats d’investissement et de dépôt de la banque de crédit. La banque de marché est dépositaire de la comptabilité du crédit couverte par les titres de capital de l’intermédiaire du crédit.

    Rationalité monétaire de marché régulé

    La banque de marché émet pour tout objet négociable à terme une option sur le prix, une option sur le crédit des vendeurs, une option sur le capital des vendeurs, qu’ils soient opérateurs financiers ou opérateurs réels engagés dans la livraison du physique. Toutes les options sont cotées à proportion de la position de prix nominal sous-jacente à l’ensemble des contrats en cours sur un même objet. Les primes non acquises par des investisseurs sont impérativement achetées par des banques d’investissement. Dès qu’une prime en cours affiche un prix négatif, les positions acheteuses de la prime subissent un appel de marge au profit des positions vendeuses susceptibles d’être appelées en garantie sur le nominal.

    Si la position nette d’une prime ne peut pas être compensée entre ses acheteurs et ses vendeurs, alors les banques d’investissement garantes des acheteurs deviennent propriétaire du prix de vente du nominal. Elles se couvrent en achetant le sous-jacent à terme ou en vendant le nominal selon le volume qu’elles croient effectivement négociable à terme. Toute l’évaluation du risque de réalité, de légalité, de disponibilité de la couverture du prix à terme se fait par l’intermédiation des banques de marché qui compensent l’offre et la demande de prime et font des appels de marge sur les positions primaires. Comme les vendeurs de prime s’adossent aux vendeurs du nominal, la variation du prix des primes crée une négociation entre les vendeurs de la réalité livrable et leurs garants. L’ajustement réciproque de l’offre à la demande à terme du nominal provoque l’ajustement du prix à la réalité probable.

    Les banques d’investissement couvrent systématiquement en dernier ressort la compensation des primes. Le prix de la réalité présente en réalité à terme est la troisième cause de création monétaire après la liquidité et la temporalité financière. La positivité du risque exprime la création à terme de valeur dans le prix non négatif de la prime de tout nominal. Dès qu’une prime se rapproche du prix nul, l’intermédiaire d’investissement fait pression sur le vendeur de la prime propriétaire du nominal dont il garantit le crédit pour réduire les emprunts : soit en vendant des actifs réels soit en augmentant la productivité pour un même volume de vente.

    Réalisation de l’unité monétaire 100% optée

    L’investissement en UMCO est soit l’achat de prime de garantie soit la production de réel ; soit la garantie des crédits existant en adossement de la création monétaire soit la production de contrepartie réelle à la masse monétaire. La cotation des primes sur le marché informe tous les opérateurs de la nécessité d’ajuster l’équilibre réel de l’offre et de la demande ou bien le prix en monnaie de l’objet sous-jacent. L’affectation univoque des causes de création monétaire entre le marché, le crédit et l’investissement adresse une demande de monnaie au compensateur central de la liquidité qui offre la monnaie. Les primes d’option élevées indiquent un risque important sur un nominal ou un prix de vente à terme trop bas. Les primes d’option faibles indiquent un risque faible sur le prix nominal de marché ou un prix du sous-jacent trop élevé.

    La banque centrale régule les prix en vendant les nominaux trop élevés et en achetant les sous-jacents dont la demande est quantitativement sous-estimée. La création monétaire en UMCO n’est pas ex nihilo mais bien adossée à une estimation réelle par le marché du besoin de transaction. Tous les motifs de transaction sont pris en compte non pas de manière abstraite par des modèles figés a priori mais par l’observation des anticipations engagées des agents économiques. La modélisation de la structure monétaire est dynamique et partagée en UMCO. Les décisions-mêmes des agents économiques visibles et engagés sur le marché sont les arguments constamment réactualisés de la valeur de l’UMCO. 100% monnaie signifie alors 100% liquide, certain et exigible nominalement et réellement, au présent et au futur entre 100% des agents économiques représentés dans le marché.

    Le marché moteur de l’UMCO est un régulateur de capital au service de la sûreté du crédit dont la liquidité est l’étalon monétaire universel. L’UMCO peut être simplement ajoutée au système financier actuel non régulable. Elle cristallise la régulation du 100% monnaie et en extrait la liquidité contenue dans l’équilibre systémique. Il suffit que des États et des institutions financières s’engagent dans un contrat international de fondation et d’animation du marché UMCO. Les États mettent à disposition de la société de l’UMCO leur système judiciaire afin de connaître et arbitrer tous les litiges d’application du contrat social multinational. Ils s’enregistrent comme déposant de leur monnaie nationale et de leur dette publique.

    Compensation monétaire mondiale généralisée

    Les institutions financières de toute nationalité engagées dans la fondation de l’UMCO acceptent de dupliquer leurs activités actuelles en activités équivalentes séparées d’investissement, de crédit et de dépôt en UMCO. Les actionnaires non financiers des institutions actuelles deviennent actionnaires des nouvelles activités en UMCO. Les nouveaux intermédiaires d’investissement en UMCO achètent le capital de la banque centrale qui fournit la liquidité à la chambre de compensation centrale de marché. Les États fondateurs sont contractuellement actionnaires de la banque de supervision de l’UMCO. La supervision du contrôle du système 100% monnaie a un prix et des bénéfices financiers par l’achat et la vente d’options de capital de tous les intermédiaires financiers UMCO.

    La première compensation générale du marché UMCO marque le début des cotations et des règlements en UMCO. Les premières opérations concernent la vente des primes de crédit en UMCO des États fondateurs, la vente des nominaux de dette publique et l’achat à terme du remboursement des dettes publiques en monnaie de l’État émetteur. La première compensation UMCO produit par conséquent le prix de la liquidité en UMCO, les parités et les primes de change des monnaies vendues en UMCO. Tous les opérateurs engagés en UMCO connaissent alors leur prime de capital, le prix de leur capital, leur prime de crédit à proportion de leurs emprunts en UMCO et leur prime de change en 100% monnaie à proportion de leurs emprunts en monnaie nationale.

    Les États dont les ressources fiscales sont en monnaie nationale ont la possibilité de transformer leur système financier afin de réduire leur prime de change. Le marché UMCO produit le prix réel de toute réserve de change quelle que soit la nature des actifs sous-jacents. La garantie de crédit couverte par le marché UMCO offre une sécurité absolue aux dépôts à vue et à terme de toute nationalité d’origine. L’épargne en UMCO offre une réserve internationale de liquidité d’autant moins chère aux emprunteurs nationaux que leur prime de change et de crédit est faible.

    Équilibre monétaire dynamique rationalisé par le temps

    Le 100% monnaie optée produit un équilibre général dynamique de la création monétaire sur l’anticipation du réel. Chaque anticipation produit un modèle d’objet de la structure à terme de la monnaie. L’agrégation dans un même marché de tous les objets financiers anticipe la structure de l’unité monétaire utilisée dans ce marché. La structure nominale anticipée de la monnaie est couverte par le prix de la valeur réelle présente investie dans les primes. L’obligation de couverture de toute anticipation de prix subordonne en temps réel l’émission monétaire nominale à un équilibre engagé du possible et de l’incertain, du crédit et du capital. La monnaie est une transformation perpétuellement ajustable du crédit en capital effectivement disponible et du capital en crédit effectivement couvert par le capital de réalité possible anticipée.

    Le 100% monnaie optée ne supprime pas la transformation financière mais l’ordonne par la distinction organique des responsabilités de transformation : dépôt, crédit, investissement. L’ordre financier du 100% monnaie optée n’est pas seulement une loi statique mais une régulation permanente de la réalité discriminée par la décision des agents économiques et financiers. Ce système intègre la faillibilité de l’État de droit à anticiper la réalité et réguler les décisions humaines. États de droit, agents de la responsabilité publique et agents économiques sont solidarisés par le cadre commun du marché où la réalité objective se pèse par la rationalité assumée de l’engagement de la personne humaine. Le seigneuriage est la prime publique de couverture du risque systémique allouée à la protection juridique de la responsabilité humaine personnelle.

    Pierre Sarton du Jonchay, lundi 7 mars 2011.

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